Le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a reconnu hier la «défiance» et la «colère» des électeurs au lendemain de sa lourde défaite électorale, mais a exclu de démissionner, promettant des «réformes fondamentales» au sein de son parti entaché par un vaste scandale financier, rapporte l’AFP.
Dans la foulée de son arrivée au pouvoir le 1er octobre, il a convoqué des législatives anticipées, espérant consolider son pouvoir en renforçant la position de son Parti libéral-démocrate (PLD), qui gouverne le Japon presque sans interruption depuis sept décennies.
Mais selon les projections de la chaîne de télévision nationale NHK et dans l’attente des résultats officiels, le PLD n’a pas atteint la majorité absolue de 233 sièges à lui tout seul, pour la première fois depuis 2009.
Pire, ces chiffres suggèrent que la coalition au pouvoir composée du PLD et du petit parti Komeito n’a pas non
plus réussi à s’assurer le contrôle de la moitié des 465 sièges de la chambre basse.
Le PLD a remporté 191 siège et Komeito 24, selon les décomptes de la NHK lundi matin. «Le plus grand facteur (de la défaite), c’est la suspicion, la défiance et la colère qui ne se sont pas estompées sur le problème des financements et de la politique», a reconnu hier S. Ishiba, promettant une «réforme fondamentale» sur ce sujet. Déjà pénalisé par la situation économique et la forte inflation, le PLD a pâti des retombées d’une affaire de «caisses noires » en son sein. Shigeru Ishiba, 67 ans, a cependant affirmé vouloir rester en poste, afin d’éviter de créer «un vide politique». «Je veux remplir mon devoir, qui est de protéger la vie des gens, de protéger le Japon», a-t-il affirmé devant la presse. A contrario, Shinjiro Koizumi, responsable des élections au sein du PLD, a démissionné lundi de ses fonctions. Shigeru Ishiba devra donc désormais diriger un gouvernement minoritaire (sans majorité absolue au Parlement), au risque d’avoir du mal à faire adopter ses textes, ou chercher de nouveaux partenaires de coalition. Il a précisé lundi ne pas souhaiter «à ce stade» élargir sa coalition, préférant des discussions selon les textes avec les partis d’opposition. Lors des dernières élections générales, en 2021, le PLD avait obtenu la majorité avec 259 sièges à la puissante chambre basse du Parlement. Le Komeito en a remporté 32, installant une majorité confortable.
Si les résultats officiels la confirment, la perte de la majorité par le PLD sera le pire résultat depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2009, avant d’être ramené aux affaires en 2012 par une large victoire de Shinzo Abe. Le PDC, deuxième plus gros groupe au Parlement, semble avoir réalisé une avancée considérable, la NHK comptabilisant 148 sièges contre 96 auparavant. Les législatives consacrent aussi la progression de plus petites formations, le Parti démocrate du peuple (centre) quadruplant son nombre de sièges selon la NHK. Le Reiwa Shinsengumi, parti populiste fondé par un ancien acteur, passerait de 3 à 9 sièges après avoir promis d’abolir la taxe sur la consommation et d’augmenter les retraites, tandis que le Parti conservateur du Japon, anti-immigration et nationaliste, a remporté ses trois premiers sièges. Enfin, le nombre de femmes parlementaires élues à la chambre basse pourrait atteindre un niveau record de 73, toujours selon la chaîne publique NHK.