Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a décidé de gracier des "dizaines de milliers" de détenus, dont nombre de personnes arrêtées lors des récentes manifestations antigouvernementales, rapportent dimanche les médias officiels iraniens.
Tous les manifestants arrêtés depuis la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune kurde arrêtée par la police pour port du voile non réglementaire en septembre dernier, ne sont cependant pas concernés par cette grâce proposée par le chef du système judiciaire iranien, Gholamhossein Mohseni Ejei, selon ces mêmes médias.
Les binationaux et les personnes condamnées pour "corruption sur terre", charge passible de la peine capitale pour laquelle quatre protestataires ont déjà été exécutés, ne seront notamment pas concernés, selon l'agence Irna.
Les détenus poursuivis pour "espionnage au profit d'agences étrangères", pour avoir été en relation directe avec des agents étrangers ou encore pour avoir commis un meurtre ou provoqué des blessures intentionnelles, des destructions ou des incendies de biens publics, ne bénéficieront pas davantage de la mesure de grâce, ajoute la télévision d'Etat.
Selon l'agence de presse des militants des droits de l'Homme iraniens Hrana, quelque 20.000 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations, qui ont parfois tourné à l'émeute et ont été accompagnées d'une répression meurtrière des forces de sécurité. Plus de 500 personnes ont été tuées, dont 70 mineurs, selon les ONG des droits humains.
Dans une lettre adressée à Ali Khamenei, Gholamhossein Mohseni Ejei a justifié sa demande de grâce par le fait que, selon lui, "de nombreuses personnes, notamment les jeunes, ont commis de mauvaises actions et des crimes en raison de l'endoctrinement et de la propagande de l'ennemi".
"Les plans des ennemis étrangers et des courants contre-révolutionnaires ayant échoué, beaucoup de ces jeunes regrettent leurs actions", ajoute le chef du pouvoir judiciaire, alors que l'intensité des manifestations a fortement diminué.
Le guide suprême, cible directe de nombreux protestataires, a approuvé la demande de grâce à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution islamique de 1979.