L’incertitude est encore élevée dans le secteur financier», affirme depuis Pékin la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Geogrieva. Intervenant lors du forum sur le développement de la Chine, la cheffe du FMI appelle à rester vigilant face à cette incertitude, en notant que «les risques pour l’instabilité financière ont augmenté».
La crise dite bancaire a éclaté le 10 mars avec la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), mettant en péril d’autres établissements financiers, dont certains ont aussi déclaré faillite, à l’instar de la newyorkaise Signature Bank alors que la First Republic peine à voir le bout du tunnel.
En Europe, les Banques centrales ont ouvert les vannes aux liquidités face au vent de panique provoqué par la crise outre-Atlantique, mais le Credit Suisse a cédé aux turbulences et a été racheté par son concurrent UBS, sous la supervision des autorités suisses.
Ces dernières, et par la voix de la ministre des Finances, ont pourtant vite fait de regretter cette transaction dont les conséquences économiques s’avèrent périlleuses pour leur pays.
Les marchés boursiers continuent de valser sous les effets de la crise bancaire, alors que les mesures de soutien mises en branle pour aider les banques ne sont pas encore parvenues à rassurer entièrement les investisseurs. Le relèvement par la Réserve fédérale américaine de ses taux d’intérêt, malgré les réticences exprimées par les experts financiers, n’a pas manqué de faire réagir le marché boursier en cédant à la volatilité. «Les décideurs politiques ont pris des mesures décisives en réponse aux risques pesant sur la stabilité financière…
Ces mesures ont dans une certaine mesure atténué les tensions sur les marchés, mais l’incertitude est élevée, ce qui souligne la nécessité de rester vigilant», soutient Georgieva. Le ton de la responsable du FMI tranche avec les propos rassurants sur la résilience du système bancaire, tenus tour à tour par la présidente de la Banque centrale européenne BCE, Christine Lagarde, par le président français et le chancelier allemand. Le président américain a lui aussi misé sur la pertinence du système bancaire tout en reconnaissant «qu’il faudrait un peu de temps pour que les choses se calment».
Outre son commentaire sur la crise bancaire, Georgieva a salué «la forte contribution que la Chine apportera à la croissance mondiale en 2023». Dans ses prévisions pour l’année, le FMI prédit une hausse de 5,2% du PIB en Chine, grâce à la progressive normalisation de l’activité après la levée des restrictions anti-Covid en décembre dans ce pays.
«Ce rebond vigoureux signifie que la Chine devrait représenter environ un tiers de la croissance mondiale en 2023, ce qui donnera un coup de fouet bienvenu à l’économie mondiale», a souligné la directrice générale du FMI, et ce, tout en appelant les autorités chinoises à rééquilibrer l’économie vers la consommation. «Augmenter la productivité et rééquilibrer l’économie en délaissant l’investissement au profit d’une croissance davantage axée sur la consommation est une méthode plus durable, moins dépendante de l’endettement et contribuera à relever les défis climatiques», défend-elle.