La situation sécuritaire et humanitaire dans le territoire demeure alarmante avec un risque de famine, des hôpitaux hors service et environ 800 000 personnes, selon l’ONU, qui ont fui Rafah ces deux dernières semaines.
L’armée israélienne a poursuivi, hier, ses raids sur la bande de Ghaza, y compris Rafah, en violation des décisions de la Cour internationale de justice (CJI) qui, la veille, a ordonné aux forces de l’occupation de stopper «immédiatement» son agression, a rapporté l’agence de presse Wafa. La CIJ, plus haute juridiction de l’ONU, dont les décisions sont juridiquement contraignantes mais qui manque de mécanismes pour les mettre en œuvre, a aussi ordonné à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah, essentiel à l’entrée de l’aide humanitaire mais fermé après le lancement de son opération terrestre début mai.
Selon l’agence Wafa, au moins quatre Palestiniens ont été tués dans un bombardement qui a visé hier un appartement résidentiel, au nord du camp de Nuseirat, au centre de la bande de Ghaza. Trois autres Palestiniens sont décédés dans un raid aérien dans la région de Wadi Ghaza, tandis que des avions de guerre ont ouvert le feu à l’est de la ville de Deir Al Balah, a ajouté la même source. Dans la ville de Ghaza, plusieurs Palestiniens ont été blessés suite à de violents bombardements d’artillerie et des tirs de blindés de l’armée israélienne dans les quartiers de Cheikh Adjlin, Tal Al Hawa et Al Zaytoun.
Les chars des forces d’occupation ont, en outre, ouvert le feu à proximité du Collège universitaire des sciences appliquées de la 8e rue dans le quartier de Tal Al Hawa, au sud-ouest de la ville de Ghaza, et dans la rue Al Nafaq au nord, blessant des dizaines de Palestiniens. Dans le nord de la bande de Ghaza, des missiles ont été largués contre de nombreuses zones de la ville de Jabaliya, tandis que des bombardements d’artillerie ont visé les zones frontalières est entre les villes de Deir Al Balah, Khan Younès et Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza.
Par ailleurs, le chef de la CIA, William Burns, était attendu à Paris hier pour tenter de relancer les pourparlers sur une trêve à Ghaza. Le président français, Emmanuel Macron, a reçu vendredi le Premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères «pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu», selon Le Caire. Les dirigeants ont discuté, à l’Elysée, de la mise en œuvre de la solution à deux Etats. L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont annoncé récemment reconnaître l’Etat de Palestine.
«Ghaza s’enfonce dans la famine»
En parallèle, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s’est, lui, entretenu avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, des nouveaux efforts pour arriver à un cessez-le-feu et rouvrir le «plus tôt possible» le terminal de Rafah, a indiqué Washington. La situation sécuritaire et humanitaire dans le territoire demeure alarmante avec un risque de famine, des hôpitaux hors service et environ 800 000 personnes, selon l’ONU, qui ont fui Rafah ces deux dernières semaines.
«Nous sommes à un moment charnière», a résumé vendredi le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. «Les travailleurs humanitaires et le personnel des Nations unies doivent pouvoir effectuer leur travail en toute sécurité (...) à l’heure où la population de Ghaza s’enfonce dans la famine.» Aussi, l’hôpital Koweït, à Rafah, a réclamé, hier, à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de lui fournir du carburant, selon Al Jazeera.
Le personnel de l’hôpital a lancé un appel à l’OMS pour qu’elle fournisse du carburant «afin d’assurer la continuité du fonctionnement du seul hôpital du centre de Rafah», a indiqué la même source. Le Washington Post a, rappelons-le, rapporté mardi qu’Israël a fait des hôpitaux «une cible principale dans sa guerre actuelle» contre Ghaza, documentant quelque 90 opérations ayant ciblé des établissements de santé dans l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre.
Selon le journal, 23 des 36 hôpitaux de Ghaza ont été endommagés ou mis hors service à la suite des bombardements israéliens. Hussam Abu Safiyeh, directeur de l’hôpital Kamal Adwan de Ghaza, a déclaré à Al Jazeera que «l’établissement est hors service en raison de la poursuite du siège imposé par les forces d’occupation». L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a, pour sa part, fait savoir que les Palestiniens déplacées à Ghaza ont été forcés de fuir à six reprises et qu’«il n’y a plus aucun endroit sûr dans la bande assiégée».
Sur un autre plan, les Nations unies ont confirmé hier que l’accès de l’aide à la bande de Ghaza s’est «considérablement réduit» depuis que les forces d’occupation ont lancé une opération militaire à Rafah, le 7 mai. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré qu’entre le 7 et le 23 mai, seuls 906 camions sont entrés dans la bande de Ghaza, dont 800 environ étaient chargés de denrées alimentaires.
Ces aides sont de loin insuffisantes par rapport aux besoins pressants d’une population d’environ 2,3 millions de personnes qui souffrent de graves pénuries de nourriture et d’eau, a déclaré l’OCHA. Le bilan de l’agression génocidaire israélienne contre la bande de Ghaza s’est alourdi vendredi à 35 857 morts et 80 293 blessés, depuis le 7 octobre dernier, ont indiqué les autorités sanitaires palestiniennes.
Une rapporteuse de l’ONU appelle à rompre les relations diplomatiques avec l’entité sioniste
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a appelé hier la communauté internationale à imposer des sanctions à l’entité sioniste et à suspendre les relations diplomatiques avec elle, jusqu’à ce qu’elle «se conforme à la décision de la Cour internationale de Justice (CJI)».
La CJI a ordonné vendredi à l’entité sioniste de stopper «immédiatement» son agression contre Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, et de maintenir le passage de Rafah ouvert pour permettre un accès «sans restriction» à l’aide humanitaire. «Alors que la CJI a ordonne à (l’entité sioniste) de mettre fin à son offensive à Rafah, (cette dernière) intensifie ses attaque contre cette ville», a écrit Mme Albanese dans un message posté sur X, relevant que les nouvelles qu’elle reçoit des gens qui y sont piégés sont «terrifiantes». «Soyez-en sûr, l’entité sioniste n’arrêtera pas cette folie tant que nous n’y mettrons pas fin.
Les Etats membres doivent imposer des sanctions, un embargo sur les armes et suspendre les relations diplomatiques et politiques avec (l’entité sioniste) jusqu’à ce qu’elle cesse son assaut», a-t-elle ajouté. Depuis le 7 octobre 2023, l’entité sioniste mène une agression génocidaire contre la bande de Ghaza qui a fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d’une catastrophe humanitaire sans précédent et d’une destruction massive des infrastructures.
L’entité sioniste a également imposé un blocus contre la bande de Ghaza, laissant sa population, en particulier les habitants du nord de l’enclave palestinienne, au bord de la famine. L’agression sioniste a provoqué le déplacement interne de 85% de la population de Ghaza, en raison de graves pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments, tandis que 60% des infrastructures de l’enclave ont été endommagées ou détruites, selon l’ONU. Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi vendredi à 35 857 martyrs et 80 293 blessés, depuis le 7 octobre dernier, ont indiqué les autorités palestiniennes de la Santé.