Dans cet entretien, Karima Hamdane, enseignante de bibliothéconomie à la faculté des sciences humaines et sociales de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, précise que le système d’archivage électronique (SAE) simplifie et rend plus efficace la gestion d’informations, tout en sécurisant et préservant l’intégrité des ressources documentaires à long terme.
La même universitaire explique, en outre, que la numérisation a révolutionné le domaine de la recherche documentaire dans la mesure où, a-t-elle souligné, les missions de l’archiviste sont devenues plus complexes. Mme Hamdane estime que la maîtrise des technologies modernes est inéluctable pour gérer efficacement les archives numériques. La même enseignante ajoute également que les bibliothèques universitaires doivent être dotées d’équipements technologiques modernes pour stocker, gérer et diffuser les ressources numériques.
- Vous avez organisé, dans votre université, une journée d’étude sur les dispositifs d’accès à l’information scientifique, technique et archivistique. Parlez-nous un peu de l’objectif de cette rencontre ?
Le principal objectif de la journée d’étude organisée par notre équipe de recherche «PRFU», le 23 mai dernier, à l’auditorium du campus de Tamda relevant de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, est d’engager, dans un cadre académique, un débat sur un thème très intéressant. Il s›agit, notamment, des dispositifs d’accès à l›information scientifique, technique et archivistique. L’occasion était, en outre, d’en faire une évaluation et parler des perspectives de développement.
Durant la présentation des communications, le président du comité scientifique de cette rencontre, le docteur Hakim Benoumelghar, a bel et bien souligné, d’ailleurs, l’importance et la qualité de ces dispositifs pour les chercheurs afin de mener à bien leurs recherches documentaires. Cela étant, les débats qui s’en sont suivis étaient riches et variés, puisque les enseignants, les étudiants et les professionnels, qui ont pris part à ce rendez-vous, ont mis l’accent, dans leurs interventions, sur des éléments susceptibles d’apporter un éclairage à la thématique abordée.
- L’archivistique est une profession très ancienne. Comment voyez-vous les missions de l’archiviste à l’ère de la numérisation ?
Les missions de l’archiviste ont évolué, à l’ère de la numérisation, pour inclure la gestion des archives électroniques et numériques. Donc, aujourd’hui, les archivistes doivent être en mesure de maîtriser les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les outils logiciels nécessaires pour bien assurer leurs tâches même si leurs missions traditionnelles, comme la collecte, le classement, la conservation et la communication des archives, restent toujours importantes. Cependant, avec l’avènement des archives numériques, ils sont tenus de maîtriser la préservation à long terme des documents électroniques et de garantir leur accessibilité.
Les archivistes doivent aussi veiller sur la sécurité informatique et la protection des données personnelles. C’est pour cela qu’il est important, voire nécessaire, de garantir que le stockage des archives numériques est fait en toute sécurité et que seules les personnes autorisées y ont accès. En somme, les missions de l’archiviste sont devenues plus complexes, mais tout aussi importantes qu’avant, puisque la maîtrise des technologies modernes est inéluctable pour gérer efficacement les archives numériques, tout en préservant leurs intégrité, traçabilité, pérennité et réversibilité, à long terme.
Face aux innovations technologiques, la gestion électronique des documents (GED) met principalement en œuvre des systèmes d›acquisition, d›indexation, de classement, de stockage d›information, d›accès (navigation et recherche) et de diffusion. Il s’agit, en effet, de la création, traitement, conservation et utilisation de contenus documentaires jusqu’à l’archivage. Une fois numérisés, ces documents peuvent être retrouvés très facilement. Ainsi, le SAE (Système d›archivage électronique) simplifie et rend plus efficace la gestion d›informations tout en sécurisant l›intégrité des ressources documentaires pour des raisons légales, patrimoniales, historiques, scientifiques…
- Quelles sont, selon vous, les difficultés que rencontrent les chercheurs dans l’accès à l’information archivistique ?
Les difficultés que rencontrent les chercheurs dans l’accès à l’information archivistique peuvent varier en fonction de plusieurs facteurs : les archives peuvent être dispersées dans différents endroits, ce qui peut rendre difficile leur localisation et leur accès. De plus, certaines archives peuvent être inaccessibles en raison de restrictions d’accès ou de confidentialité. Dans sa communication, à l’occasion de la journée que nous avons organisée dans notre faculté, à Tizi Ouzou, le Dr Achour Sellal, enseignant à l’université d’Alger 2, a évoqué les dispositifs d’accès à l’information archivistique, tout en mettant en avant l’aspect juridique et administratif. Je veux préciser, en outre, que même la description des outils de recherche archivistique peut être incomplète ou inexacte, ce qui peut rendre ainsi difficile la recherche d›informations spécifiques en raison généralement des systèmes de classification qui peuvent être complexes pour les utilisateurs qui ne sont pas habitués à ce genre de recherches. Le manque de ressources pour numériser et mettre en ligne des collections par les institutions qui conservent les archives est l’un des facteurs d’obstacle d’accès à l’information pour les chercheurs qui ne sont pas en mesure de se déplacer physiquement vers les organismes en question.
- Les nouvelles technologies ont radicalement transformé les instruments et méthodes de travail des bibliothécaires et de la recherche documentaire. Que préconisez-vous, en votre qualité de chercheur en bibliothéconomie, pour permettre aux bibliothèques universitaires algériennes de s’adapter aux impératifs de la digitalisation ?
En tant que chercheur en bibliothéconomie, je peux préconiser plusieurs mesures permettant aux bibliothèques universitaires algériennes de s’adapter aux impératifs de la digitalisation. Ces bibliothèques doivent être dotées d’équipements technologiques modernes pour stocker, gérer et diffuser les ressources numériques, et ce, à travers l’achat de serveurs, de logiciels de gestion ainsi que la formation du personnel dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les collections (livres, revues, thèses et autres documents pertinents) doivent être numérisées pour les rendre accessibles en ligne aux étudiants et aux chercheurs. L’achat de bases de données en ligne, d’e-books et d’autres ressources électroniques est aussi nécessaire. Cela, sans parler de l’importance de la collaboration dans le travail, via des partenariats, avec d’autres institutions pour partager les ressources numériques et réduire les coûts.
Propos recueillis par Hafid Azzouzi