En dépit de l’évolution de la perception des plantes médicinales au cours des dernières années, elles sont toujours considérées comme un véritable défi pour les scientifiques ainsi que pour les industriels.
Dans cette perspective, l’Académie algérienne des sciences et des technologies (AAST) a organisé, les 18 et 19 octobre, des journées d’études sur le sujet, conjointement avec le centre de recherche en biotechnologie à Constantine.
Sous le thème «Les extraits naturels : chimie, sciences de la nature au service de la société», la rencontre porte sur l’importance des extraits naturels dans plusieurs domaines, à l’instar de la santé, la pharmacie, l’agriculture, l’alimentation et autres.
«Le but est également de mettre en valeur l’énorme potentiel algérien en matière de richesses végétales. Nous n’avons pas uniquement le pétrole», a déclaré à El Watan, en marge de la rencontre, le Pr Samir Benayache, membre fondateur de l'AAST depuis 2015. Et d’insister sur le fait d’encourager les chercheurs à s’intéresser à ce sujet, tout en approchant les univers académique et économique. Mais que manque-t-il en Algérie pour développer ce créneau ?
Lors de son intervention, le Pr Benayache a évoqué un ensemble de contraintes qui tournent autour des moyens. Notons, à titre d’exemple, «le coût de la recherche qui est longue et prend du temps. Cette même recherche demande de grandes quantités de plantes pour les expériences. La variabilité du matériel biologique, les changements climatiques et autres.
Cela sans oublier la difficulté de réunir la quantité de substance active nécessaire pour la phase clinique nécessitant 2 kg». Au niveau des entreprises mondiales, souligne notre interlocuteur en aparté de la rencontre, des recherches sont menées dans les laboratoires, où des millions de dollars sont injectés pour la fabrication d’un médicament. En Algérie, tout comme en Europe, selon ses dires, nous n’avons pas encore atteint ce niveau.
Pourtant, les chercheurs algériens ont découvert de nombreuses molécules efficaces contre le cancer. Voir les entreprises étrangères venir pour investir en Algérie a été qualifié par le même interlocuteur d’une stratégie «formidable et extraordinaire», tant que les résultats des recherches établies ici sont disponibles.
Ce secteur demeure un terrain fertile et vierge pour les recherches et les investissements, sachant que jusqu’à présent seulement 10% des plantes ont été étudiés scientifiquement dans le monde.
«En Algérie, nous avons étudié des centaines de plantes et des dizaines de plantes endémiques. Nous avons trouvé beaucoup de molécules, dont une est spécifique à l’Algérie», a-t-il ajouté à El Watan. Et de donner l’exemple de la Centaurea acaulis découverte par Ibn Al Baytar au XIIIe siècle à Constantine et Sétif. Cette plante est connue pour ses propriétés de teinturerie et ses effets contre l’ictère. «Nous avons isolé les produits, montrant des propriétés hépato-protectrices vérifiées.
Nous avons des dizaines de publications de ce genre sur des espèces de la médecine traditionnelle avec effet et confirmation de l’effet», a-t-il précisé.