Dans le domaine des télécommunications, l’IA a permis des avancées notables, comme le développement de réseaux intelligents pour la détection précoce des incendies de forêt ou encore la prévention des inondations par l’analyse de données massives.
Autrefois confinée aux récits de science-fiction, l’intelligence artificielle (IA) envahit désormais tous les aspects de notre quotidien, des téléphones intelligents aux chaînes de production, en passant par les services de santé et les administrations publiques. Consciente de cette transformation, l’Algérie ne saurait rester en marge de cette révolution en marche.
C’est dans cet esprit qu’une conférence internationale s’est tenue hier au campus de l’université Frères Mentouri (Constantine 1). Organisée par le Laboratoire de recherche satellite, intelligence artificielle, internet des objets et cryptographie (LSIACIO), en partenariat avec la Faculté des sciences et de la technologie, cette rencontre d’envergure, intitulée «Intelligence artificielle et télécommunication», a réuni des experts algériens et internationaux.
L’objectif de cet événement était d’explorer en profondeur les multiples dimensions de l’IA et d’examiner ses applications dans des domaines aussi divers que l’éducation, la médecine, l’agriculture, l’industrie et les télécommunications, en convergeant vers une perspective de développement durable pour une nation en pleine expansion comme l’Algérie.
Le Pr Abderraouf Messai, spécialiste en électronique et doyen de la Faculté des sciences et de la technologie de l’université Frères Mentouri Constantine 1, a expliqué que lorsque l’on parle d’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT) y est intrinsèquement lié. Cette dimension, tout comme la cryptographie et les télécommunications – avec ou sans fil et de plus en plus par satellite –, représente un axe majeur de cette conférence.
De nombreuses présentations, aussi spécifiques que pointues, ont mis en lumière des sujets comme la sécurité des réseaux informatiques et la protection des données sensibles, un enjeu de taille dans notre ère numérique. S’inscrivant dans cette dynamique de recherche, une cinquantaine de communications provenant de 24 institutions académiques algériennes et de cinq pays étrangers, dont la France, les Etats-Unis, l’Inde, la Tunisie et les Emirats arabes unis, ont enrichi les discussions. Outre sa portée académique, l’objectif de cette conférence était d’évaluer les défis pressants que pose l’IA, qui s’immisce dans toutes les sphères de la vie moderne.
Nécessité d’infrastructures spécifiques
Abordant la réalité de l’usage de l’IA en Algérie, le Pr Messai a souligné l’importance de saisir le «train en marche». Si certaines applications de l’IA, comme ChatGPT, sont accessibles au grand public, il rappelle que certaines technologies avancées nécessitent des infrastructures spécifiques, dont l’Algérie est encore dépourvue. «Prenons par exemple les véhicules autonomes.
Pour leur déploiement, il est impératif de disposer d’infrastructures routières adaptées, ce que certains pays ont déjà mis en place, mais qui reste un défi pour nous», a-t-il précisé. Néanmoins, l’essor de l’IA appelle à une utilisation judicieuse et mesurée, car, bien que cette technologie simplifie des processus de production et optimise la surveillance et la gestion des opérations, elle reconfigure aussi le monde de l’emploi. «Aujourd’hui, l’analphabétisme ne se définit plus par l’incapacité de lire ou d’écrire, ni même par la méconnaissance des outils informatiques. Désormais, c’est l’ignorance des concepts fondamentaux de l’intelligence artificielle qui marque un retard», a observé le Pr Messai.
Cette réflexion ouvre aussi la porte à des préoccupations sur les impacts éthiques de l’IA, notamment sur la protection de la vie privée. En effet, la capacité de générer des voix et des visages de manière artificielle suscite des inquiétudes quant aux risques d’usurpation d’identité et d’atteinte à l’intégrité personnelle.
C’est pourquoi il faut des textes réglementaires qui régissent l’utilisation de l’IA. Docteur Ouissal Sadouni, enseignante en informatique à l’université Salah Boubnider Constantine 3, a mis en lumière l’intégration de l’IA dans les cursus de formation par le biais de «maisons de l’intelligence artificielle». Ces espaces académiques, implantés dans les universités algériennes, forment les étudiants aux usages de l’IA et les initient à ses applications dans des domaines comme la santé et les marchés financiers.
Elle souligne que de plus en plus, les étudiants se tournent vers des outils tels que ChatGPT pour mener des recherches et compléter leur apprentissage. «Il est primordial de guider cette génération à exploiter l’IA avec discernement, en s’assurant qu’ils en saisissent les bases fondamentales, au même titre qu’un informaticien doit maîtriser un langage de programmation», a affirmé Dr Sadouni. Elle insiste sur l’idée que l’IA peut être un outil précieux, un support pédagogique, mais elle doit être maîtrisée et encadrée pour prévenir ses usages détournés.
Dans le domaine des télécommunications, l’IA a permis des avancées notables, comme le développement de réseaux intelligents pour la détection précoce des incendies de forêt grâce à des dispositifs de surveillance sophistiqués ou encore la prévention des inondations par l’analyse de données massives. En finance, des algorithmes d’IA sont également utilisés pour anticiper les variations de prix et les tendances du marché, offrant ainsi des perspectives inédites pour le secteur.
En somme, l’Algérie se trouve à un carrefour stratégique face à cette vague d’innovation technologique. On ne peut plus clair, il est nécessaire de relever les défis d’un avenir où l’intelligence artificielle occupera une place prépondérante dans le développement durable et l’autonomisation des nouvelles générations.