Un conflit fait rage en ce moment entre l’ancien directeur de l’IRFM d’Oran, Mohamed Abbad, (qui a été à la tête de cette institution de 2015 jusqu’à février 2021), et le nouveau, M. Bouatoura, installé depuis mars de la même année.
Rappel des faits : en 2018, Mohamed Abbad, qui est par ailleurs musicien à l’orchestre d’Alger et professeur à l’Institut national de musique d’Alger, a créé une association musicale (dont l’ambition était d’être l’orchestre symphonique d’Oran), sur injonction du ministère de la Culture d’alors.
Le siège juridique de cette association se trouve à l’intérieur de l’IRFM. Une fois, donc, l’association créée, son bureau a été ouvert dans l’enceinte de l’IRFM, «avec autorisation et affectation d’huissier de justice, avec tous les documents qui le prouvent, aussi tout est en ordre», soutient M. Abbad, avant de préciser que le but de cette association c’est l’orchestre symphonique d’Oran. «Aussi, juridiquement parlant, on ne pouvait pas ouvrir en tant qu’Epic ou autre. La seule voie juridique qui nous permettait de créer cet orchestre, c’était une association». A ce propos, M. Abbad nous dira que cet orchestre symphonique d’Oran a même donné un concert au théâtre régional d’Oran à la fin de l’année 2018.
Ceci dit, déplore-t-il, une fois le nouveau directeur de l’IRFM installé en 2021, «il m’a enjoint de quitter le local où se trouvait notre association, ce à quoi j’ai fait une lettre à la ministre de la Culture. On m’a répondu disant qu’il faut, avant d’entamer quoi que ce soit, prendre attache avec la direction de la culture d’Oran, dont la directrice est Mme Bouchera Salhi. Je lui ai donc fait une lettre et elle m’a répondu méchamment et menacé de poursuites si je ne quitte pas les lieux». Pour M. Abbad, en principe, la direction de la culture devait préalablement lui trouver un local avant de l’inviter à «libérer» celui où son association se trouvait. «Ils nous ont demandé de sortir sans contrepartie, alors qu’on n’est pas un orchestre privé, mais une association régionale, qui exerce dans la légalité. Pourquoi agit-on de cette manière ?»
Et de préciser ensuite que la direction de la culture (celle se trouvant à la place Kahina) est actuellement vide du fait du transfert de son personnel vers la cité administrative. «L’ancienne direction est vide. Ils ont déménagé depuis 5 mois et c’était prévu de faire une extension de l’IRFM avec l’ancienne direction de la culture (nldr : en ce moment) l’ancienne direction abrite deux ou trois bureaux festivals. Pourquoi le deux poids, deux mesures ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas un bureau là-bas, d’autant qu’on n’a nulle part où aller avec le matériel, les charges à payer etc.» Contactée, la directrice de la culture, Mme Bouchera Salhi, a accepté de donner sa version des faits. Pour elle, M. Abbad n’avait pas le droit, en tant que directeur de l’IRFM, de créer une association, «car alors il s’agit de cumul de fonctions». «Il a créé l’orchestre symphonique d’Oran, ce qui est une très bonne chose mais on ne peut pas être à la fois directeur de l’institut de musique et créer une association dont on est le président. Quand il a été relevé de ses fonctions, en février 2021, à cause de conflit avec le personnel de cet institut, la gestion de l’IRFM relève alors des prérogatives du nouveau directeur. Une association, d’un point de vue juridique, du fait d’avoir bénéficié de subventions, doit avoir un siège. Ou tout au moins louer un local. Où avez-vous une association à l’intérieur d’une institution ? Le nouveau directeur de l’IRFM a décidé de ne passer laisser cette association car il disait avoir besoin des locaux que ladite association occupait. Il y a eu une inspection qui lui a donné raison. Ça relève de la gestion de l’IRFM». Un autre de la direction de la culture renchérira : «Pour créer une association, il faut un local, selon la loi. Toute association doit être domiciliée.
M. Abbad était à l’institut régional de la formation musicale Blaoui Mohamed El Houari, en tant que directeur et il s’est donné le droit d’affecter un bureau de l’institut dont il était le directeur pour son association. Il n’a pas le droit : on ne peut pas affecter le siège d’une association dans un établissement de l’Etat.»