Israël mène des opérations dans le camp de Jabaliya : Ghaza, l’horreur sans fin

16/10/2024 mis à jour: 05:33
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Photo : D. R.

Dans le nord de Ghaza, l’armée d’occupation israélienne poursuit son encerclement de Jabaliya, le camp de réfugiés historique où 400 000 habitants se retrouvent piégés sans possibilité d’évacuation.

Après une nouvelle nuit d’horreur, la bande de Ghaza est une fois de plus ravagée par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie d’une intensité ininterrompue. Les habitants, réfugiés dans ce qu’ils pensaient être des lieux sûrs, ont vu leur fragile illusion de sécurité s’effondrer.  Bilan : au moins 40 personnes ont été brûlées vives dans le camp jouxtant l’hôpital El Aqsa, et qui sont mortes dans d’affreuses souffrances et des dizaines d’autres ont été victimes des bombardements incessants.

A Khan Younès, dans le sud de l’enclave, dix membres d’une même famille ont péri dans leur maison, fauchés par un missile israélien. Dans une autre attaque à l’est de la ville, six membres d’une famille déplacée ont également été tués. Les survivants, grièvement blessés, ont été transportés à l’hôpital Nasser, où le personnel médical lutte contre le manque de médicaments et de fournitures. «Même ceux qui arrivent vivants à l’hôpital sont en danger de mort», rapportent des médecins sur place. La crise humanitaire s’aggrave avec, parmi les victimes, un nombre croissant de femmes et d’enfants, certains désormais orphelins après avoir perdu toute leur famille sous les décombres.

Dans le nord de Ghaza, l’armée d’occupation israélienne poursuit son encerclement de Jabaliya, le camp de réfugiés historique où 400 000 habitants se retrouvent piégés sans possibilité d’évacuation. Hier matin, des frappes aériennes ont détruit trois maisons dans le quartier de Sabra, et deux corps ont été extraits des décombres. Les secours tentent encore de retrouver douze personnes portées disparues. Plus au sud, dans le camp de Nuseirat, cinq Palestiniens ont été tués par un tir de missile visant une maison. Dans le quartier El Faluja, au cœur du camp de Jabalia, sept membres de la famille El Sayed ont péri sous les bombardements.

Leur famille n’a eu d’autre choix que d’enterrer leurs corps sur place, faute de pouvoir accéder à un cimetière. Dans le nord de l’enclave, les réfugiés subissent un cauchemar sans fin.  Un incendie dévastateur s’est déclaré lundi dans la cour de l’hôpital El Aqsa, situé à Deir El Balah, piégeant des dizaines de réfugiés et de patients dans les flammes. D’après le Centre El Mezan pour les droits humains, plusieurs victimes, parmi lesquelles des malades encore reliés à des perfusions, ont été «brûlées vives».

Des images, largement partagées sur les réseaux, montrent des réfugiés tentant désespérément d’échapper à l’enfer. Selon Hani Mahmoud, correspondant d’Al Jazeera, entre 20 et 30 tentes abritant des déplacés internes ont été entièrement détruites. «Ces tentes étaient entassées les unes contre les autres dans un espace restreint, empêchant toute évacuation rapide», a-t-il déclaré. «Beaucoup de personnes se trouvaient à l’intérieur lorsque le feu s’est propagé, et nous n’avons pas pu les sauver.»

19 des 36 hôpitaux hors service

Un autre témoin, Billal Khoudari, interrogé par la chaîne qatarie, souligne : «Je dormais dans un bâtiment à 300 mètres de là quand une explosion m’a réveillé. J’ai couru jusqu’à l’hôpital et j’ai vu les flammes, hautes de 10 à 15 mètres. Des bouteilles de gaz, stockées dans la cour, ont explosé les unes après les autres, alimentant l’incendie et empêchant toute tentative de secours.» Parmi les victimes, Khoudari a reconnu au moins trois corps calcinés. «L’un d’eux était un agent d’entretien, il n’avait rien à voir avec tout ça. Il y avait aussi un vendeur de falafel qui vivait et travaillait ici.

Sa femme et son fils, un ingénieur, ont péri dans l’incendie.»  Amjad El Shawa, directeur du réseau des ONG palestiniennes à Deir El Balah, a dénoncé la multiplication des attaques contre les abris pour déplacés internes. «C’est terrifiant, car ces sites devraient être protégés. L’hôpital abritait des blessés mais aussi des familles déplacées qui y cherchaient refuge», a-t-il expliqué.

Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a condamné l’attaque dans un message sur X : «Je condamne les nouvelles frappes de l’armée israélienne contre un hôpital et une école servant d’abris dans le centre de Ghaza. Des dizaines de civils cherchant refuge ont été tués et blessés dans des circonstances effroyables.»  

Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Ghaza sont fréquemment pris pour cible. Selon les Nations unies, 19 des 36 hôpitaux de l’enclave sont désormais hors service. Israël justifie ces frappes en affirmant que des militants palestiniens utilisent ces infrastructures à des fins militaires. Mais pour les habitants, ces lieux censés incarner la sécurité se transforment en pièges mortels. L’assaut israélien dans le nord de Ghaza s’accompagne d’une nouvelle stratégie dévastatrice.

Selon des témoignages recueillis sur place, les soldats israéliens auraient planté des barils d’explosifs pour démolir des bâtiments entiers, rendant impossible tout retour des familles déplacées. Des drones survolent constamment ces zones, tirant sur toute personne tentant de se déplacer à Beit Hanoun, Beit Lahiya ou dans les quartiers d’El Balad et El Nazla. Même les équipes médicales, tentant d’atteindre les blessés, sont ciblées par ces engins sans pilote.

Au-delà des pertes humaines immédiates, une autre menace plane sur les habitants de Ghaza. Les débris laissés par les bombardements contiennent de l’amiante, une substance cancérigène dangereuse lorsqu’elle est inhalée. Experts et humanitaires s’inquiètent des effets à long terme sur la santé des Palestiniens, en particulier dans une enclave où le système de santé est déjà au bord de l’effondrement.

Dans cette enclave assiégée, les centres d’évacuation eux-mêmes ne sont plus sûrs. Nombre d’entre eux ont été détruits ou endommagés par les frappes, laissant les habitants sans autre choix que de rester dans leurs maisons, au péril de leur vie. La population est prise au piège entre les décombres, la pénurie de médicaments, et la menace des bombardements incessants.
Alors que l’offensive israélienne dans le nord de Ghaza entre dans son onzième jour, le nombre de victimes s’alourdit inexorablement.

Le sentiment d’abandon grandit parmi les habitants de Ghaza, piégés entre une guerre qui semble sans fin et une communauté internationale qui se contente de «condamner» les agissements d’Israël sans oser prendre des sanctions contre ce dernier. Dans cet enfer quotidien qui s’étale sur plus d’une année, les familles palestiniennes de Ghaza enterrent leurs morts comme elles peuvent, tandis que les vivants cherchent vainement un refuge…

Lazzarini : «Trop de lignes rouges ont été franchies»

Le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré que «beaucoup de lignes rouges ont été franchies» dans la bande de Ghaza par l’entité sioniste qui y mène une agression génocidaire depuis plus d’un an.

«Trop de lignes rouges ont été franchies à Ghaza», a écrit hier M. Lazzarini dans un message sur les réseaux sociaux en déplorant «la poursuite des attaques (sionistes), le sabotage des infrastructures civiles et le refus délibéré d’une aide essentielle» qui continuent d’être utilisés comme «tactiques» par l’occupant sioniste pour forcer les gens à fuir. Et de poursuivre dans ce contexte: «Le droit international humanitaire est clair : les personnes ne peuvent pas être déplacées par la force, les civils doivent être protégés à tout moment et avoir accès aux besoins de base s’ils choisissent de rester.»

Le patron de l’UNRWA a, par ailleurs, fait savoir que depuis le 30 septembre, «l’ONU n’a pas été autorisée à fournir la moindre aide y compris alimentaire. Et les deux points de passage vers le nord de Ghaza sont fermés depuis». «Les services de base, notamment ceux de l’UNRWA, ont été interrompus ou contraints de cesser», a-t-il ajouté.

Lundi, M. Lazzarini avait déploré la poursuite des «horreurs» perpétrées par l’entité sioniste contre la population de la bande de Ghaza, soulignant que «l’humanité doit prévaloir». Dans l’enclave palestinienne de Ghaza, l’agression sioniste continue depuis le 7 octobre 2023 faisant plus de 42 000 martyrs, et près de 100 000 blessés, la majorité étant des enfants et des femmes, et des milliers de disparus sous les décombres des habitations bombardées par l’aviation sioniste.

Le  bilan de l’agression s’élève à 42 344 martyrs

Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 42 344 martyrs et 99 013 blessés, en majorité des femmes et des enfants, depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué hier les autorités palestiniennes de la santé. Selon la même source, «55 martyrs et 329 blessés ont été acheminés vers les hôpitaux de la bande de Ghaza, suite à quatre massacres commis par l’occupation contre des familles palestiniennes au cours des dernières 24 heures». Un bilan précédent faisait état de 42 289 martyrs et 98 684 blessés. Les autorités palestiniennes ont affirmé qu’«il y a encore un certain nombre de victimes sous les décombres et sur les routes, et que les ambulances et les équipes de la Défense civile ne peuvent pas les atteindre». Outre les martyrs et les blessés, le génocide sioniste, qui se poursuit dans la bande de Ghaza depuis un an, a causé des destructions massives de bâtiments résidentiels et d’infrastructures et une famine meurtrière. 

 

 

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