L’art et la créativité sont des langages universels qui peuvent s’avérer des outils thérapeutiques efficaces pour les enfants handicapés.
C’est dans cette perspective que Raouza Boukerzaza, psychologue clinicienne, a animé, jeudi dernier, une conférence sur l’importance de «la thérapie pour handicapés par l’art et la créativité».
Cette rencontre ainsi que des ateliers pour enfants ont été tenus à l’occasion de la Journée nationale des handicapés au musée national des arts et expressions culturelles traditionnelles, palais Ahmed Bey de Constantine.
Selon Mme Boukerzaza, les activités artistiques et créatives offrent aux enfants trisomiques ou retardés mentaux un moyen d’expression unique, de développement personnel et d’inclusion sociale.
Peinture, dessin, artisanat, musique, danse, poésie et théâtre, les possibilités sont infinies et permettent à chaque enfant de trouver le médium qui lui correspond le mieux. «La psychothérapie est un ensemble de techniques, gestes et comportements.
L’enfant ne comprend pas les théories acquises et discutées dans un cadre académique et il ne va pas accepter de lui dire qu’il a un problème de santé. Il ne faut pas se comporter avec lui en tant que médecin. Il s’agit d’une âme très intelligente, voire sensible, et seul l’art peut toucher les profondeurs de cette sensibilité», a-t-elle déclaré à El Watan. Et de poursuivre qu’il existe huit types d’intelligence, dont l’intelligence émotionnelle.
Cette dernière se veut comme «la plus importante et la dangereuse», car l’enfant, dont le trisomique, observe en premier lieu les expressions du visage qui sont la vitre des émotions.
Le psychologue, selon notre interlocutrice, doit avoir une sensibilité sincère, tout en tissant un lien de confiance avec l’enfant à intégrer dans l’univers de la culture. Certaines barrières doivent être supprimées, en embrassant l’enfant, chanter avec lui, lui écrire des pièces théâtrales et autres. «Je le fais souvent avec la guidance parentale.
C’est une psychothérapie pour les parents aussi, qui doivent être sensibles à l’art. Le but est de les absorber pour pouvoir mener un travail de partenariat, dont l’objectif est le traitement de leur enfant et lui créer un environnement», a-t-elle.
Une méthode d’insertion sociale
Et de rassurer sur l’efficacité de cette méthode, à travers laquelle de nombreux enfants ont trouvé leur chemin devenant chanteurs dans les fêtes de mariage, peintres, coiffeuses et autres. «Le but de cette méthode est que cet enfant n’arrive pas uniquement à l’estime de soi, mais il atteint un niveau de la création de son propre soi et aider d’autres à le faire», a-t-elle souligné, ajoutant que la courbe des cas trisomiques ou retardés mentaux est ascendante.
Cela est dû à un mode de vie destructeur des capacités mentales de l’humain. Plus explicite, elle a évoqué la mauvaise nutrition caractérisée par, entre autres, la consommation du sucre blanc, la farine blanche et des aliments en conserve. Toutes ces mauvaises calories provoquent l’hyperactivité chez l’enfant et de l’énergie mensongère.
Cela sans oublier l’utilisation excessive de la technologie, même durant la grossesse par la maman. Pis encore, le lobe responsable des envies ne fonctionnera plus, quand l’enfant dépasse plus d’une heure ou deux heures devant la télévision. Même le lobe frontal, responsable de la concentration, qui se développe par la lecture et l’écriture, connaitra une hibernation.
Parmi les solutions envisagées, la psychologue a proposé de soigner par les activités du jardinage. «Nous avons assez d’espaces à exploiter, pas uniquement dans la thérapie pour enfants atteints, mais comme un moyen pédagogique dans l’éducation. Mon projet est de créer le petit intellectuel et le petit artisan, où l’élève suit des cours théoriques une demi-journée et le reste de son apprentissage se fait à travers des activités culturelles et artistiques.
Il peut même apprendre de la géographie à travers ces activités, tout en développant son sens d’observation et la notion de l’espace», a-t-elle proposé.
Et de conclure avoir adopté la méthode d’intégration des activités artistiques dans une école avec 38 redoublants, dont des trisomiques et retardés mentaux. L’année suivante, il n’y avait que 8 redoublants. La conférencière a appelé à ce que l’enfant doit être investi dans son école.