Pour célébrer la Journée nationale de la Casbah, l’association «Jijel antique» en collaboration avec le musée Kotama, a organisé les 23 et 24 février une exposition de photographies pour replonger les visiteurs dans un patrimoine architectural et historique, hélas inexistant aujourd’hui. D’où d’ailleurs le thème de cette exposition intitulée «La ville de Jijel, la Casbah perdue».
Cette exposition a réuni 14 chevalets supportant des cadres sur lesquels on pouvait retrouver des photographies, cartes, plans et gravures représentant l’ancienne ville de Jijel, ou bien des textes comme l’arrêté du 14 octobre 1859 déclarant d’utilité publique la ville «le projet d’établissement d’un quartier militaire dans la presqu’île ou vieille ville de Djidjelli», après sa destruction par le tremblement de terre d’août 1856. Le même texte prononce l’expropriation de tous les immeubles indiqués audit plan par une teinte rouge et désignés dans le rapport du chef du génie.
C’est après cet événement dramatique que la nouvelle ville que nous connaissons aujourd’hui a été tracée. Si les gravures représentant la ville, exécutées généralement lors d’expéditions navales au cours du 17e ou 18e siècle ont suscité l’intérêt des visiteurs, ces derniers ont été attirés par l’exposition des plus vieilles photographies de la vieille ville datant de 1856.
On y voit dans la première représentant une scène de vie avant le tremblement de terre d’août 1856 et une autre après ce séisme où on y remarque des constructions détruites par la puissance de la secousse suivie par un raz-de-marée. Dans son ouvrage Histoire de Djidjelli, Aimé Retout écrit : «Le jeudi 21 août vers 10 h du soir, une violente secousse ébranla le sol ; la Tour génoise, la mosquée et plusieurs maisons s’écroulèrent. Le lendemain 22 août, vers midi, une seconde secousse bien plus violente que celle de la veille au soir et beaucoup plus prolongée vint compléter le désastre ; la mer envahit de nouveau le rivage renversant tout sur son passage.»
On rappellera qu’en février 2019, l’enseignant au département d’architecture de l’université de Jijel, Mustapha Blibli, avait présenté lors d’une conférence organisée par la même association, une reconstitution, réalisée à partir de gravures, dessins et cartes anciens, de la «Médina de Jijel» dans laquelle on pouvait reconnaître la Tour génoise, les deux mosquées, le tracé des ruelles, les débarcadères, les portes de la cité ainsi que la typologie des habitations.
Dans une vidéo diffusée par l’association, Omar Rouibah, membre de celle-ci dira que la ville «comptait deux portes : celle de Constantine et Bab Lebhar (porte de la mer)». Il parlera aussi des deux mosquées existantes : la mosquée Sidi Zitouni, mitoyenne de la Tour génoise à obédience malékite et de la Grande mosquée qui comptait les obédiences malékites et hanafites. La première concernait les autochtones et la deuxième pour l’armée des janissaires.