Des éléments de la Protection civile, très fatigués après une nuit harassante de lutte contre les feux de forêt à Tizi n’talakht, dans la commune d’Aït Mahmoud, daïra de Beni Douala. Il était 10h.
Ces pompiers ont eu le temps de se reposer un peu dans un endroit partiellement ombragé par un arbre dont une partie est partie en fumée la veille. «Les incendies n’ont cessé de prendre de l'intensité toute la nuit. C’est vraiment un calvaire. Heureusement qu’il n’y a pas eu de perte humaine», confie un sapeur-pompier visiblement exténué par la charge de travail ces derniers jours, en raison des incendies qui se sont déclarés dans plusieurs endroits de la région. «Les citoyens doivent prendre conscience des dangers des feux en cette période de chaleur. Ils doivent faire le désherbage aux alentours de leurs maisons pour éviter aux flammes d’atteindre les habitations», ajoute un autre. Oui, effectivement, lors de notre passage par Taourirt Moussa, un village qui a aussi été touché par les feux de la nuit de samedi à hier, nous avons remarqué des herbes sèches entourant les maisons. Même les abords de la route sont envahis par des végétaux. «Le débroussaillage doit être obligatoire pour limiter la propagation des feux de forêt et épargner les constructions, les chantiers ou installations de toute nature des flammes et prévenir les incendies», ajoute notre interlocuteur. Des images de désolation avec ces superficies importantes de forêt réduites en cendres par les incendies.
Les zones d’habitation et les voies de circulation se sont retrouvées exposées à un risque énorme car les incendies se propageaient rapidement. «C’est triste», se désole-t-il devant ce paysage gris. Des centaines d’hectares de végétation ont été dévastés.
«C’est une nuit apocalyptique»
Des arbres dévorés par les flammes qui se déplaçaient de colline en colline. Le feu a progressé rapidement, témoigne un aviculteur qui a, dit-il, failli voir son poulailler partir en fumée. «Heureusement que j’étais là, sinon j’aurais tout perdu. J’ai pris mon courage à deux mains pour éteindre l’incendie qui a même atteint ma maison», raconte-t-il. Son habitation l’a échappé belle. Les flammes ont atteint un étage inachevé utilisé en guise de débarras, où sont mis des matériaux de finition, dont certains sont conçus à base de caoutchouc et autres matières inflammables. D’ailleurs, des cartons de briques de verre ont pris feu avant que les flammes ne soient circoncises par le propriétaire. «J’ai une bâche à eau bien remplie et un groupe électrogène qui m'ont permis de faire face à l’incendie qui a cerné ma maison et mon poulailler», a-t-il ajouté.
A Takrart, sur la route qui mène vers Takhoukht, nous avons également remarqué la même situation. Une étendue boisée transformée en brasier qui ne peut laisser indifférent tout passant. Les dégâts sont inestimables, surtout lorsque l’on sait que la forêt commençait à peine à se régénérer après le désastre de 2021. Au milieu de la journée d’hier, la fumée était encore visible, suscitant chez la population la crainte de voir les incendies reprendre en intensité.
Takrart, le village le plus touché par les incendies durant la nuit de samedi à dimanche ( ph El Watan)
Le dispositif de la Protection civile était toujours sur place afin de parer à toute éventualité. «C’est une nuit apocalyptique, surtout avec la grande chaleur. Il a une grande mobilisation des services concernés et des citoyens qui ont réussi à venir, péniblement, à bout de ces feux de forêt. Jusqu’à l’aube, les éléments de la Protection civile, les forestiers et les travailleurs communaux se sont déployés sur plusieurs endroits afin surtout de préserver les habitations», souligne un villageois. Justement, d’importants moyens ont été mobilisés pour maîtriser la situation.
Des Canadairs et des colonnes mobiles de la Protection civile sont utilisés pour freiner l’avancée des flammes. Les effectifs des pompiers ainsi que des éléments des forestiers ont été renforcés. Le directeur général des forêts, Djamel Touahria,, s’est même déplacé sur les lieux pour superviser l’opération d’extinction des incendies.
D’importants moyens ont été dépêchés depuis d’autres wilayas pour aider à éteindre les incendies à Beni Douala et à Larbaâ Nath Irathen, où la situation est préoccupante puisque, hier aussi, en fin de journée, les feux menaçaient les villages Ath Hague, Ath Yakoub et Ath Helli, dans la commune d’Irdjen, selon Rabah Mensous, maire de cette municipalité.
«Plusieurs villages de la daïra de Larbaâ Nath Irathene sont en proie aux flammes. Aït Frah, Aït Atelli, Azouza, entre autres, sont grandement touchés par les feux de forêt qui progressent vers Irdjen», nous confie le président de l’APC, qui ajoute que plusieurs hameaux ont été évacués afin de mettre à l’abri les habitants en raison de l’ampleur des incendies qui se rapprochaient des maisons et de la fumée qui rendait l’air irrespirable. Notons que, durant la nuit de samedi à hier, le directeur général de la Protection civile, Boualam Boughalaf, s’est déplacé à Beni Douala et à Larbaâ Nath Irathen où il a supervisé, lui aussi, de près, l’opération de ses éléments qui sont toujours en action pour venir à bout de ces feux dévastateurs.
Reportage réalisé par Hafid Azzouzi