Plus de 200 nouveaux réfugiés rohingyas arrivés dans la nuit dans la province d'Aceh, en Indonésie, vont être conduits dans un centre d'hébergement temporaire, a indiqué hier le HCR, cité par l’AFP, alors que la population locale hostile menaçait de les renvoyer en mer.Dans la nuit de mardi à mercredi, 219 réfugiés, dont 91 femmes et 56 enfants, ont débarqué sur une plage de l'île de Sabang, à l'extrémité de la grande île de Sumatra, selon les autorités locales et l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Cela porte à plus d'un millier le nombre de Rohingyas arrivés par la mer en une semain e dans la province d'Aceh. Face à l'hostilité de la population locale qui menaçait de les renvoyer sur leur bateau, les autorités locales ont convenu de transférer ces réfugiés par ferry vers un centre d'hébergement temporaire dans la région d'Aceh, a indiqué le HCR. «Ce qui est prévu est que les réfugiés soient transférés dans un centre d'accueil à Lhokseumawe», a déclaré Naufal, directeur de l'agence sociale de Sabang, qui, comme de nombreux Indonésiens, porte un seul nom. Ce transfert a été coordonné avec le HCR et les réfugiés, qui ont passé la nuit sur la plage, ont reçu de la nourriture et de l'eau.
Les autorités locales ont «décidé de les emmener dans un endroit désigné par le gouvernement national», a déclaré Faisal Rahman, qui collabore avec le HCR. Mardi, un autre groupe de 256 réfugiés arrivés il y a quelques jours plus à l'est, et d'abord refoulés par les habitants dans le district de Bireuen, a été conduit dans le même centre d'hébergement temporaire de la ville de Lhokseumawe. Minorité musulmane, les Rohingyas sont persécutés en Birmanie et des milliers d'entre eux risquent chaque année leur vie lors de longs et coûteux voyages en mer, souvent à bord d'embarcations de fortune, pour tenter d'atteindre la Malaisie ou l'Indonésie. Comme la semaine dernière, où des habitants d'Aceh ont refoulé plusieurs bateaux en provenance du Bangladesh, des membres de la communauté locale ont menacé hier matin de renvoyer ces réfugiés en mer. «La situation sur le terrain n'est pas bonne actuellement. Le virus du rejet s'est propagé à tout le monde», a estimé F. Rahman.
De nombreux habitants d'Aceh, qui ont eux-mêmes enduré des décennies de conflits sanglants en raison de l'existence d'un mouvement séparatiste, ont longtemps été sensibles au sort de cette minorité musulmane. Mais certains se plaignent désormais de l'arrivée de Rohingyas consommant leurs ressources déjà limitées et entrant parfois en conflit avec la population locale.
Mercredi, les réfugiés, épuisés après une nuit blanche et des jours en mer, attendaient, démunis et regroupés dans un périmètre matérialisé par des rubans jaunes dont ils ne pouvaient pas sortir. Chaque fin d'année, quand les conditions de navigation en mer sont propices, les Rohingyas tentent de rejoindre l'Indonésie ou la Malaisie depuis le Bangladesh, qui abrite environ un million de membres de cette minorité musulmane apatride.