La Banque Mondiale alerte sur les effets de l’intensification du conflit au Moyen-Orient : «La bataille de l’inflation n’est pas encore gagnée»

28/04/2024 mis à jour: 10:56
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Siège de la Banque mondiale à Washington

Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale (BM) estime que l’intensification du conflit au Moyen-Orient «pourrait raviver les pressions inflationnistes dans le monde». Le document de la BM, livré jeudi dernier, souligne que même si «les cours mondiaux des produits de base se stabilisent après la forte chute qui avait été enregistrée en 2023 et qui a joué un rôle dans le recul de l’inflation globale, les banques centrales pourraient avoir plus de mal à baisser rapidement leurs taux directeurs». 

Ledit rapport intitulé «CommodityMarkets Outlook» estime que la menace pesant sur le Moyen-Orient avec des risques d’embrasement du conflit, pourrait inverser la tendance désinflationniste observée au cours des deux dernières années. Pour rappel, entre «la mi-2022 et mi-2023, les cours mondiaux des produits de base avaient chuté de près de 40%, cette décrue des prix contribuant fortement à la réduction d’environ 2 points de pourcentage de l’inflation mondiale». 

En excluant une recrudescence des tensions géopolitiques, les prévisions de la Banque mondiale tablent sur une baisse de 3% des prix mondiaux des produits de base en 2024 et de 4% en 2025. Cependant, cette tendance baissière ne suffira pas à juguler l’inflation qui «dans la plupart des pays reste supérieure aux cibles des banques centrales, avec des prix des produits de base se maintenant à un niveau d’environ 38% plus élevé que celui enregistré en moyenne au cours des cinq années précédant la pandémie de Covid-19», indique la même source. Selon Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la BM, «la bataille de l’inflation n’est pas encore gagnée». 

Ceci en expliquant que l’un des principaux moteurs de la désinflation, à savoir la chute des cours des produits de base, a atteint ses limites. Cela veut dire que «les taux d’intérêt pourraient rester plus élevés que prévu cette année et l’année prochaine», indique le rapport. Ce dernier place le monde dans une situation de «vulnérabilité» en craignant qu’un choc énergétique majeur «pourrait saper une grande partie des progrès réalisés ces deux dernières années dans la réduction de l’inflation». 
 

Hausse de l’inflation mondiale

La Banque mondiale, qui s’attend à une moyenne du prix du Brent pour l’année 2024 de l’ordre de 84 dollars le baril et de 79 dollars en 2025, prévoit, dans le cas d’une intensification du conflit au Moyen-Orient, un baril de Brent à 92 dollars en moyenne annuelle en 2024 et de 100 dollars si les perturbations seront plus graves.

 «Ce scénario conduirait à une hausse de près d’un point de pourcentage de l’inflation mondiale en 2024.» «On voit émerger une divergence frappante entre croissance et prix des produits de base : malgré une croissance mondiale relativement plus faible, les prix des produits de base resteront très probablement plus élevés en 2024-25 qu’au cours des cinq années précédant la pandémie de Covid-19», estime AyhanKose, économiste en chef adjoint de la BM. 

Les banques centrales doivent rester vigilantes, note le même rapport, en prenant en compte les répercussions inflationnistes induites par de possibles flambées des prix des produits de base dans un contexte de tensions géopolitique élevées. Outre le pétrole, les risques géopolitiques auront un impact sur les prix de l’or qui devrait atteindre un niveau record en 2024. 

Les prix du gaz naturel, des engrais et des denrées alimentaires se hisseront également à des niveaux élevés, précise le rapport de la BM en rappelant que 20% du commerce mondiale de gaz naturel liquéfié transitent par le détroit d’Ormuz. Dans le cas où l’embrasement n’aurait pas lieu, la BM tablera sur un léger fléchissement de moins 6% des prix des denrées alimentaires pour l’année 2024, alors que les prix des engrais devraient baisser de 22%. 

Ceci, et de noter que les matières premières entrant dans la fabrication des nouvelles technologies, notamment celles indispensables à la transition énergétique et les véhicules électriques, connaîtront des hausses importantes, à l’instar des cours du cuivre qui ont atteint en avril leur plus haut niveau depuis deux ans et devraient baisser plus tard de 5% en 2024. 

Les prix de l’aluminium devraient également progresser de 2% en 2024, tirés par la fabrication de véhicules électriques, de panneaux solaires et d’autres infrastructures d’énergie renouvelable. 
 

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