Inondations en Libye : le procureur ordonne la détention de huit responsables

25/09/2023 mis à jour: 09:12
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Une vue aérienne montre des bâtiments et des maisons détruits à la suite de la tempête meurtrière et des inondations qui ont frappé la Libye, à Derna le 20 septembre 2023

Le bureau du Procureur général en Libye a annoncé lundi 25 septembre le placement en détention provisoire de huit responsables libyens dans le cadre de l'enquête sur la rupture des deux barrages ayant causé les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre. 

Ces individus, qui ont occupé ou occupent encore des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou de la gestion des barrages en Libye, sont soupçonnés, entre autres, de "mauvaise gestion" et de "négligence".

Parmi les personnes visées par cette mesure de détention se trouve également le maire de Derna, Abdulmonem al-Ghaithi, qui a été démis de ses fonctions avec le reste du Conseil municipal après la tragédie.

La catastrophe s'est produite lorsque la tempête Daniel a frappé la région est de la Libye, en particulier Derna, une ville côtière abritant environ 100 000 habitants. Cette tempête a provoqué la rupture de deux barrages en amont, déclenchant une crue d'une ampleur comparable à un tsunami, emportant tout sur son passage. Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont causé la mort d'au moins 3868 personnes, tandis que des milliers d'autres restent portées disparues.

Le 18 septembre, des centaines de résidents de Derna ont manifesté pour réclamer des comptes aux autorités de l'est du pays, les tenant pour responsables de la catastrophe. Le Procureur général libyen, al-Seddik al-Sour, avait annoncé le 15 septembre l'ouverture d'une enquête sur les circonstances du drame. Selon ses déclarations, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998, mais aucune mesure n'avait été prise pour remédier à la situation.

L'enquête a également porté une attention particulière à un contrat conclu entre le département libyen des Eaux et une entreprise turque chargée de l'entretien des deux barrages. En 2014, des sommes jugées "disproportionnées" avaient été versées à cette entreprise, même si elle avait enfreint les termes du contrat, comme l'a indiqué le communiqué du Procureur.

En novembre 2022, un ingénieur et universitaire libyen du nom d'Abdel-Wanis Ashour avait lancé une mise en garde, prédisant une "catastrophe" imminente à Derna si les autorités ne prenaient pas des mesures d'entretien pour les deux barrages. Malheureusement, cet avertissement n'a pas été suivi d'effet, malgré les ressources pétrolières abondantes dont dispose la Libye, les plus importantes d'Afrique.

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