La bande de Ghaza est maintenant plongée dans le chaos depuis près de 10 mois. Hier, et selon le ministère de la Santé de Ghaza, au moins 40 personnes ont été tuées et 71 autres blessées par les frappes de l’armée d’occupation israélienne.
La violence de cette attaque est ressentie dans toute l’enclave, où des scènes de désolation et de désespoir sont devenues monnaie courante.Parmi les victimes de ces bombardements, huit personnes ont trouvé la mort dans le centre de Ghaza, à la suite de tirs d’artillerie israéliens, selon l’agence de presse palestinienne Wafa. Des témoins rapportent qu’un véhicule civil a été pris pour cible par un appareil israélien dans la région d’El Matahin, au sud de Deir Al Balah. La liste macabre s’allonge avec la mort d’un pêcheur, abattu par les tirs de navires de guerre israéliens au large du camp de Nuseirat, toujours dans le centre de Ghaza.
A Tal Al Hawa, au sud de ville de Ghaza, quatre autres personnes ont perdu la vie, tandis que cinq autres ont été tuées dans la région de Khan Younès, frappée à son tour par l’aviation israélienne. Parmi les victimes figure également Abdul Fattah El Zurai’i, sous-secrétaire du ministère de l’Economie nationale de Ghaza, tué lors d’une frappe aérienne. Israël a confirmé sa mort, prétendant qu’El Zurai’i était un acteur-clé de la branche militaire du Hamas, responsable de l’amélioration des capacités armées du mouvement, en collaboration avec d’autres organisations. Les autorités de Ghaza, cependant, le décrivent comme un fonctionnaire dévoué, servant avec intégrité et engagement la population palestinienne.
La crise humanitaire prend une tournure encore plus sombre avec la restitution de 84 corps de Palestiniens à Ghaza, par le biais du poste-frontière de Karam Abou Salem (Kerem Shalom). Des images authentifiées montrent des fosses communes creusées dans le cimetière turc de Khan Younès pour accueillir ces victimes dont l’identité et les circonstances de la mort restent floues.
Ces corps ont été remis avec l’assistance du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Défense civile palestinienne, avant d’être transférés au complexe médical Nasser à Khan Younès pour les funérailles. Les équipes de secours, travaillant avec des moyens dérisoires, peinent à retrouver les corps des disparus, dont 16 Palestiniens, parmi eux des enfants, qui sont encore ensevelis sous les décombres des zones ciblées sans avertissement préalable par les frappes israéliennes. Le manque de carburant pour alimenter les bulldozers, couplé aux attaques contre ces équipements dans les installations municipales, ralentit les opérations de secours, rendant cette tâche déjà ardue quasiment impossible.
L’intensification des attaques israéliennes a transformé les centres d’évacuation, censés être des refuges sûrs, en cibles. Les populations, terrifiées, hésitent à se rendre dans ces lieux pourtant destinés à leur protection, y compris dans les cours des hôpitaux et les installations gérées par l’ONU, également visées. L’armée d’occupation israélienne, en violation manifeste du droit humanitaire international, assiège une population d’une vulnérabilité inimaginable, la privant des besoins vitaux tels que la nourriture, l’eau, les médicaments, l’assainissement, l’électricité et le carburant. Les frappes israéliennes ont détruit la majeure partie des infrastructures civiles, laissant une majorité de Ghazaouis sans abri.
Avec un bilan de 40 000 Palestiniens tués – un chiffre qui pourrait atteindre 186 000, selon certaines estimations – et de nombreux autres blessés, la stratégie israélienne semble dénuée de toute rationalité militaire. Si Israël envisage d’annexer Ghaza, il est difficile de comprendre pourquoi elle anéantirait toute la région, la transformant en un champ de ruines.
Risque d’un embrasement régional
Cependant, ce qui est tout aussi déroutant que cette campagne de destruction, c’est le soutien inconditionnel que les Etats-Unis continuent d’apporter à Israël, malgré les appels croissants à la communauté internationale pour mettre fin à ce carnage.
Au-delà des chiffres froids, il y a des vies, des rêves qui se sont évanouis à jamais sous le fracas de la guerre. L’AFP a notamment narré l’histoire de Tarek Abou Eita, ayant perdu sa femme et son fils dans cette guerre, deux des quelque 40 000 Palestiniens tués.
Le 14 octobre, raconte-t-il, deux obus israéliens se sont abattus sur les immeubles voisins de sa maison, réduisant en poussière son foyer. Son épouse Mountaha, âgée de 37 ans, et l’un de leurs quatre fils, Ilyas, 11 ans, ont péri. Ce même jour, son père Hamed, 77 ans, et deux nièces, Mira et Tala, respectivement âgées de 8 et 14 ans, ont aussi succombé à ces bombardements meurtriers.
Pour les médias, ces décès ne sont que des statistiques, comme les chiffres de la bourse, dit-il. Et de conclure : «A Ghaza, chaque maison est marquée par une perte tragique.»
Et pendant qu’Israël continue de pilonner, sans répit aucun, l’enclave palestinienne, les manœuvres diplomatiques se sont intensifiées hier pour tenter d’éviter une escalade militaire entre l’Iran et ses alliés, d’une part, et Israël, de l’autre, à l’heure où de nombreux pays appellent leurs ressortissants à quitter le Liban.
Le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté «toutes les parties, ainsi que les Etats ayant une influence, à agir d’urgence» pour éviter un conflit «plus large» dans la région.
Face au risque d’un embrasement régional, plusieurs pays sont à l’œuvre pour prôner un apaisement. Les ministres des Affaires étrangères du G7, réunis dimanche par visioconférence, ont dit craindre «une régionalisation de la crise, en commençant par le Liban», Israël ayant averti qu’il riposterait en cas d’attaque du Hezbollah.
Selon le média américain Axios, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, a dit à ses homologues du G7 qu’une attaque de l’Iran et du Hezbollah contre Israël pourrait être lancée dans les prochaines 24 ou 48 heures (soit depuis hier, ndlr), selon trois sources informées des discussions. Antony Blinken a aussi discuté par téléphone avec le Premier ministre irakien, Mohamed Chia Al Soudani, face à la possibilité d’attaques de groupes armés irakiens pro-iraniens.
Il est à noter, par ailleurs, qu’un émissaire russe, l’ex-ministre de la Défense Sergueï Choïgou, est arrivé à Téhéran, au lendemain d'une visite du chef de la diplomatie jordanienne.
Au moins 25 Palestiniens arrêtés en Cisjordanie
Les forces d’occupation sionistes ont arrêté, dans la nuit de dimanche à hier, au moins 25 Palestiniens, dont deux enfants et d’anciens prisonniers, dans différents gouvernorats relevant de la Cisjordanie occupée, a indiqué un communiqué conjoint publié par la Commission pour les affaires des prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens. Les arrestations ont été menées dans les gouvernorats d’El Khalil, Ramallah, Naplouse, Beit Lahm et Jénine, souligne le communiqué, relevant que les forces d’occupation continuent de procéder à des raids et à commettre des abus lors des opérations d’arrestation, accompagnés d’agressions et de menaces contre les détenus et leurs familles, en plus d’actes de sabotage et de destruction des maisons des Palestiniens, souligne le communiqué. Le nombre total des arrestations, depuis le 7 octobre 2023, s’est élevé à 9955, précise également le communiqué, notant que ce total comprend ceux qui ont été arrêtés à leur domicile, aux postes de contrôle militaires ainsi que ceux qui ont été contraints de se rendre
sous la pression et ceux qui ont été retenus en otage.