Les habitants de la mégacité d’El Gammas, située dans la périphérie de la ville de Constantine et l’un des secteurs les plus peuplés de la commune sont plongés dans une profonde détresse. Les rixes, devenues presque quotidiennes, ont métamorphosé leur cadre de vie dans une cité transformée en un véritable champ de bataille.
Depuis plusieurs mois, les riverains assistent impuissants à la recrudescence d’actes de violence qui troublent leur quiétude et installent un climat d’insécurité de plus en plus pesant. «Ce phénomène a toujours existé, mais il y a quelques années, la situation s’était quelque peu calmée avant que les altercations reprennent de plus belle ces derniers mois. C’est devenu insoutenable, surtout au niveau des chalets», confie un habitant de la cité 1000 Logements, où il réside depuis de nombreuses années. Et d’ajouter : «Pas moins de deux bagarres éclatent chaque semaine, souvent en fin d’après-midi. Le bruit, les cris, la peur... Nous n’osons plus sortir de chez nous».
Les témoignages recueillis auprès des résidants révèlent un sentiment d’insécurité omniprésent. Certains parlent même de véritables bandes organisées. Nombreux sont les parents à exprimer leur vive inquiétude à l’approche de la rentrée scolaire, particulièrement pour les collégiens et lycéens qui rentrent chez eux aux alentours de 17h, une heure propice aux affrontements. Les personnes âgées ne sont pas en reste, elles se sentent particulièrement vulnérables. La dernière altercation signalée par les riverains remonte à quelques jours à peine.
Ce jour-là, une querelle éclata entre deux repris de justice, qui, rapidement, appelèrent leurs groupes respectifs en renfort, armés de couteaux. «Sans parler de la prolifération des psychotropes», déplore un quadragénaire qui envisage sérieusement de déménager, craignant que sa fille collégienne ne soit un jour confrontée à un dealer ou témoin d’une bagarre en rentrant chez elle. Pis encore, les habitants soulignent l’absence de l’éclairage public qui semble favoriser cette violence endémique.
Recrudescence des cambriolages
Parallèlement, un autre fléau inquiète les résidants. Il s’agit de la recrudescence des cambriolages. «Malheureusement, les victimes connaissent souvent leurs cambrioleurs, qui sont parfois des voisins. Par crainte de représailles, beaucoup préfèrent régler le conflit à l’amiable, même avec celui qui a violé leur intimité et s’est introduit dans leur foyer», regrette une habitante. Cette dernière se demande avec angoisse ce qui se serait passé si un membre de sa famille avait croisé le cambrioleur dans sa maison. Face à cette situation intenable, les résidants lancent un appel à l’aide pressant et exigent des mesures concrètes de la part des autorités.
«Certains représentants des comités de quartier ont déjà sollicité les services de la sûreté il y a un an, afin de renforcer les patrouilles et les effectifs de police. Toutefois, ces derniers ont invoqué un manque de moyens humains», explique un autre habitant de la cité 800 Logements, située dans le même quartier. Parmi leurs principales revendications, les habitants réclament l’installation de caméras de surveillance dans les zones sensibles, ainsi qu’un renforcement significatif des effectifs policiers. «Nous avons besoin d’une présence policière plus visible et plus régulière pour décourager les fauteurs de troubles», déclarent-ils.