La Chine mystérieuse serait-elle insaisissable pour l'Occident qui la redoute et ne sait comment s'y prendre pour atténuer, un tant soit peu, son influence grandissante. Pourquoi ? Parce qu’à chaque fois et depuis longtemps, quand il s'agit de traiter de la question chinoise, les Occidentaux retombent inévitablement dans leurs fausses interprétations, nées de références, tout occidentales, avec ce péché mignon de regarder les autres dans leur propre miroir et en imposant leurs propres critères. Dès lors, il est impossible de pénétrer cet univers complexe avec des schémas dépassés, par des préjugés éculés, des idées nouvelles portées par des générations en phase avec les technologies et les médias nouveaux. Grande puissance, qui possède la bombe atomique, la Chine n'est pas seulement celle qui fascine, mais supposée celle qui fait peur et qui menace de submerger l'économie mondiale ! On a toujours voulu percer les secrets de cette civilisation et de son histoire constituées pendant des millénaires dans un univers culturel, aussi différent que, (toujours) opaque, pour le reste du monde. «La réalité n'y est pas saisie, comme en Occident, par les pinces d'une rationalité, qui découpe et immobilise, mais comme un processus fluide de relations permanentes telles celles du yin et du yang, du visible et de l'invisible, du fait et du symbole, du devant et du derrière le rideau, avait écrit un sinologue français». C'est tout cet univers complexe qui est aujourd'hui sous les projecteurs, américains et européens, pour tenter de mieux le comprendre. Même si à Pékin, où le pouvoir en place ne s'est jamais senti, aussi fort avec un taux de croissance de 5, pour 2023, malgré, les ratés du zéro Covid. Il reste que Marx, porté aux nues, il y a un temps, ne pèse plus lourd devant le sage Confucius et que la prise en compte des phénomènes de culture peuvent supplanter les rapports économiques. La Chine actuelle, si elle parait redoutable, c'est qu'elle affiche, sans complexe, son ambition d'être une grande puissance économique et politique mondiale, capable de défier et de supplanter l'hégémonie de l'Occident à qui elle fait peur. Mais il n'est pas le seul à se poser des questions, ses voisins asiatiques, dont l'Inde, redoutent aussi ce dragon. C'est pourquoi, la politique d'ouverture de la Chine vise graduellement une intégration au monde global, depuis pratiquement la fin de la guerre froide, notamment après la chute du Mur de Berlin en 1989. Cette politique inquiète surtout ceux qui lui contestent de marcher sur leurs plates bandes et menacer leurs précaires en Afrique et ailleurs. Devenue globale, transnationale et transétatique par ses diasporas, ses touristes, ses investisseurs économiques, à tout-va, partout, la Chine est mondialisée et suscite des craintes par sa culture historique à la fois ancienne et moderne, héritée de la mémoire collective d'une domination imposée en Asie orientale par la formation d'une aire confucéenne, dans les temps anciens. La mue s'est faite sans accrocs. Pékin fait désormais son marché dans une Europe en déclin qui n'hésite pas à délocaliser ses entreprises dans l'Empire du Milieu ! La Chine est entrée de plain-pied dans l'univers occidental, qui manifestait déjà une peur, en 1895, sentant le danger d'être phagocité par l'Asie, en mouvement exponentiel. Cette peur, on lui a donné le vocable de «péril jaune». Le rapprochement des Chinois avec notre continent a commencé à se dessiner, après l'indépendance du Ghana en 1954, sous l'impulsion de Nkruma qui a contribué à l'avènement de la conférence de Bandoeng en 1955 (23 pays d'Asie et 6 d'Afrique, réunis pour parler d'indépendance et non-alignement sur les deux blocs) qui a abouti au premier acte d'amitié entre l'Afrique et la Chine. L'Algérie, par le biais du FLN, était représentée notamment par Hocine Ait Ahmed, et Lakhdar Brahimi, représentant du FLN, en Asie, basé à Djakarta). Près de sept décennies plus tard, la Chine défie les Etats-Unis dans presque tous les domaines. Et au-delà, conçoit la fameuse «route de la soie», un projet pharaonique évalué à a quelque 1000 milliards de dollars. Une espèce de ceinture commerciale, qui relie la Chine à l'Europe, en intégrant l'Asie centrale avec un embranchement par l'Océan indien ers l'Afrique de l'Est (Kenya). La peur du péril jaune refait bel et bien surface. L'intéressant ouvrage de Godement et Vasselier traduit bien ce sentiment. A Cannes, forcément, une star doit faire attendre son public. Le président chinoiS HU Jintao a respecté à la lettre cette coutume festivalière, lors du sommet G 20 (3 /4 nov 2011) sur la Croisette. «Sauveur de la croissance mondiale», la vedette d'extrême orient a fait patienter son hôte Sarkozy, dix minutes sur le perron du Palais des festivals, sans dire mot. Pourtant, si on se réfère à l'histoire et à ce proverbe confucéen «qui se met en scène, pour parader, ne luit point», enseignait le sage Lao Tseu. Apparemment, Jin Tao ne s'est pas référé à son illustre aïeul sur les chemins du taoisme. Il a plutôt emprunté les voies du Zouchiqu, qui veut dire l'esprit de conquête !! A méditer…