Hachem Safieddine, le probable successeur de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, est «injoignable» depuis les raids massifs de jeudi soir qui ont visé son quartier général dans la banlieue sud de Beyrouth, selon Reuters.
L’armée israélienne poursuit ses bombardements intensifs au Liban, ciblant notamment la banlieue sud de Beyrouth qui abrite le quartier général du Hezbollah. Une série d’explosions a secoué hier matin ce secteur lourdement affecté de la capitale libanaise. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’aviation israélienne a pilonné massivement le commandement du mouvement de résistance chiite, détruisant plusieurs immeubles. Ces raids visaient manifestement un bunker souterrain abritant l’état-major du Hezbollah.
«Ce bombardement, l’un des raids les plus violents sur la banlieue sud de la capitale libanaise, visait une réunion de hauts dirigeants du Hezbollah, dont le successeur présumé de Hassan Nasrallah, Hachem Safieddine», indique l’agence turque Anadolu, reprenant une information du New York Times. L’agence Reuters, qui cite trois sources sécuritaires libanaises, affirme de son côté que le Hezbollah était sans nouvelles de son nouveau leader. «Le successeur potentiel du leader du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, est injoignable depuis vendredi, a indiqué samedi une source sécuritaire libanaise, après une frappe aérienne israélienne qui l’aurait visé», rapportait hier l’agence britannique.
«Le contact avec Safieddine a été perdu»
Un autre responsable du Hezbollah a confirmé à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, qu’ils étaient toujours sans nouvelles de leur chef au sein de la direction du mouvement. «Le contact avec Sayyed Safieddine a été perdu depuis les violents raids contre la banlieue (dans la nuit de jeudi à vendredi)», a confié ce responsable, avant d’ajouter : «Nous ne savons pas s’il était présent à l’endroit visé par les raids, ni qui était présent avec lui.» Une autre source a précisé : «Le parti tente d’atteindre le siège qui a été visé sous terre, mais Israël mène systématiquement de nouveaux raids pour tenter d’entraver tout effort des secouristes.» D’après lui, Hachem Safieddine «était accompagné de Hajj Mortada, le chef des renseignements du Hezbollah». Selon le mouvement chiite soutenu par l’Iran, Israël a déclenché 11 frappes consécutives sur la banlieue sud de Beyrouth, durant la nuit de jeudi à vendredi. C’est sa campagne de raids la plus violente depuis le début de son offensive contre le Liban.
Un haut cadre du Hamas assassiné à Tripoli
Par ailleurs, l’armée sioniste a assassiné deux hauts cadres militaires du Hamas dont un a été tué à Tripoli, au nord du Liban. Selon le journal libanais L’Orient-Le-Jour qui reprend une information de Haaretz, «l’armée israélienne et le Shin Bet ont déclaré que deux hauts responsables du Hamas au Liban ont été tués samedi dans une frappe de l’armée de l’air. Il s’agit de Saïd Atallah qui a été tué dans le nord de Tripoli et dont le Hamas a confirmé la mort plus tôt, et de Mohammad Hussein Ali Al Mahmoud, qui fabriquait des armes et planifiait des attaques en Cisjordanie pour le compte du Hamas». Selon Al Jazeera, Saïd Atallah Ali est un des chefs des brigades Azzeddine Al Qassam au Liban. Il a été exécuté avec sa femme et ses deux filles suite à un raid israélien qui a ciblé sa maison dans le camp d’Al Badaoui, dans le gouvernorat de Tripoli.
L’armée israélienne a, en outre, mené plusieurs attaques hier contre des positions du Hezbollah dans diverses localités du Sud-Liban. L’un de ces raids a visé «la zone située entre Zaoutar el Charqiyé, Yohmor et Deir Seriane (Nabatiyé), à proximité d’une école», selon le correspondant local de L’Orient-Le-Jour. Des frappes ont également «visé les villages de Yaroun (Bint Jbeil) et Bzouliyé (Tyr)», indique la même source. Selon la chaîne libanaise LBC, l’armée sioniste a tiré quatre obus sur le quartier Aïn El Seké à Bourj El Brajné, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Le Hezbollah a affirmé pour sa part via un communiqué avoir lancé des roquettes sur une base aérienne israélienne près de Haïfa. Il s’agit de la base de Ramat David, située à quelque 45 km de la frontière libanaise. En outre, un missile du groupe paramilitaire libanais a touché un char Merkava dans le sud du Liban. Le mouvement de résistance chiite a fait savoir par ailleurs qu’il a engagé, tôt hier matin, des affrontements avec les troupes sionistes à la frontière israélo-libanaise. «Les soldats de l’ennemi israélien ont tenté d’avancer vers les environs de la municipalité du village d’Adaysseh. Les affrontements se poursuivent», a précisé le «Hizb» après avoir assuré dans un premier temps qu’il avait «contraint les soldats israéliens à battre en retraite». Le Hezbollah a indiqué également avoir ciblé, hier après-midi, la ville de Safed, au nord d’Israël, avec une salve de projectiles.
«Un nouveau Ghaza au Liban»
Présent au 19e sommet de la Francophonie qui se tient à Villers-Cotterêts, en France, le ministre libanais de l’Information, Ziad Makary, a dit craindre «un nouveau Ghaza au Liban». «Le Liban est bombardé chaque jour. Beyrouth est bombardée chaque jour, chaque nuit, pendant 24 heures. La Bekaa, le mont Liban, le Sud…», a-t-il dénoncé, selon des propos rapportés par l’AFP. Ziad Makary a condamné également «l’attitude criminelle» de Netanyahu. «Il a assassiné Ismail Haniyeh pendant qu’il négociait un cessez-le-feu.
Et il a assassiné Hassan Nasrallah pendant qu’il négociait un cessez-le-feu. (…) Et cela est inacceptable», a martelé le représentant du gouvernement libanais. «Cela a entraîné tout un pays et peut-être toute la région dans une guerre qui ne finira jamais» a-t-il ajouté. «En tant que Libanais, comment est-ce qu’on peut vivre avec 2000 victimes, 10 000 blessés et 1 million et 200 000 déplacés en une semaine ?» s’indigne le ministre de l’Information. Ziad Makary a déploré dans la foulée le cynisme des Etats-Unis qui, tout en se disant œuvrer pour un cessez-le-feu, ont «parallèlement validé un nouveau train d’aide militaire américaine à Israël, d’une valeur de 8,7 milliards de dollars», selon l’AFP.
En visite hier à Beyrouth, le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a déclaré que «le Liban traverse une crise terrible». Ce sont les mots qu’il a employés dans un message posté sur les réseaux sociaux, ajoutant : «Des centaines de milliers de personnes sont démunies ou déplacées par les frappes aériennes israéliennes.» Et d’annoncer : «Je suis venu ici en solidarité avec les personnes touchées, pour soutenir l’effort humanitaire et pour demander davantage d’aide internationale.»
Téhéran appelle à un cessez-le-feu à Ghaza et au Liban
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, en visite dans la capitale syrienne Damas, a appelé hier à un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza et au Liban, les deux territoires croulant sous les bombardements israéliens. «La question la plus importante aujourd’hui est le cessez-le-feu au Liban et à Ghaza», a déclaré M. Araghchi à la presse à son arrivée dans la capitale syrienne, rapporte l’APS. «Il y a des initiatives, il y a des consultations, dont nous espérons qu’elles seront couronnées de succès», a-t-il souligné d’après l’agence syrienne Sana. «Malheureusement, les hostilités et les crimes sionistes continuent. Israël ne connaît pas d’autre langage que celui de la force, de la guerre», a-t-il poursuivi en exhortant «la communauté internationale à faire cesser ces crimes». Le ministre iranien des Affaires étrangères est arrivé ce samedi en Syrie après une escale à Beyrouth, la veille. M. B.
Emirates interdit les bipeurs et les talkies-walkies à bord de ses avions
La compagnie aérienne Emirates, la plus importante du Moyen-Orient, a interdit à ses passagers de transporter des bipeurs et des talkies-walkies. Cette mesure intervient moins de trois semaines après la vague d’explosions spectaculaires de «pagers» et autres appareils de transmission radio suite à une cyberattaque israélienne qui a fait 37 morts et près de 3000 blessés au Liban les 17 et 18 septembre dernier. Dans un communiqué diffusé vendredi et cité par l’AFP, la compagnie émiratie basée à Dubaï a fait savoir en effet : «Tous les passagers voyageant sur des vols à destination, en provenance ou via Dubaï ont interdiction de transporter des bipeurs et des talkies-walkies dans leurs bagages ou en cabine.» Par ailleurs, Emirates a indiqué qu’elle prolongeait la suspension de ses vols vers l’Iran et l’Irak jusqu’à mardi prochain, et vers le Liban jusqu’au 15 octobre. M. B.
La Chine a évacué 215 de ses ressortissants du Liban
Les autorités chinoises ont indiqué ce samedi à l’AFP avoir procédé à l’évacuation de 215 de leurs ressortissants du Liban. Cette décision fait suite à l’offensive militaire de grande ampleur déclenchée par l’armée israélienne contre le Liban depuis le 23 septembre, bombardant sans relâche aussi bien la capitale libanaise où se trouve le quartier général du Hezbollah que d’autres régions du pays, notamment au sud. «Selon le dernier bilan, un total de 215 citoyens chinois ont été évacués en toute sécurité du Liban sous l’égide du gouvernement chinois, en deux groupes», a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à l’AFP. «L’ambassade de Chine au Liban continue d’assurer sa mission sur le territoire libanais et continuera à aider les citoyens chinois sur place à prendre des mesures de sécurité», ajoute le communiqué. La Chine s’était déclarée mardi «très inquiète» après l’annonce par Israël d’une offensive terrestre au Liban. Pékin a dit s’opposer «à toute violation de la souveraineté du Liban». M. B.