Le journaliste présentateur de BFM TV Rachid M'Barki, accusé de servir la propagande du makhzen, a été licencié par la chaîne française d'information, a annoncé jeudi son directeur général, Marc-Olivier Fogiel. La chaîne d'information a également porté plainte contre X pour «corruption passive» et «abus de confiance».
Accusé d'avoir diffusé des informations biaisées, orientées et non validées, le présentateur franco-marocain de 54 ans a été suspendu le 11 janvier dernier par la direction de la chaîne française, suite à une alerte donnée par un journaliste de Radio France qui travaillait sur la vaste enquête «Story Killers», coordonnée par le consortium Forbidden Stories. L'enquête a révélé que BFM TV avait diffusé des informations fournies par une agence de désinformation pilotée par une officine sioniste, qui vendrait ses services dans le monde entier. Les journalistes d'investigation ont pu rencontrer un responsable de cette officine, désignée sous le nom de «Team Jorge». Décrit comme le maître d'œuvre de ces opérations de diffusion de ces «informations» distillées par l'agence sioniste de désinformation, il leur a affirmé, démonstration à l'appui, pouvoir créer automatiquement de faux comptes en ligne, générer du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des e-mails ou des comptes Telegram pour influencer des campagnes électorales, notamment. Il se fait aussi appeler «Michael», «Joyce Gamble» ou «Coral Jaime» et dispose de plusieurs adresses e-mail et de numéros de téléphone dans différents pays, mais se nomme en réalité Tal Hanan et est à la tête de deux sociétés opérant dans la sécurité et le renseignement : Sol Energy et Denoman. Il est, entre autres, décrit comme un spécialiste des explosifs ayant servi dans les forces spéciales et comme ancien officier de liaison de l'armée sioniste auprès du commandement des forces spéciales de la sixième flotte des Etats-Unis.
Dans le cas de Rachid M'Barki sur BFM TV, les brèves diffusées à l'antenne avaient, notamment, pour objectif de servir la propagande du makhzen. La direction de la chaîne avait ouvert une enquête interne et interrogé Rachid M'Barki. Présent à l'antenne depuis la création de BFM TV en 2005, le journaliste a reconnu des opérations «d'entrisme» et confessé une «erreur de jugement journalistique» qui l'aurait conduit à «rendre service à un ami». L'enquête visait des «informations diffusées dans le journal de la nuit entre minuit et 4h30, qui seraient passées à l'antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c'est-à-dire le rédacteur en chef», selon des sources concordantes. Ladite enquête devait déterminer «si ce contenu était sous une influence quelconque» et si des images diffusées à l'antenne «venaient de l'extérieur». Le média lui reprochait particulièrement la diffusion d'un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le journaliste défend les thèses du makhzen concernant le Sahara occidental. Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, le journaliste Rachid M'Barki évoque la tenue de ce forum dans la ville occupée de Dakhla, qu'il a présentée comme relevant du territoire marocain. Selon le directeur général de BFM TV, Marc-Olivier Fogiel, le présentateur «s'arrangeait pour demander (des) images à la dernière minute» afin d'illustrer des brèves, «une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l'ensemble de son journal».