Le monde célèbre dimanche la Journée internationale des migrants, avec pour objectif de penser aux millions de personnes qui ont quitté leur pays dans la quête universelle de nouvelles possibilités, et d'appeler la communauté internationale à s'investir davantage dans les pays d’origine afin que l’émigration soit un choix et non une nécessité.
Les conflits, l'insécurité et les effets des changements climatiques ont fortement contribué aux déplacements forcés. Selon l'Organisation internationale pour la migration (OIM), depuis 2014, plus de 50.000 migrants ont perdu la vie sur les routes migratoires à travers le monde.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a indiqué dans un message publié à cette occasion que "plus de 80% des migrants dans le monde traversent les frontières de manière sûre et ordonnée", affirmant que ces migrations "sont un puissant moteur de croissance économique, insufflent un grand dynamisme et favorisent considérablement la compréhension".
"Cette Journée internationale des migrants est l’occasion de penser aux plus de 280 millions de personnes qui ont quitté leur pays dans la quête universelle de nouvelles possibilités, de dignité, de liberté et d’une vie meilleure", a écrit le chef de l'ONU.
Selon M. Guterres, au cours des huit dernières années, au moins 51.000 migrants ont perdu la vie et des milliers d’autres ont disparu. "Derrière chaque chiffre se cachent des êtres humains: une soeur, un frère, une fille, un fils, une mère ou un père".
Il a ainsi souligné la nécessité de respecter les droits humains des migrants, sans aucune discrimination, que les personnes aient émigré sous la contrainte ou volontairement et qu’elles y aient été officiellement autorisées ou non.
Appelant la communauté internationale à s'investir davantage dans les pays d’origine afin que l’émigration soit un choix et non une nécessité, le chef de l'ONU a souligné l'impératif humanitaire et l'obligation morale et juridique d'éviter la perte de vies humaines.
Le drame de Nador/Melilla dans tous les esprits
Cette journée internationale, célébrée le 18 décembre de chaque année, intervient quelques jours après le naufrage dans la Manche d'une embarcation avec à son bord des migrants, dont un jeune adolescent, qui tentaient de rejoindre l'Angleterre, au moment où le nord de la France connaît des températures glaciales.
Trois personnes sont mortes et 43 autres ont été secourues dans l'opération de sauvetage menée par les garde-côtes britanniques.
Depuis le début de l'année, plus de 45.000 migrants ont effectué la dangereuse traversée dans ces eaux très fréquentées, rappellent des ONG.
A ce propos, M. Guterres a insisté dans son message sur la nécessité de pourvoir aux opérations de recherche et de sauvetage et aux soins médicaux. "Il nous faut élargir et diversifier les voies de migration fondées sur les droits pour faire avancer la réalisation des objectifs de développement durable et remédier aux pénuries de main-d’œuvre", a-t-il plaidé.
L'année 2022 a été marquée surtout par le drame migratoire du 24 juin dernier, lorsque près de 2.000 migrants subsahariens avaient tenté de pénétrer dans l'enclave espagnole de Melilla depuis Nador (nord du Maroc) et dont au moins 37 d'entre eux ont été brutalement tués, soit le bilan humain le plus lourd jamais enregistré à cette frontière.
Cette tragédie avait provoqué l'indignation internationale, l'ONU dénonçant un "usage excessif de la force" de la part des autorités marocaines et espagnoles.
Dans ce sens, Amnesty International a qualifié mardi dernier l'épisode de "tuerie de masse", accusant Madrid et Rabat de cacher la vérité et d'avoir "contribué à la mort de ces migrants".
"Les méthodes employées par les autorités marocaines et espagnoles (...) ont contribué à la mort d'au moins 37 personnes", affirme dans un rapport l'ONG, qui a recueilli de nombreux témoignages de migrants présents et analysé vidéos et images satellites.
Six mois plus tard, les autorités espagnoles et marocaines continuent de nier toute responsabilité dans le carnage de Melilla, alors que "les preuves s'accumulent au sujet de multiples violations graves des droits humains (...) Cette situation sent la dissimulation et le racisme", a estimé la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard.
La BBC et le consortium européen Lighthouse Reports avaient dénoncé la brutalité des forces marocaines dans deux enquêtes publiées en novembre et auxquelles ont notamment participé les quotidiens espagnol El Pais et français Le Monde.
"Il ne s’agit pas d’une crise migratoire, mais d’une crise de solidarité. Aujourd’hui, comme chaque jour, il nous faut sauvegarder notre humanité commune et garantir les droits et la dignité de toutes et tous", a conclu le chef de l'ONU.