La Chine menace de faire main basse sur l’hydrogène vert mondial

15/01/2023 mis à jour: 03:51
AFP
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Bis repetita ? Dans les années 2000, Pékin est devenu le leader mondial des panneaux solaires, notamment en s’appropriant les technologies d’acteurs européens comme l’espagnol Gamesa et en cassant les prix. Le scénario semble se répéter aujourd’hui avec un autre levier de la transition énergétique : l’hydrogène dit «vert», c’est-à-dire fabriqué en utilisant de l’électricité issue de sources renouvelables.

Pour le produire, la technique la plus répandue consiste à le puiser dans l’eau en alimentant un électrolyseur avec de l’électricité «verte» –issue de l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique. Un courant électrique permet ensuite de décomposer les molécules d’eau, constituées de deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène (H2O) en molécules de dioxygène (O2) et du précieux dihydrogène (H2).

Selon Bloomberg, la Chine fabrique déjà 40% des électrolyseurs sur Terre, dont la production mondiale devrait être multipliée par 91 (!) d’ici à 2030 pour répondre à la demande en hydrogène vert. Par rapport aux appareils fabriqués en Europe ou aux États-Unis, les chinois sont moins performants mais coûtent, en moyenne, quatre fois moins cher, alors que le secteur est bien moins subventionné par Pékin que ne l’a été le solaire et s’aventure peu hors de ses frontières pour l’instant. Conscients de la menace, les États-Unis ont prévu des subsides conséquents pour leurs champions de l’hydrogène dans leur Inflation Reduction Act voté à l’automne. Occupée à dénoncer ledit texte, taxé de protectionniste, l’Union européenne peine quant à elle à se mettre d’accord sur les critères définissant un hydrogène «vert», ce qui préoccupe les acteurs locaux du secteur.

Sans être irréversible, la dépendance de la transition énergétique envers Pékin apparaît de toute façon généralisée. Ainsi, à eux deux, les constructeurs chinois CATL et BYD contrôlent la moitié du marché mondial des batteries pour voitures électriques. L’hydrogène peut soit être brûlé sans émission de gaz à effet de serre (GES) –par exemple pour remplacer le charbon dans les hauts fourneaux et ainsi décarboner la très polluante l’industrie de l’acier–, soit alimenter une pile à combustible qui permettra de produire de l’électricité. En cela, il constitue un moyen de stocker et de déplacer l’électricité issue de sources renouvelables, ou bas carbone comme le nucléaire –on l’affuble alors du mignon sobriquet d’hydrogène «rose». Néanmoins, la majorité de l’hydrogène produit dans le monde est aujourd’hui «gris» ou «bleu» (le second si une solution de capture du carbone est mise en place), c’est-à-dire produit à partir de méthane via un procédé émettant des GES, le vaporeformage, pour le plus grand bonheur des entreprises et pays producteurs d’énergies fossiles.

Par ailleurs, le transport et le stockage de l’hydrogène se révèle complexe en raison de ses propriétés corrosives pour certains matériaux, sachant que les fuites d’hydrogène dans l’atmosphère aggravent le dérèglement climatique.

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