Kenya : La police tire des gaz lacrymogènes contre les manifestants

17/07/2024 mis à jour: 20:12
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La police kényane a tiré hier des gaz lacrymogènes contre des petits groupes de manifestants réunis dans le centre-ville de la capitale Nairobi pour demander la démission du Président William Ruto, rapporte l’AFP.

Des manifestants issus de la génération Z (jeunes nés après 1997) ont lancé, il y a un mois, des manifestations pacifiques contre le projet de budget 2024-25 du gouvernement, impopulaire car prévoyant des hausses d’impôts qui, selon les manifestants, frapperont de plein fouet des classes populaires qui subissent déjà une inflation élevée. 

Les manifestations ont tourné à l’émeute le 25 juin lorsque des manifestants ont pénétré dans l’enceinte du Parlement. La police a alors tiré à balles réelles, faisant plusieurs dizaines de morts. Au lendemain de cette journée qui a viré au chaos, le Président Ruto a annoncé le retrait du projet de budget. La semaine dernière, il a également limogé la quasi-totalité de son gouvernement. 

Mais ces décisions ne suffisent pas pour des dizaines de manifestants qui se sont réunis à Nairobi avec le mot d’ordre «Ruto must go» (Ruto doit partir). La police a plus tôt mardi affirmé avoir «reçu des renseignements crédibles indiquant que certains groupes criminels organisés envisageaient d’infiltrer, de perturber et de déstabiliser le caractère pacifique des manifestations, ce qui pourrait potentiellement mettre en danger la sécurité des manifestants». 

Des rassemblements ont également eu lieu dans plusieurs autres villes de ce pays d’Afrique de l’Est, selon des médias locaux. La police a été critiquée par des organisations de défense des droits humains pour son usage disproportionné de la force, et avoir tiré à balles réelles sur des manifestants. Depuis le début des manifestations le 18 juin, au moins 50 personnes ont été tuées, a affirmé hier la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), organe officiel mais indépendant. 

Par ailleurs, la Fondation Ford a démenti hier «financer» ou «parrainer» les récentes manifestations antigouvernementales ayant secoué le Kenya, au lendemain des déclarations du Président W. Ruto qui a accusé cette organisation basée aux Etats-Unis de favoriser «l'anarchie». «Ceux qui sponsorisent le chaos dans la république du Kenya, honte à eux car ils sponsorisent la violence contre notre nation démocratique», a accusé lundi dans un discours le président kényan, avant de poursuivre : «Je veux demander aux gens de la Fondation Ford, cet argent qu’ils donnent pour soutenir la violence, comment vont-ils en bénéficier ?». 

«Tout en reconnaissant le droit des Kényans de plaider pacifiquement en faveur d’un pays juste et équitable, nous rejetons toute action ou discours haineux ou prônant la violence contre toute institution, individu ou communauté», a réagi hier, auprès de l’AFP, la Fondation Ford. «Nous ne finançons ni ne parrainons les récentes manifestations contre le projet de loi de finances et avons une politique strictement non partisane pour toutes nos subventions», a-t-elle poursuivi. 

L’organisation, créée en 1936 par Edsel Ford, le fils de Henry Ford, fondateur de la Ford Motor Company, intervient dans le monde entier et a pour but de défendre la justice sociale et les valeurs démocratiques. Elle a attribué des subventions à divers groupes kényans de défense des droits humains ces dernières décennies.

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