Dans un défilé organisé dans la ville, des femmes ont porté avec fierté ces deux voiles, parfois revisités avec des tissus contemporains, s’adaptant au temps, tout en préservant leur authenticité.
Constantine, ville millénaire du vieux Rocher, s’est parée de ses plus beaux atours pour célébrer la Journée de la m’laya et du haïk, une manifestation emblématique qui a mis à l’honneur ces deux voiles traditionnels algériens et leur riche héritage culturel. Cet événement a bien célébré, le temps d’une journée, la splendeur du costume traditionnel algérien et son rôle inestimable dans la préservation de l’identité nationale.
Bien plus qu’un simple effet vestimentaire, la m’laya et le haïk incarnent l’âme de l’Algérie. Leurs formes et couleurs unies racontent des histoires millénaires, tissant un lien indéfectible entre les générations et perpétuant les traditions ancestrales. D’une facture unique et variée selon les régions, cet habit a connu des vicissitudes au fil du temps. Tombé en désuétude dans les années 1990, victime des changements de mode et de la mondialisation, il a frôlé l’oubli.
C’est alors que le Musée national des arts et des expressions culturelles traditionnelles - Palais Ahmed Bey a pris l’initiative de le réhabiliter, conscient de sa valeur patrimoniale inestimable. Sous le slogan évocateur : «Racontes-moi Constantine : la m’laya et le haïk, patrimoine et récit», la manifestation a rassemblé une foule nombreuse, notamment de jeunes femmes, voire de la diaspora, venues défiler en m’laya et en haïk dans les ruelles pittoresques de la vieille ville de Constantine. Leurs youyous joyeux résonnaient comme un hymne à la préservation de ce trésor patrimonial.
Loin d’être une simple marche folklorique, la journée de la m’laya et du haïk est un véritable voyage dans le temps. Les pas des participantes ont ravivé des souvenirs des années 1970 et 1980, époque où la m’laya et le haïk ornaient gracieusement les rues d’Algérie. On imaginait aisément les femmes d’antan, drapées dans cet habit, se promenant dans les souks animés ou se réunissant dans les patios fleuris. Cette journée n’est pas qu’un regard nostalgique vers le passé. C’est aussi une célébration du présent et une invitation à porter haut les symboles de l’identité nationale.
Un moment de partage
Les participantes ont porté avec fierté la m’laya et le haïk de leurs aïeules, parfois revisités avec des tissus contemporains, démontrant la capacité de ces habits à s’adapter au temps tout en préservant leur authenticité. Certaines d’entre elles ont insisté également à corriger quelques faits historiques, à l’instar de l’occasion du port de la m’laya, qui n’a rien à avoir avec la mort de Salah Bey.
Mme Meriem Guebaïlia, directrice du musée du Palais Ahmed Bey de Constantine, a lancé un appel pour faire entrer la m’laya et le haïk dans chaque foyer, les portant au moins une fois par semaine. Son ambition est de les faire sortir des vitrines des musées pour les ramener à la vie quotidienne, sensibilisant ainsi les nouvelles générations à ce pan précieux du patrimoine algérien.
Cette journée est aussi un moment de partage et de convivialité. Après le défilé, les participantes se sont réunies autour d’un plateau en cuivre garni de gâteaux traditionnels, dans le respect des coutumes et du savoir-vivre constantinois à travers les rituels de la fameuse «Qahwet El Asser» (le café de l’après-midi). Un hymne à la transmission des valeurs et au partage, illustrant parfaitement l’esprit de cette journée mémorable.
Cette troisième édition, couronnée de succès, s’inscrit dans une dynamique prometteuse. Mme Guebaïlia a d’ores et déjà annoncé la tenue d’éditions annuelles, plaçant la manifestation sous le sceau de l’histoire et de la mémoire.
Un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui chérissent l’âme et l’identité de l’Algérie. La journée de la m’laya et du haïk est bien plus qu’une simple manifestation culturelle. C’est une ode à l’héritage algérien, un appel à la préservation des traditions et une invitation à porter haut les couleurs de l’identité nationale. Un événement qui résonne comme un hymne à la beauté, à la richesse et à la diversité de la culture algérienne.