Israël, un Etat paria, isolé par sa guerre génocidaire

12/06/2024 mis à jour: 03:44
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Pour la première fois depuis le début de la guerre menée par Israël contre la population de Ghaza, depuis plus de huit mois, quatorze membres du Conseil de sécurité de l’Onu, ont approuvé une résolution pour un cessez-le-feu,  alors que le quinzième (la Russie) s’est abstenu.

L’alignement aveugle de certains membres permanents de ce Conseil, comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou la France, sur les positions de l’Etat hébreu, au point de plomber le fonctionnement de cette haute institution, semble s’effriter à la lumière des graves dérives commises par l’armée sioniste à Ghaza.

Ainsi, après avoir porté, il y a quelques jours,  Israël sur la liste des pays tueurs d’enfants en période de conflit, l’ONU, à travers le porte-parole du Haut-Commissariat des droits de l’homme, Jeremy Laurence, a exprimé son «inquiétude» quant à «d’éventuelles violations des règles de proportionnalité et de précaution par les forces israéliennes» lors des derniers bombardements du camp de réfugiés de Nuseirat, à Ghaza, tuant des centaines de Palestiniens, dans le but de couvrir une opération de la libération de quatre Israéliens détenus dans des maisons familiales, par le Hamas.

Le responsable onusien y voit de «possibles crimes de guerre», commis dans le cadre d’un raid meurtrier qui a permis de libérer les quatre otages. Des accusations qui s’ajoutent à celles pour lesquelles Israël est poursuivi par deux juridictions internationales.

D’abord, la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, devant laquelle l’Afrique du Sud a déposé une requête le 28 décembre dernier, pour «violation de la convention internationale de lutte et de prévention contre le génocide», avec trois demandes successives d’indication de mesures conservatoires urgentes, afin d’arrêter et d’empêcher le génocide, en attendant l’examen au fond de l’affaire.

Des procédures appuyées par plusieurs Etats, dont la Colombie, le Nicaragua, la Libye, le Mexique le Chili, la Palestine, et  l’Espagne (qui a annoncé ces jours-ci son intention de se joindre à l’action) qui ont abouti à au moins deux ordonnances, intimant l’ordre à l’Etat hébreu «d’empêcher les actes de génocide», de «laisser entrer l’aide humanitaire à large échelle, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population civile». Tous ces ordres sont restés lettre morte. Israël poursuit toujours sa guerre génocidaire, faisant fi de toutes les décisions de la justice et des appels de plus en plus nombreux, y compris parmi ses alliés, pour un cessez-le-feu.

Le cessez-le-feu, une aubaine

Un déni qui a poussé le secrétaire général de l’Onu à annoncer qu’il demandera au Conseil de sécurité de prendre des décisions pour rendre l’ordonnance de la CIJ exécutoire. La rapporteuse des Nations unies pour la Palestine, Francesca Albanese, a, quant à elle, appelé la communauté internationale à «imposer des sanctions à Israël, ne pas lui fournir d’armes et suspendre les relations politiques et diplomatiques avec lui pour le pousser à mettre fin à son attaque contre Ghaza».

En parallèle, des plaintes pour «complicité de génocide»  sont déposées contre les Etats, comme les USA, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, alors qu’aux Pays-Bas et au Canada, la justice a mis fin à des opérations de vente d’armes à destination de Tel-Aviv, qui perdait définitivement sa guerre médiatique, y compris chez ses alliés, aux USA, en Grande-Bretagne, en Allemagne, etc.

Après la CIJ, c’est la Cour pénale internationale (CPI) qui met en accusation l’Etat hébreu pour des «crimes de guerre et contre l’humanité». Le procureur en chef de cette juridiction, Karim Khan, a demandé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant. Une décision qui a suscité la colère des responsables israéliens, sans pour autant freiner leur volonté  d’en découdre avec la population palestinienne.

Les violations du droit international et du droit humanitaire à Ghaza ont fait d'Israël, un Etat paria, de plus en plus isolé par la communauté internationale.

Après l’échec du Conseil de sécurité à voter une résolution donnant à la Palestine le plein statut de membre de l’Onu, en raison du veto américain, l’Assemblée générale des Nations unies s’est exprimée majoritairement (143 voix pour,  9 contre et 25 abstentions sur 193) en faveur de ce droit, pendant que de nombreux pays, dont l’Espagne, l’Irlande, la Norvège, la Slovénie et avant eux, Barbade, les Bahamas,  la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, ont reconnu la Palestine comme un Etat, portant à 146 le nombre de pays ayant fait de même, sur les 193 membres de l’Onu, malgré l’opposition de Tel-Aviv et de Washington.

Après plus de 8 mois d’une guerre violente, ne respectant ni éthique ni le droit international, Israël se trouve aujourd’hui au ban de la communauté internationale, sous le coup de plusieurs enquêtes pénales. Ses dirigeants ne sont plus en sécurité partout où ils vont, en raison de la contestation populaire contre leurs dérives à Ghaza.

Au niveau interne, Israël n’a jamais vécu une crise aussi grave durant toute son existence, qui mine son gouvernement dont la coalition est menacée d’éclatement à n’importe quel moment. L’effort de la guerre a engendré, quant à lui, une grave crise économique paralysant de nombreux secteurs de production, au moment où son commerce extérieur est frappé de plein fouet par les conséquences des attaques des Houthis en mer Rouge par où transite la marchandise qui lui est destinée.

A cette situation, s’ajoutent aussi les manifestations de protestation populaires quotidiennes contre le gouvernement, accusé de faillite politique militaire et économique. Israël aujourd’hui n’est plus cette puissance qui fait tant peur. La guerre qu’elle mène à Ghaza  l’a isolé du monde, y compris de ses alliés.

L’accord pour un cessez-le-feu est pour lui une aubaine pour mettre fin à ce bourbier qui emporte chaque jour des dizaines de ses soldats et handicape autant d’autres, accentuant davantage la contestation populaire,  l’exil des Israéliens et l’aggravation de la crise économique.
 

 

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