L’armée sioniste poursuit son offensive contre plusieurs secteurs de Ghaza, dont une école à Jabaliya, tuant de nombreux Palestiniens, parmi lesquels des enfants brûlés vifs, alors qu’un responsable de la Défense civile a été assassiné avec 4 membres de sa famille à la suite d’une frappe aérienne contre sa maison, portant le nombre des victimes parmi les éléments de ce corps de secours à 83 tués et 200 blessés depuis 11 mois de guerre.
Sous un déluge de bombes à destruction massive, les opérations musclées d’arrestations à grande échelle et des déplacements forcés du Nord vers le Centre, puis vers le Nord et encore une fois dans le sens contraire, la population de Ghaza ne connaît pas de répit en ce 338e jour de la guerre génocidaire.
Très tôt dans la matinée, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé plusieurs zones de l’enclave, dont une école abritant des réfugiés à Jabaliya, au nord, la troisième en moins de 24 heures, tuant plusieurs Palestiniens, dont de nombreux enfants brûlés vifs dans leur sommeil.
Les images insoutenables montrant des corps déchiquetés retirés difficilement de sous les décombres, en raison des incendies provoqués par le raid contre le quartier d’Al Alami, dans le camp de Jabaliya. Quelque temps plus tard, d’autres frappes ont ciblé la maison familiale de Mohamed Morsi, directeur adjoint de la Défense civile du gouvernorat du Nord, tuant ce dernier et quatre membres de sa famille, portant ainsi le nombre des membres de ce corps de secours assassinés par l’armée sioniste à 83 tués et celui des blessés à 200 depuis le début de la guerre, il y a 11 mois.
Les forces d’occupation ont également fait exploser plusieurs bâtiments résidentiels dans la banlieue de Zeitoun, dans la ville de Ghaza, située à 5 km de Jabaliya. Selon l’agence palestinienne Wafa, les équipes médicales ont affirmé qu’elles n’étaient pas en mesure de répondre aux appels désespérés de certains habitants, qui avaient déclaré être coincés à l’intérieur de leurs maisons, certains blessés.
Les témoignages recueillis par le média sont révélateurs de la stratégie de la terre brûlée adoptée par l’Etat hébreu depuis onze mois. «L'occupation est en train d'éradiquer Zeitoun, nous avons peur pour les gens qui y sont piégés», a déclaré un habitant à l’agence britannique Reuters.
Le Croissant-Rouge palestinien a pour sa part retiré de sous les décombres au moins un mort et trois blessés après cette attaque contre une autre maison bombardée. L’armée israélienne a également utilisé l’artillerie lourde et tiré des obus contre de nombreux autres quartiers du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza.
3 israéliens tués en Cisjordanie occupée et 35 palestiniens arrêtés
Pendant ce temps, en Cisjordanie occupée, trois Israéliens ont été la cible d’un tir nourri au passage d’Allenby (le pont du roi Hussein, comme on l’appelle en Jordanie, et le passage de Karama, comme on l’appelle du côté palestinien), situé entre la Jordanie et la Cisjordanie.
L’opération a suscité de nombreuses réactions israéliennes, particulièrement de l’intérieur d’Israël, à commencer par le Premier ministre Netanyahu, qui a déclaré que «la journée était difficile», mais aussi des extrémistes, dont le Conseil de l’établissement Yesha, qui a exigé du gouvernement de mener la guerre en Cisjordanie occupée ainsi qu’à Ghaza et de faire attention aux frontières avec la Jordanie.
Pour ce Conseil, «l’attaque constitue une tendance inquiétante dans les efforts iraniens visant à utiliser la frontière orientale comme un autre champ de bataille». Toujours en Cisjordanie occupée, l’armée sioniste a arrêté plus de 35 Palestiniens, y compris des ex-prisonniers, selon le Club des prisonniers palestiniens et la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers, qui ont ajouté, dans un communiqué conjoint rendu public hier, que ces arrestations «ont été effectuées dans toutes les villes de la Cisjordanie occupée, alors que les forces de l’occupation poursuivent les campagnes d’incursions et d’agressions contre les détenus et leurs familles, lors d’arrestations».
Les deux organisations ont précisé que les forces d’occupation «continuent à mener des campagnes d’arrestation systématiques, comme l’une de leurs politiques les plus importantes, qui ont augmenté de façon sans précédent depuis le début de la guerre de génocide, non seulement en termes de nombre de personnes arrêtées, mais aussi en termes de crimes commis», et ce, dans ce contexte de guerre génocidaire contre Ghaza et de violation de l’occupation et des colons en Cisjordanie, y compris Al Qods.
Depuis le 7 octobre dernier, les Palestiniens de Ghaza ont été privés de leurs écoles et universités, devenues la cible privilégiée de l’aviation, des drones et des chars israéliens, qui ont réduit à néant des quartiers entiers et fait déplacer, selon les chiffres de l’Onu, 1,9 million de personnes à Ghaza.
Dans un communiqué publié hier, à la veille de la rentrée, le ministère palestinien de l’Enseignement supérieur a déclaré que la guerre contre Ghaza a tué plus de 10 000 élèves et détruit 90% des écoles publiques. «Elle a également privé plus de 630 000 élèves de leur droit à l’éducation, en plus de 58 000 qui devraient s’inscrire à la première classe de la nouvelle année scolaire, ainsi que 39 000 qui ne se sont pas présentés à l’examen du secondaire général.»
A ce sujet, l’Unrwa a affirmé que «625 000 enfants, dont 300 000 élèves», qui étaient dans ses écoles à Ghaza, «ont perdu une année scolaire complète, et plus les enfants sont absents de l’école, plus il est difficile de compenser la perte», ajoutant que «3563 citoyens ont été tués alors qu’ils se cachaient dans des écoles de l’Unrwa et 1790 personnes ont été blessées alors qu’elles s'y trouvaient. Depuis le 7 octobre 2023, 213 membres du personnel de l’Unrwa ont été tués, dont 126 enseignants».
Les «mises en garde de certains dirigeants» contre le procureur de la CPI
Des assassinats qui, au vu du droit international, constituent des crimes de guerre, dont Israël doit être comptable. Dans un entretien accordé à la BBC il y a deux jours, le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a déclaré que «la justice doit être rendue», après avoir demandé un mandat d’arrêt international contre le Premier ministre israélien Netanyahu et son ministre de la Défense Gallant.
«Il est important de montrer que la Cour appliquerait les mêmes critères à tous les pays en ce qui concerne les crimes de guerre présumés», a-t-il ajouté, saluant au passage la décision du gouvernement britannique d’abandonner son opposition à ses demandes de mandats d’arrêt contre les responsables israéliens.
«Il y a une différence de ton et de fond entre le nouveau gouvernement et le droit international. Et je pense que c'est une bonne chose.» M. Khan a expliqué, par ailleurs, que la CPI «devait demander des mandats d’arrêt contre les dirigeants des deux camps pour garantir que les gens du monde entier pensent que la Cour applique la loi de manière égale sur la base de normes communes (…). Si l’on avait demandé des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens et non contre Ghaza, certains auraient dit : ''Eh bien, c’est une obscénité'' et ''comment est-ce possible ?'' (…).
Vous ne pouvez pas avoir une approche unique pour les pays qui bénéficient d’un soutien, que ce soit celui de l’OTAN, celui de l’Europe (et) celui des pays puissants, et une approche différente pour les pays qui ont une compétence claire». En ce qui concerne ses détracteurs, il a affirmé : «J’ai au moins un avantage. J’espère qu’ils admettront que j’ai vu les preuves. Ce n’est pas leur cas (…). La demande n’est pas publique.
Elle est confidentielle. Elle est déposée auprès de la chambre. Ils doivent donc deviner quelles preuves ont été présentées.» Cette réponse s’adresse en réalité au précédent gouvernement conservateur de Ritchie Sunak, qui avait annoncé le dépôt d’une requête auprès de la CPI contre les demandes de Khan (en ce qui concerne les dirigeants israéliens).
Mais avec l’arrivée, en juillet dernier, du nouveau Premier ministre travailliste, la décision a été abandonnée. Le procureur en chef de la CPI est, par ailleurs, revenu sur les pressions qu’il dit avoir subies de la part «de certains dirigeants du monde» pour revenir sur les demandes de mandats d’arrêt. «Plusieurs dirigeants du monde et d’autres m’ont informé, conseillé et mis en garde», a-t-il affirmé.
Depuis le mois de mai dernier, les magistrats de la CPI n’ont toujours pas statué sur les mandats d’arrêt et, entre-temps, Israël se comporte toujours en entité paria, défiant toutes les juridictions et les institutions internationales et foulant aux pieds les lois et les conventions relatives au droit humanitaire et au droit international. Les crimes qu’il commet sont non seulement documentés à travers des vidéos et des déclarations rendues publiques mais aussi à travers des actes commis en direct sur les chaînes de télévision et les smartphones.