Jeu versatile et liaisons dangereuses

27/03/2022 mis à jour: 00:12
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Depuis 2004, les Houthis mènent la guerre au pouvoir central de Sanaa. Jusqu’à 2010, six guerres ont eu lieu entre les deux belligérants. 

Le président de l’époque, Abdallah Saleh, les justifie par le fait que les Houthis veulent rétablir l’imamat aux dépens de la République. Le Qatar propose ses bons offices pour trouver une issue au conflit. Cependant, la médiation de 2007, suivie d’un traité en février 2008, n’a pas empêché la reprise des combats en avril de la même année.
 

Riyad intervient militairement en novembre 2009 à Saada, bastion des Houthis situé à ses frontières. 
En août 2010, un autre traité est signé à Doha entre le gouvernement et les insurgés. Après le départ de A. Salah du pouvoir, ils poursuivent leur guerre contre les nouvelles autorités de Sanaa et les partisans de l’ancien président deviennent alliés des Houthis. 
 

Les révoltes populaires de 2011 ont contrarié l’ambition de A. Saleh, qui s’apprêtait à modifier la Constitution pour se représenter à la présidentielle de 2013 et rester au pouvoir à vie.

 Après avoir survécu à un attentat, il se fait soigner en Arabie Saoudite, où il signe ensuite un accord de transition qui le contraint de céder le pouvoir pour se retrouver aujourd’hui allié de ses ennemis d’hier, les Houthis. L’Arabie Saoudite s’est montrée discrète en la circonstance, sa priorité consiste à affaiblir l’influence sur la scène politique des Frères musulmans représentés par son allié d’hier, le parti Al Islah. Le royaume wahhabite constate à ses dépens l’ascendant de la confrérie dans les rouages du pouvoir, appuyée par le Qatar. Rivale de Riyad, Doha constitue un soutien important à cette congrégation et a condamné la destitution du président égyptien Mohamed Morsi par les militaires, en juillet 2013. De son côté, la dynastie Al Saoud a cautionné la prise du pouvoir par le général Al Sissi. 

Durant l’ère de Gamal Abdel Nasser, Riyad a soutenu la confrérie, adversaire du raïs. Le royaume wahhabite change d’allié au Yémen selon les circonstances. Durant la guerre de sécession en 1994, entre le Nord et le Sud, l’Arabie Saoudite a soutenu paradoxalement les Sudistes qu’elle dénonce jusque-là comme des «communistes». Riyad a appuyé les royalistes, dont les zaïdites, dans leur guerre contre les «républicains» de 1962 à 1970. 

Ces derniers sont aidés par l’Egypte de Nasser, en dispute avec les Saoudiens sur le leadership du monde arabe. Le tribalisme joue un grand rôle dans l’échiquier politique yémenite. Au pouvoir en 1978, après l’assassinat d’Ahmed Al Ghachemi, Abdellah Saleh élimine ses opposants et alimente l’esprit tribalo-religieux hérité de l’ère royaliste. Les tribus du Nord se regroupent dans deux grandes confédérations, les Hashed et les Bakil, et jouent un rôle important sur le plan politique. Saleh les a longtemps utilisées pour se maintenir au pouvoir. 

A côté des réalités tribales, il y a l’élément religieux entretenu par le parti Al Islah de la confrérie des Frères musulmans dirigé par Abdellah Al Ahmar. Puissant chef de la confédération tribale des Hashed, il dispose d’une grande autorité sur la moitié du Nord et de l’appui à l’époque de Riyad. Il s’est opposé à l’union avec le Yémen du Sud et a entretenu des rapports conflictuels avec le pouvoir central, sous la présidence d’Al Hamdi (1974-1977). Ne pouvant neutraliser le pouvoir de ce chef de tribu, un Etat dans l’Etat, capable de mobiliser des milliers d’hommes en armes, le président Saleh préfère l’associer au pouvoir. 

Il l’intègre à la direction du pays au sein d’un Conseil consultatif, créé en mai 1979, le nomme en août 1982 à la Commission permanente du CPG et lui facilite son accession à la présidence de l’Assemblée nationale. Mais dans ce jeu d’alliances, le président Saleh favorise la tribu Sanhan de la confédération Hashid, principalement son clan, les Afaash.

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