La Chine affiche un objectif prudent de croissance à l'ouverture du Parlement

05/03/2023 mis à jour: 00:28
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La Chine a dévoilé dimanche un objectif de croissance d'«environ 5%» pour 2023, à l'ouverture de sa session parlementaire annuelle, qui doit offrir un inédit troisième mandat présidentiel à Xi Jinping. Après trois ans de ralentissement dû aux restrictions anti-Covid, «l'économie chinoise connaît une reprise solide», a souligné le rapport du Premier ministre sortant, Li Keqiang, présenté aux près de 3000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP). C'est toutefois l'un des objectifs les plus faibles depuis des décennies.

En 2022, le PIB chinois avait augmenté de seulement 3%, une hausse parmi les plus faibles en 40 ans, sur fond de ralentissement économique, d'épidémie de Covid-19, de confinements et d'une crise dans l'immobilier. «Le développement économique de la Chine s'est heurté à de multiples facteurs inattendus, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger, comme l'épidémie», a reconnu dimanche Li Keqiang. Mais «sous la forte direction du Comité central du Parti, nous avons efficacement coordonné la prévention et le contrôle des épidémies et le développement économique et social», a-t-il ajouté.

Politique «zéro Covid»

L'objectif pour 2023 est dévoilé à l'ouverture d'une session parlementaire de neuf jours qui décidera la reconduction, pour cinq ans, de Xi Jinping à la tête de l'État en tant que président. Il avait déjà été confirmé dans ses fonctions de chef du Parti en octobre. Comme chaque année, peu de surprises sont attendues de cet événement soigneusement orchestré, lors duquel les milliers d'hommes et femmes politiques de différentes provinces se rendent à Pékin pour voter sans opposition ou presque des textes déjà pré-approuvés par le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

Mais le dirigeant de 69 ans a, depuis, rencontré quelques écueils, avec des manifestations fin novembre contre sa politique «zéro Covid» puis une vague de morts consécutive à l'abandon de cette stratégie sanitaire décriée. Ces sujets sensibles ne seront probablement pas abordés lors de cette session parlementaire où Li Qiang, un proche de Xi Jinping et ex-chef du PCC à Shanghai, devrait par ailleurs être désigné comme le nouveau Premier ministre.

La sécurité a été renforcée à Pékin ces derniers jours en prévision de l'événement, avec des contrôles à l'entrée de la capitale et des agents de sécurité présents au bord des rues ainsi que près des ponts. Malgré l'épisode zéro Covid qui a écorné son image, Xi Jinping garde une position «assez forte» au sommet du Parti, ce qui le rend pratiquement intouchable, observe Alfred Muluan Wu, professeur à l'université nationale de Singapour.

Défis sécuritaires complexes

Pour Steve Tsang, de l'institut SOAS China à l'Université de Londres, Xi Jinping a l'occasion durant cette session parlementaire de vanter sa gestion du mécontentement populaire de fin novembre. «Il a agi de manière décisive quand, lors des manifestations, il y a eu des appels à son départ et à celui du PCC. Il les a étouffées et a supprimé le motif» de colère, déclare-t-il à l'AFP. Donc «il peut se présenter comme un meneur, plutôt que comme quelqu'un poussé à réagir», souligne-t-il.

Le budget de la Défense sera également annoncé dimanche par le gouvernement. Sa hausse ne fait aucun doute, mais le niveau de cette croissance sera scruté par les pays de la région et les États-Unis. «L'augmentation des dépenses de défense est nécessaire pour répondre aux défis complexes en matière de sécurité, elle est également nécessaire (à la Chine) pour remplir ses obligations de grand pays», a justifié samedi lors d'une conférence de presse Wang Chao, le porte-parole de l'ANP.

Les députés discuteront également de plusieurs dossiers économiques et sociaux, allant du renforcement de l'éducation sexuelle dans les écoles à la relance de la natalité, en passant par le harcèlement en ligne.

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