La pièce de théâtre Asderfef, une comédie tragique qui interroge le sens de la vie, la création et la condition humaine dans un registre de l’absurde, a été présentée, mardi soir à Alger, dans le cadre des Journées nationales du théâtre amazigh en célébration de Yennayer. Accueillie au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), dans le cadre de son programme pour le Nouvel an amazigh, Yennayer 2973, Asderfef (Tâtonnement), est une adaptation de l’œuvre Les chaises d’Eugène Ionesco, mise en scène par Sadek Yousfi. Servi par deux comédiens, le spectacle raconte en une heure l’histoire d’un couple du troisième âge qui mène une vie monotone, passant leur temps à ressasser des souvenirs de jeunesse. Pour briser l’ennui et éviter de mourir de lassitude, le vieux mari et sa vielle femme se racontent des histoires et reproduisent les mêmes gestes dans un quotidien immuable, rythmé par l’alternance du jour et de la nuit. Pour donner du sens à leur vie, le vieillard, artiste marginalisé et incompris dans sa société, décide de délivrer un message universel avant de mourir, devant un auditoire composé de journalistes et de grandes personnalités. Mais le vieux ne parvient pas à transmettre son message puisqu’il sera assassiné sans en dévoiler sa pensée. Joué en tamazight par Rahmouni Ouziène et Fariza Chemakhe, le spectacle puise sa force dans le texte qui interroge l’absurdité de l’existence et dans le geste à travers des expressions chorégraphiques conçues par Khadidja Guemiri, dans une démarche visant à matérialiser la monotonie. Dans un décor épuré, avec pour seuls accessoires scéniques des tabourets, une porte, une fenêtre et un placard où le couple de vieillards rangent leurs souvenirs, la scénographie, œuvre de Abdelghani Chentof, s’appuie aussi sur des effets sonores et lumineux et la musique. Puis, au fur et mesure que les invités, suggérés, à qui l’on veut transmettre le message, arrivent, l’espace scénique s’encombre de chaises vides pour un auditoire «absent» sur scène. Produite en 2022 par la coopérative théâtrale Macahou de Tizi Ouzou, Asderfef a été plusieurs fois primée, notamment au Festival du théâtre professionnel de Guelma et dernièrement au Festival national du théâtre d’expression amazighe de Batna. Le spectacle a été présenté dernièrement dans le programme off du 15e Festival national, du théâtre professionnel (FNTP). Les Journées nationales du théâtre amazigh se poursuivent jusqu’au 15 janvier avec au programme sept représentations d’expression amazighe, démonstrations et des conférences mettant en valeur la dimension culturelle et historique de Yennayer, célébré officiellement chaque 12 janvier en Algérie depuis 2018.