La campagne de vaccination débutera demain à Ghaza : Des «pauses humanitaires» pour lutter contre la polio

31/08/2024 mis à jour: 20:23
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Les enfants palestiniens sont menacés par les épidémies - Photo : D. R.

Cela fait des mois que les négociations patinent sans parvenir à l’ombre d’un cessez-le-feu. Et voilà que le spectre de la poliomyélite oblige l’armée israélienne à observer de courtes trêves, à la demande de l’OMS, afin de permettre de mener une campagne de vaccination à Ghaza qui va débuter demain. Même ponctuelles, ces pauses humanitaires sont plus que bienvenues pour des Ghazaouis au bout du rouleau.

Ce 1er septembre sera lancée une large campagne de vaccination contre la polio dans la bande de Ghaza au profit des enfants de moins de dix ans», a indiqué hier le ministre palestinien de la Santé, Majed Abou Ramadan. Dans un communiqué relayé par l’agence Wafa, M. Abou Ramadan a détaillé le planning de l’opération de vaccination.

Celle-ci se déroulera en plusieurs étapes, a-t-il expliqué, chacune d’une durée de trois jours. Du 1er au 4 septembre, elle aura lieu à Deir Al Balah, du 5 au 8 septembre à Khan Younès et du 9 au 12 septembre dans la ville de Ghaza ainsi que dans le nord de l’enclave.

La même source a précisé qu’à chaque étape seront déplacés la chaîne de froid et les équipements y afférents. A noter que cette campagne sera menée en coordination avec l’OMS, l’Unicef et l’UNRWA. Elle concerne potentiellement 640 000 enfants, selon l’Organisation mondiale de la santé.

L’OMS a négocié, au préalable avec Israël, une trêve humanitaire partielle pour pouvoir mener cette campagne de vaccination. «Les autorités israéliennes ont accepté une série de ''pauses humanitaires'' de trois journées chacune, dans le centre, le sud et le nord de Ghaza», affirme le service de presse de l’ONU, avant d’ajouter : «Ces pauses dureraient de huit à neuf heures par jour et impliqueraient près de 2200 travailleurs sanitaires des agences des Nations unies et du ministère de la Santé de Ghaza.»

«Sans pauses humanitaires, la campagne, qui est déjà mise en œuvre dans des conditions très contraignantes et très difficiles, ne pourra pas être menée à bien», a souligné, lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, le Dr Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS pour les Territoires palestiniens occupés, et qui s’exprimait depuis Ghaza.

Quand la polio impose enfin une trêve

En raison notamment des routes endommagées et de la population déplacée, «l’ONU pourrait avoir besoin d’un jour supplémentaire pour chaque zone, et l’accord prévoit que la pause humanitaire – attendue chaque jour entre le petit matin et le début de l’après-midi – soit alors prolongée», précise ONU-Info en citant l’OMS.

«La couverture vaccinale sera contrôlée tout au long de la campagne et il a été convenu que la vaccination serait prolongée d’une journée si nécessaire», a expliqué le Dr Peeperkorn en réitérant l’appel de l’ONU à un cessez-le-feu. Intervenant lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Palestine occupée, Michael Ryan, directeur général adjoint de l’OMS, a déclaré : «Nous soulignons l’importance pour toutes les parties de respecter les engagements» concernant ces pauses humanitaires, rapporte l’AFP.

«Une couverture d’au moins 90% est nécessaire lors de chaque phase de la campagne pour arrêter l’épidémie et empêcher une propagation internationale», a-t-il insisté.

Le numéro 2 de l’OMS a affirmé en outre que l’occupant sioniste s’est «engagé à suspendre les ordres d’évacuation pour la mise en place des deux phases de la campagne». Il a ajouté que 1,26 million de doses du vaccin nOPV2 (qui consiste en l’administration orale de deux gouttes) étaient déjà arrivées à Ghaza et que 400 000 autres doses étaient attendues «bientôt».

Le Dr Mike Ryan a précisé que «plus de 2180 agents de santé et agents de proximité ont été formés pour administrer les vaccins et informer les communautés sur la campagne». «Leur sécurité doit être garantie», a-t-il réclamé. Le Hamas a dit «soutenir cette trêve humanitaire», d’après l’AFP.

Et l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU, Robert Wood, a déclaré de son côté : «Il est vital que la campagne soit menée sans délai», appelant Israël à «assurer des périodes de calme», à «s’abstenir d’opérations militaires» et à «éviter de nouveaux ordres d'évacuation», rapporte l’agence française.

L’ONU avait réclamé des pauses humanitaires de sept jours pour chacune des deux vagues de vaccination pour administrer le vaccin. La deuxième dose doit être administrée quatre semaines après la première, préconise l’OMS.

Le virus a été détecté dans des échantillons d’eaux usées

Si elle salue «l’engagement préliminaire en faveur de pauses humanitaires spécifiques à certaines zones au cours de la campagne», l’Organisation mondiale de la santé appelle solennellement toutes les parties à «interrompre les combats pour permettre aux enfants et aux familles d’accéder en toute sécurité aux établissements de santé».

Cela permettrait également «aux agents de proximité d’atteindre les enfants qui ne peuvent pas accéder aux établissements de santé pour les vacciner contre la polio», observe Onu-Info. Après 25 ans d’absence dans le territoire palestinien, «le premier cas de polio a été confirmé récemment à Ghaza sur un bébé de dix mois à Deir Al Balah, après la détection du poliovirus dans des échantillons d’eaux usées collectés fin juin à Khan Younès et Deir Al Balah», révèle l’ONU.

Pour le moment, un seul cas a été diagnostiqué en Palestine : il s’agit d’un bébé de dix mois. Il s’appelle Abdourrahmane Abou El Jadiane, d’après Al Jazeera. Il est né en septembre 2023, un mois avant le déclenchement de la guerre contre Ghaza. Sa famille est originaire du nord de Ghaza.

Elle a dû migrer vers Deir Al Balah en quête de sécurité. «Menace largement répandue voici encore une quarantaine d’années, la poliomyélite – qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles – a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins», indique l’AFP.

Et de préciser : «Une autre forme de poliovirus peut se propager: celle qui a muté à partir de la source contenue à l’origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C’est ce poliovirus dérivé d’une souche vaccinale qui a été retrouvé à Ghaza.» 
 

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