Invité de l’atelier Ahmed Lemseyyeh de poésie amazighe de Ouacifs : Akli Aït Boussad : «Un poète est un éternel insatisfait»

12/12/2024 mis à jour: 14:35
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Akli Aït Boussad, poète - Photo : D. R.

Le poète Akli Ait Boussad estime qu’un poète est un «éternel insatisfait» qui se doit de se remettre en cause continuellement, en piochant dans les œuvres des autres et en tenant compte des opinions de ses lecteurs et auditeurs.

Invité samedi dernier par l’association culturelle Tanekra dans le cadre du deuxième épisode de son atelier Ahmed Lemseyyeh dédié à la poésie amazighe, le poète Akli Ait Boussad a donné un récital poétique à Aouni Fourrou, dans la daïra des Ouacifs, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou.

Près de deux heures durant, l’enfant de Zaknoun a eu à déclamer une bonne quinzaine de ses œuvres, entrecoupées de déclamations d’autres poètes présents et d’échanges avec l’assistance. Des poèmes dont notamment Adjal (veuf) ou encore Tilelli (liberté) et Yemma (mère) qui ont ému l’assistance qui les a suivis avec délectation. Surtout que le poète a un don bien singulier de déclamer ses poèmes accompagnés de musique, de gestuelle et d’expression faciale qui vous font croire qu’il s’agit d’un monologue.

Une démarche bien réfléchie tant le concerné se dit convaincu quant à la valeur ajoutée inestimable qu’apporte la musique à toute œuvre poétique. Comme c’est le cas également de la déclamation qui doit être travaillée autant sinon plus que le texte en moi-même. A ce propos d’ailleurs, Ait Boussad affirme composer des poèmes sur deux phases, la première light et la seconde qui tient compte justement de la déclamation.

Et de s’expliquer qu’un poème peut ne pas accrocher malgré sa valeur littéraire intrinsèque faute d’une déclamation appropriée. Autre détail dans la démarche du poète qui, en dépit de son jeune âge, tout juste 33 ans, traîne une carrière longue d’une quinzaine d’années couronnée de consécrations lors de manifestations dédiées à la parole ciselée et rimée, la recherche perpétuelle de la perfection tant le poète est tenu, selon lui, d’être un éternel insatisfait se devant de se remettre en cause continuellement pour aller de l’avant.

Car, explique-t-il encore, si le don est réel, le travail constitue le gros morceau dans la création poétique. Un travail qui consiste à voir ce que font les autres pour s’en inspirer, travailler le texte, la voix et la déclamation. C’est un tout et aucun de ses aspects ne doit être négligé. Quand on me demande lequel de mes poèmes est le meilleur, je réponds toujours que je ne l’ai pas encore composé, ajoute-t-il.

Et quid du secret de son style? L’invité de Tanekra dit l’avoir comme un don même s’il reconnaît «l’influence» de Mourad Rahmane, ce précurseur de la poésie de la morbidité qui, ajoute-t-il, m’a porté sous ses ailes à mes tout premiers pas en m’intégrant dans un atelier dédié à la poésie.

Celui qui dit avoir comme référents dans le domaine Nazim Hikmet, Mahmoud Derouiche ou encore Charles Baudelaire estime qu’il est primordial pour un poète en herbe de voir et de butiner ailleurs avant de se frayer son propre chemin. Par ailleurs, si certains, une bonne vingtaine de ses textes, ont fait l’objet de supports pour des chanteurs avec lesquels, pour certains, il a même contribué en interprétant en slam des passages, Akli Ait Boussad est sur le projet d’éditer le reste de ses œuvres sous forme de recueil.

Le manuscrit d’une cinquantaine de poèmes est au stade des ultimes corrections, dit-il, faisant part d’un autre projet, celui d’un récital poétique qu’il compte organiser en étant accompagné sur scène de tout un orchestre. Un projet grandiose qu’il dit en cours de maturation. M. K.

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