Fin d’une période et début d’une autre qui s’annonce plus prometteuse pour beaucoup d’agriculteurs de la wilaya de Boumerdès. Jeudi, ils étaient 101 paysans à avoir obtenu les actes de concession des terres agricoles (domaine privé de l’Etat) qu’ils exploitaient depuis des décennies.
Ce document tant attendu est plus qu’indispensable puisqu’il permet aux concernés de bénéficier des avantages accordés par l’Etat dans le cadre de la politique de développement du secteur agricole afin de garantir la sécurité alimentaire du pays, a indiqué la wali Fouzia Naâma, soulignant que 96% des agriculteurs de la région disposent désormais de tels actes, valables pour une durée de 44 ans renouvelables.
Venus de diverses communes, les agriculteurs n’ont pas caché leur joie à la réception du fameux sésame dont l’établissement par l’administration a été retardé par tant de litiges et d’oppositions. «Cela fait plus de dix ans que j’attends ce moment. Le contrat de concession ne peut ni contracter un crédit bancaire ni engager un partenariat ou bénéficier des avantages accordés par l’Etat, comme la réduction des prix des semences ou d’engrais.
Même l’autorisation de réaliser des forages se font sur présentation de cet acte», a réagi avec joie Zemmouri Abdelaziz (57 ans), céréalier à Zaâtra. Au total, près de 4300 actes de concession ont été délivrés à Boumerdès depuis 2012, année d’entrée en vigueur de la loi 10-03 du 15 août 2010 fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terrains relevant du domaine privé de l’Etat.
Il reste le problème des terrains relevant des haouch (244) où travaillent près de 950 agriculteurs. Ici, l’établissement des contrats de concession a été retardé à cause des constructions illicites et la difficulté d’élaborer les plans de délimitation des parcelles des uns et des autres par les services du Cadastre, a expliqué Fella Adjaz, présidente de l’antenne locale de l’ONTA. La wali a affirmé pour sa part qu’un rapport détaillé a té adressé aux ministères concernés afin de solutionner le problème et stopper le phénomène des extensions anarchiques. «Cela fait quelques jours que nous avions reçu les représentants des agriculteurs. Nous avons écouté toutes leurs doléances et plusieurs mesures ont été prises en vue de faciliter leur travail et les accompagner à développer leurs activités», a-t-elle assuré.
Études réalisées
Dans son article 02, l’instruction interministérielle n° 654 du 11 septembre 2012 stipule que les constructions utiles à l’exploitation agricole doivent être régularisées après vérification sur le terrain. En revanche, les constructions n’ayant aucun lien avec l’exploitation ou celles édifiées par des tiers exposent le contrevenant au risque de poursuites judiciaires et la perte de son droit de jouissance. Considérée comme une région à forte potentialité agricole, la wilaya de Boumerdès occupe la 6e place à l’échelle nationale en termes de production agricole. Les autorités y ont dénombré 1213 exploitations agricoles, dont 968 EAC où exercent 5825 agriculteurs.
Malgré les performances réalisées, notamment par la filière viticole ou dans le maraîchage, l’agriculture y est confrontée à de multiples défis, à commencer par la rareté des eaux et l’avancée du béton au détriment des terres nourricières.
La wilaya compte 4 barrages d’eau, mais les périmètres irrigués se rétrécissent d’année en année en raison de la défaillance des systèmes d’irrigation.
Cela se pose aussi bien à Hamiz et Sidi Daoud qu’à Naciria et Cap Djenet où la rénovation des conduites et le curage des barrages sont instamment réclamés par les agriculteurs. Plusieurs études ont été réalisées à cet effet, mais les travaux n’ont pas suivi.
Certains affirment que même les autorisations de réaliser des forages sont délivrées au compte-gouttes. La direction de l’hydraulique avait établi 108 autorisations en 2022, 60 en 2023 et 11 durant le premier semestre de l’année en cours, a-t-on appris.