Le mercredi 23 octobre, la phase intensive de la guerre contre le Liban aura bouclé un mois d’hostilités. Selon un décompte de l’AFP et « sur la base de données officielles », au moins 1552 personnes ont été tuées depuis qu’Israël a intensifié ses bombardements à travers le pays à partir du 23 septembre.
Pour la seule journée du lundi 21 octobre, le ministère libanais de la Santé a recensé 63 morts suite aux raids israéliens. Il convient de rappeler qu’à partir du 23 septembre, soit moins d’une semaine après la double attaque aux bipeurs piégés, Israël a modifié sa stratégie dans la guerre qui l’oppose au Hezbollah. Ce dernier avait ouvert dès le 8 octobre 2023 un front au Sud-Liban contre Israël en soutien à Ghaza. Le mouvement de résistance libanais tirait quasiment chaque jour des roquettes vers le nord d’Israël, à quoi l’armée sioniste répondait par des bombardements de ses positions dans le sud, au long de la frontière.
Ces échanges de tirs ont poussé les populations frontalières des deux côtés à fuir leurs villages. Côté israélien, plus de 60 000 habitants ont quitté le nord. Et c’est pour les faire revenir que Netanyahu a décidé de lancer une guerre d’ampleur contre le Liban, incluant des bombardements massifs dirigés contre le quartier général du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Et c’est de cette manière que l’entité sioniste a réussi à éliminer Hassan Nasrallah le 27 septembre. Le 30 septembre, l’armée israélienne est passée à une autre étape en lançant une incursion terrestre à l’intérieur du territoire libanais depuis le sud.
Raids près d’un hôpital à Beyrouth : 18 morts et 60 blessés
Hier, l’aviation sioniste a bombardé de nouveau la banlieue sud de Beyrouth ainsi que plusieurs localités au Liban-Sud et dans la plaine de la Bekaa. La capitale libanaise s’est réveillée sur de nouvelles montagnes de ruines et de désolation après les violents bombardements qui ont secoué Beyrouth lundi soir.
Ces frappes ont visé le quartier de Jnah, près de l’hôpital Rafic Hariri, l’un des plus importants établissements hospitaliers du pays. « Le raid de l’ennemi israélien dans le secteur de Jnah, à proximité de l’hôpital Hariri, a tué 13 personnes, dont un enfant, selon un nouveau bilan, et le nombre des blessés est monté à 57, dont 17 ont été hospitalisés et sept se trouvent dans un état critique » a indiqué hier un communiqué du ministère libanais de la Santé.
Un nouveau bilan diffusé par l’ANI, l’agence nationale d’information libanaise, en fin de journée, a fait état de 18 morts dont 4 enfants et 60 blessés. « Sur le site de la frappe, au milieu des ruines chancelantes de plusieurs bâtisses en béton à moitié effondrées, les recherches se poursuivent parmi les décombres pour retrouver d’éventuelles victimes » note l’AFP. Selon L’Orient-Le-Jour, les victimes de l’attaque de lundi soir à Jnah sont « toutes membres des familles Mokdad et Bazzi ». Le quotidien libanais a publié leurs noms sur son site.
Au cours de la journée d’hier, une série de raids aériens ont ciblé des positions du Hezbollah à Tayouneh et Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth. Un immeuble à Tayouneh a été entièrement pulvérisé par une frappe. Des images impressionnantes diffusées par Al Jazeera montraient l’effondrement de cet immeuble de 11 étages qui s’est effrité comme un château de sable, libérant un énorme nuage de fumée grise. Les autorités libanaises n’ont pas précisé si cette attaque a fait des victimes.
Frappes meurtrières dans la Bekaa
Dans la plaine de la Bekaa, à l’est du Liban, l’armée israélienne a mené une frappe meurtrière sur la ville de Hermel, au nord du gouvernorat de la Bekaa, faisant 5 morts, d’après L’Orient-Le-Jour. « Cinq personnes ont été tuées dans un raid aérien sur le Hermel, dans le quartier « Maaly » écrit le quotidien francophone libanais. Il ajoute que « Baalbeck a été bombardée, tout comme Bzaliyé». L’armée israélienne a également attaqué la ville de Nabatiyeh, dans le sud, blessant des secouristes. « Trois secouristes de la Croix-Rouge libanaise ont été blessés alors qu’ils effectuaient une opération de sauvetage à Nabatiyé, au Liban-Sud » a affirmé la Croix-Rouge libanaise sur la plateforme X. « Après l’attaque contre Nabatiyeh cet après-midi (hier, ndlr) et après avoir effectué les contacts nécessaires avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), des équipes de la Croix-Rouge s’y sont rendues avec quatre véhicules pour y secourir les blessés. Une frappe a ciblé les lieux et touché trois secouristes qui ont été conduits vers un hôpital » précise la même source.
L’Orient-Le-Jour rapporte par ailleurs que « de nouvelles frappes aériennes israéliennes ont visé les villages de Doueir, de Nmaïriyé à la périphérie d’Ansar (près de Nabatiyeh) et le quartier de Ksar Zaatar dans la ville de Nabatiyeh. »
De son côté, le Hezbollah a assuré hier, dans un communiqué, avoir ciblé un char Merkava de l’armée israélienne dans le sud. Le mouvement de résistance libanais a précisé que ce char a été intercepté au niveau de Tallet el-Akbé à Rab el-Thalathine, village du gouvernorat de Marjeyoun, « par un missile guidé qui a fait brûler le tank et causé des morts et des blessés » parmi les troupes israéliennes Le parti chiite revendique en outre une autre attaque, hier matin, contre un autre char Merkava à Taybé, un village frontalier. Le Hezbollah a déclaré par ailleurs avoir tiré tôt ce mardi des salves de roquettes sur Israël.
Ces missiles ont visé entre autres une base du renseignement militaire israélien près de Tel-Aviv. « Une salve de roquettes a été tirée contre la base Glilot de l’Unité 8200 du renseignement militaire », a précisé un communiqué du Hezbollah. Le mouvement de résistance a fait part aussi d’une autre salve de roquettes tirées « vers la banlieue de Tel-Aviv, visant la localité de Nirit ». Le « Hizb » continue à harceler le nord d’Israël avec des projectiles. Hier, des missiles ont ciblé « la base navale de Stella Maris au nord-ouest de Haïfa », a-t-il affirmé dans un communiqué. Mustapha Benfodil
Le Hezbollah revendique l’attaque contre le domicile de Netanyahu à Césarée
Mohammad Afif, responsable des relations médias du Hezbollah, a déclaré hier, au cours d’une conférence de presse à Beyrouth, que l’attaque au drone de samedi dernier qui a ciblé la résidence privée du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Césarée, dans le centre d’Israël, a été menée par le Hezbollah. « Nous annonçons notre entière et seule responsabilité de l’opération de Césarée (...) qui a visé le criminel de guerre Netanyahu (...) », a martelé Mohammad Afif. « Si nous n’avons pas réussi à t’atteindre la fois passée, nous avons de nombreux jours devant nous », a ajouté le porte-parole du Hezbollah. Bien avant cette déclaration officielle, la mission iranienne à l’ONU avait assuré que «cette action a été menée par le Hezbollah».
Au cours de son intervention, Mohammad Afif a tenu à rassurer les épargnants de la société financière de microcrédits Al-Qardh al-Hassan appartenant au Hezbollah, et dont les succursales ont subi des attaques de l’armée israélienne, précisant que le mouvement de résistance « remplirait ses engagements envers les épargnants ». M. B. avec AFP