Qui bloque l’investissement touristique à Boumerdès ? C’est la question que se posent beaucoup d’opérateurs ayant exprimé le vœu d’investir dans cette wilaya aux atouts indéniables.
En effet, sur les 71 projets agréés depuis plusieurs années par le ministère du Tourisme, 4 uniquement sont en cours de réalisation, 11 sont bloqués, alors que 56 autres tardent à être lancés, a-t-on appris à la direction locale du tourisme. Ces projets devaient créer plus de 3500 postes d’emploi directs et porter les capacités d’accueil de la wilaya de 3340 à plus de 11 000 places, a-t-on encore appris.
Les années passent, mais la situation ne change pas. Certains projets remontent à 2015, voire plus. On y trouve des hôtels de luxe, des résidences haut standing et de grands complexes touristiques pouvant hisser la wilaya au rang de destination touristique de premier choix. Les raisons de ces blocages sont multiples. Certains investisseurs se plaignent de difficultés à obtenir des crédits bancaires, reprochant aux banques de ne pas appliquer les instructions émises à cet effet par le gouvernement.
D’autres évoquent des embûches au niveau de la direction de l’urbanisme et des retards dans l’approbation des plans d’aménagement touristique, comme c’est le cas au niveau des ZET de Cap Djinet et de Souanine. M. Aziz, chef du service investissement auprès de ladite direction, fait état d’une vingtaine de projets qui tardent à démarrer à cause d'histoires de permis de construire, de l’absence de parkings, des ouvertures de secours, de l’inadéquation des plans, etc.
En 2019, pour augmenter les capacités d’hébergement de la wilaya, huit promoteurs obtiennent des terrains dans les ZET de Corso, Seghirate, Dellys, etc. Malgré leurs requêtes, aucun d’eux n’a obtenu le permis de construire. «Les services des domaines et de l’urbanisme ont rejeté ma demande au motif que ma décision d’attribution du terrain a expiré alors que mon dossier a été déposé dans les délais», s’indigne Karim Rezzoug.
Connu dans l’immobilier, cet investisseur a obtenu un terrain de 7000 m2 à Dellys. Il devait y réaliser une résidence touristique de 100 lits pour un montant de 80 milliards. «Tout sera fait sur mes propres fonds. Le projet pourrait créer 70 emplois, mais l’administration tarde à ce jour à me délivrer le permis de construire», se désole-il.
Marmat Ali, lui, dit avoir attendu 4 ans pour obtenir le même document et réaliser une résidence touristique de 54 appartements à Figuier. «Cela fait 15 jours que j’ai déposé une demande de crédit bancaire au CPA, j’espère qu’elle sera acceptée», dit-il. Boumerdès compte aujourd’hui 22 hôtels, dont la quasi-totalité n’est pas classée, ce qui est insuffisant pour une wilaya qui aspire à devenir une destination touristique de premier plan à l’avenir. Une rencontre avec les investisseurs serait plus qu’indispensable afin d’écouter leurs doléances et relancer les projets en souffrance.