Incendie lors d’un exercice militaire britannique : Des Kényans dénoncent la lenteur des indemnisations

21/10/2023 mis à jour: 00:41
AFP
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De très nombreux agriculteurs n’ont pas pu faire repousser leurs récoltes, ni récupérer le bétail perdu dans ce terrible incendie qui a eu lieu lors d’un exercice militaire britannique photo : D. R.

Des habitants du centre du Kenya ont dénoncé hier, à dix jours d’une visite du roi Charles III dans le pays, la lenteur du processus d’indemnisation pour un vaste incendie en 2021 attribué aux forces armées britanniques stationnées dans la région. 

La justice kényane a ordonné le versement de compensations pour cet incendie qui a ravagé plus de 4800 hectares lors d’un exercice militaire mené par l’Unité de formation de l’armée britannique au Kenya (Batuk), basée près de la ville de Nanyuki, à environ 200 kilomètres au nord de la capitale Nairobi.

 Cette indemnisation est pilotée par un Comité de liaison intergouvernemental (IGLC), composé de représentants des deux pays. «Deux ans et demi après (l’incendie), aucune compensation n’a été accordée aux personnes touchées et l’armée britannique utilise tous les stratagèmes des règles coloniales pour essayer de ne pas verser de compensation au peuple kényan», écrivent 7000 plaignants dans une «lettre ouverte au gouvernement britannique» lue hier par leur avocat, Kelvin Kubai, lors d’une conférence de presse. 

Outre les dommages causés à l’environnement, ils demandent un dédommagement pour des problèmes médicaux, tels que de «graves difficultés respiratoires» et des «problèmes permanents de vue», résultant, selon eux, de l’incendie survenu en mars 2021. «De très nombreux agriculteurs n’ont pas pu faire repousser leurs récoltes, ni récupérer le bétail perdu dans ce terrible incendie», ajoutent-ils. Ils dénoncent l’attitude de l’IGLC, qui multiplie les demandes de preuves des dommages causés. «Ils veulent nous insulter davantage en nous disant que nous devons prouver – encore une fois – les dégâts causés par leurs soldats négligents et arrogants. Il n’en demeure pas moins que l’armée britannique a détruit l’environnement dans lequel elle est invitée et qu’elle ne veut pas nous payer pour cela», estiment-ils. «Un retard de justice est un déni de justice», concluent-ils, s’indignant que les autorités britanniques traitent «le Kenya comme un avant-poste colonial». 

A l’issue de la conférence de presse, quelques centaines de personnes présentes ont scandé «Nous voulons notre argent» et «Les Britanniques doivent partir», bloquant brièvement la circulation avant de se disperser. 
Le roi Charles III et son épouse Camilla sont attendus pour une visite d’Etat au Kenya du 31 octobre au 3 novembre. 

Le souverain se rendra à Nairobi et dans le port de Mombasa, mais pas à Nanyuki, où est basée la Batuk. Si la présence de la base dans cette ville du centre du Kenya alimente l’économie locale, elle est au cœur de plusieurs controverses et accusations.

 L’affaire la plus retentissante est celle de la mort en 2012 d’une mère de famille kényane de 21 ans, Agnes Wanjiru, dont le corps a été retrouvé dans une fosse septique après avoir été vue vivante pour la dernière fois avec un soldat britannique. Londres a toujours assuré coopérer avec l’enquête kényane, qui n’a jusqu’à présent abouti à aucun résultat public connu. 

 

 

 

 

Quatre morts dans une bousculade

Quatre femmes sont décédées dans une bousculade nocturne hier aux abords d’un stade à Kericho, dans l’ouest du Kenya, a indiqué la police. L’incident s’est produit vers 3h locales (00h00 GMT) lorsqu’une femme vendant du thé devant le Kericho Green Stadium en a accidentellement renversé sur un feu, provoquant une bousculade alors qu’une foule compacte patientait pour accéder à l’intérieur de l’enceinte en vue des festivités prévues dans la matinée. «Plusieurs personnes (...) ont été blessées et transportées à l’hôpital de référence du comté de Kericho (...). Dans ledit hôpital, quatre femmes non identifiées ont été confirmées mortes», indique un rapport de police consulté par les médias. Le nombre de personnes blessées n’a pas été précisé. «Il y a eu une bousculade provoquée par une dame qui vendait du thé à l’extérieur du stade et qui a accidentellement renversé du thé chaud dans un feu près de la porte C, le long de la voie publique. Des membres du public ont paniqué et ont pris cela pour du gaz lacrymogène lancé sur eux», détaille le rapport. Les festivités de ce jour férié se sont déroulées comme prévu hier matin dans ce stade d’une capacité de 10 000 places, avec notamment un discours du président William Ruto. Célébré le 20 octobre, le «Jour des héros» rend hommage notamment aux combattants ayant participé à la lutte pour l’indépendance du Kenya, obtenue en 1963. R. I.

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