Le président kényan William Ruto s’est dit prêt à «une conversation» avec des milliers de jeunes manifestants qui se sont rassemblés dans tout le pays la semaine dernière contre un projet de nouvelles taxes, a affirmé la présidence hier, rapporte l’AFP. Malgré deux morts annoncées par des défenseurs des droits humains, W. Ruto a également salué dimanche le pacifisme des jeunes.
«Je suis très fier de nos jeunes... ils se sont affirmés de façon pacifique et je veux leur dire que nous allons discuter avec eux», a-t-il dit lors d’un service religieux dans la ville de Nyahururu, à plus de 150 kilomètres au nord de Nairobi. «Nous aurons une conversation avec vous pour identifier vos problèmes et travailler ensemble en tant que nation», a assuré W. Ruto dans une déclaration partagée sur X par le porte-parole présidentiel, Hussein Mohamed.
Les jeunes manifestants ont pris de court le gouvernement, au moment où le mécontentement s’accentue au sujet des politiques économiques de W. Ruto. «Nos jeunes se sont mis en avant pour débattre des affaires du pays. Ils ont effectué leur devoir démocratique, pour s’affirmer et être reconnus», a ajouté W. Ruto dans ses premiers commentaires publics sur le mouvement. Un peu plus tard, un des organisateurs du mouvement de protestation, Hanifa Adan, a rétorqué que le président «doit répondre publiquement» aux demandes des jeunes manifestants. «S’il veut vraiment le dialogue, il doit répondre publiquement à notre lettre de demandes», a-t-il indiqué accusant la police d’avoir «brutalisé» des milliers de manifestants.
Deux personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées lors d’une manifestation jeudi dans la capitale, Nairobi, selon des défenseurs des droits. Les manifestations ont été largement pacifiques, mais la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau dans l’espoir de disperser les manifestants près du parlement.
Selon un responsable de la Commission des droits humains du Kenya, Evans Kiratu, 21 ans, a été «touché par une cartouche de gaz lacrymogène» avant de mourir à l’hôpital. Un autre homme de 29 ans a été admis dans un hôpital de Nairobi jeudi à 19H00 (16H00 GMT) «inconscient avec une blessure à la cuisse», avant de «succomber» à ses blessures, selon un rapport de police.
Plusieurs ONG, dont Amnesty International Kenya, ont affirmé qu’au moins 200 personnes avaient été blessées lors des manifestations de jeudi à Nairobi.
Les rassemblements ont commencé mardi à Nairobi avant de se répandre à l’ensemble du pays. Un appel national à la grève a été lancé pour le 25 juin.
L’administration du président Ruto a défendu son projet de nouvelles taxes, qu’elle juge nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté. Le Kenya, l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale. Un tiers de ses 51,5 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté.