Innovation et diversification des productions végétales : Un défi pour s’adapter au changement climatique

16/03/2025 mis à jour: 00:07
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L’un des enjeux majeurs de l’agriculture dans les prochaines années est incontestablement le réchauffement climatique. 

Dans son 6ème rapport paru en mars 2023, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030. Un chiffre qui peut paraître anodin, mais dans les conséquences sur les écosystèmes sont déjà visibles, et l’agriculture n’est pas en reste. 

Durant le salon spécialisé du végétal (SIVAL) tenu à Angers (France) en mi-janvier dernier, des experts se sont emparé de cet enjeu crucial qui interroge de nombreux points : les itinéraires de production, la vie des sols, les variétés choisies, la gestion de la ressource en eau, etc. Alors que l’impact du changement climatique est déjà présent sur de nombreux territoires, à travers notamment le manque d’eau et la hausses des températures, les nouvelles filières et la diversification des productions apportent des réponses à la nécessité qu’ont les producteurs de s’adapter à ces changements, notamment en trouvant de nouvelles voies de production, ont indiqué des experts. Et l’innovation est l’une « des clés de voûte » et un soutien « incontestable » pour l’attractivité des métiers et des filières du végétal spécialisé, notamment auprès des générations futures, a-t-on estimé.  

D’autre part, il a été recommandé de d’adopter plus de sobriété énergétique des techniques de production. Le salon qui fédère des agriculteurs et autres producteurs de matériels agricoles de plusieurs pays de la méditerranée et d’ailleurs, a été une occasion de présenter des solutions technologiques innovantes permettant d’améliorer la sobriété énergétique des techniques de production : systèmes d’énergie renouvelable tels que les panneaux solaires photovoltaïques et les installations de biogaz, technologies de gestion de l’énergie incluant le monitoring et le contrôle en temps réel, optimisation de la consommation énergétique dans les serres et autres installations. 

Des innovations qui sont autant de solutions proposées aux producteurs pour réduire leur empreinte carbone et leurs coûts de production, tout en maintenant leur compétitivité.

Moins de dépendance aux énergies fossiles

Alors que la plupart des secteurs agricoles dans le monde font face aux mêmes enjeux climatiques et énergétiques, une présentation durant le salon des travaux du « Shift Project » sur la transition de l’agriculture française vers un modèle bas carbone et résilient est un exemple à méditer. 

En effet, l’étude s’appuie sur un état des lieux du secteur et sur une consultation de 7700 agriculteurs afin de proposer des scénarios réalistes et adaptés. Le « Shift Project » identifie une double contrainte carbone pesant sur l’agriculture : d’une part, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et d’autre part, la dépendance aux énergies fossiles. 

A l’instar d’autres pays, l’agriculture française, dit-on, représente environ 20 % des émissions nationales, tandis qu’elle dépend largement du pétrole et des engrais azotés minéraux produits à partir de gaz fossile. Les résultats de l’étude indiquent que « la spécialisation et la simplification des systèmes agricoles ont perturbé la circularité des flux, augmentant ainsi la vulnérabilité des exploitations face aux chocs climatiques et économiques ». 

Et d’ajouter : « La pression sur la biomasse agricole, soumise à des conflits d’usage croissants, constitue également un défi majeur pour la viabilité future du secteur ». Ne se limitant pas au constat, le Shift Project a étudié quatre scénarios de transition pour le secteur agricole, en prenant en compte des objectifs d’atténuation des émissions et de renforcement de la résilience.  

Et afin de parvenir à cette transformation, cinq leviers d’action ont été identifiés : optimisation énergétique avec une réduction de 20 % de la consommation, transition vers des énergies décarbonées, évolution des systèmes de fertilisation avec une réduction de 70 % de l’usage des engrais azotés minéraux, ajustements dans les systèmes d’élevage pour limiter les émissions de méthane et amélioration des pratiques agricoles favorisant le stockage de carbone dans les sols et la biomasse. 

Notons enfin, le système alimentaire de demain va changer de fond en comble aussi. En effet, et à en croire l’expert des tendances et innovation alimentaires Sylvain zafaroni, « pour se nourrir demain, avec un objectif d’améliorer l’écosystème alimentaire tout en étant grand public, iI faudra se nourrir au plus près de chez soi avec ce que la terre, autour de nous, nous offrira ». 

Pour cet expert, « si on continue comme aujourd’hui, on aura un système alimentaire à deux vitesses avec des coûts qui vont augmenter et des gens qui ne pourront plus avoir accès à une alimentation de qualité. La solution pour se nourrir d’une façon plus optimiste, ce sera d’aller au plus près de chez soi ». 

Et d’expliquer que la consommation énergétique fera qu’il y aura de moins en moins de transports, et le consommateur va de plus en plus vers plus de sédentarité. 

Ce qui explique, selon lui,  le succès des magasins de proximité. « Désormais, il faut produire au plus près, avec des usines locales et une transformation associée » a-t-il recommandé. 

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