Immigration clandestine : Le Royaume-Uni et le Rwanda signent un nouveau traité

06/12/2023 mis à jour: 03:30
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Immigration: le Royaume-Uni et le Rwanda signent un nouveau traité © POOL/AFP

Trois semaines après le rejet d’un précédent projet, Londres et Kigali ont signé, hier au Rwanda, un nouveau traité visant à ressusciter un accord controversé pour expulser dans ce pays des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, rapporte l’AFP. Le gouvernement britannique s’efforce de sauver cette mesure phare de sa politique contre l’immigration illégale, après le camouflet infligé mi-novembre par la Cour suprême britannique qui a confirmé que son projet est illégal en l’état. 
 

Le nouvel accord a été signé à Kigali, la capitale du Rwanda, par le ministre de l’Intérieur britannique, James Cleverly, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta. «Nous avons poursuivi ce partenariat avec le Royaume-Uni parce que nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans cette crise de l’immigration clandestine», a assuré Vincent Biruta lors d’une conférence de presse, quand James Cleverly a déclaré avoir «une immense admiration pour le gouvernement rwandais, qui a reçu de nombreuses critiques». Ce nouveau traité «répondra aux préoccupations de la Cour suprême en garantissant notamment que le Rwanda n’expulsera pas vers un autre pays les personnes transférées dans le cadre du partenariat», a indiqué un peu plus tôt un communiqué du ministère de l’Intérieur, en réponse à l’une des principales inquiétudes des magistrats.
 

Après la décision de la Cour suprême, James Cleverly a assuré qu’un «traité juridiquement contraignant» serait signé avec Kigali pour apporter des garanties sur le sort des migrants expulsés du Royaume-Uni. Une fois signé, ce texte devra être ratifié par les Parlements britannique et rwandais.
 

Avant la signature de l’accord, le nouveau patron du Home Office s’est rendu sur le site du mémorial du génocide rwandais. «Il est clair que le Rwanda est un pays sûr, et nous travaillons à un rythme soutenu pour faire avancer ce partenariat afin d’arrêter les bateaux (qui traversent la Manche, ndlr) et sauver des vies», a observé James Cleverly, cité dans ce communiqué.

Les hauts magistrats britanniques ont rejeté, le 15 novembre, l’appel du gouvernement de Rishi Sunak et jugé que c’était à juste titre que la cour d’appel a conclu que le Rwanda ne pouvait être considéré comme un pays tiers sûr.
Aussitôt après la décision de la Cour suprême britannique, Kigali a déclaré «contester la décision selon laquelle le Rwanda n’est pas un pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile et les réfugiés». Le Rwanda est dirigé de facto d’une main de fer depuis 1994 par Paul Kagame. «J’en ai assez que notre politique avec le Rwanda soit bloquée», a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak dans une interview, lundi soir, au Sun.

 En plus du traité, le gouvernement britannique introduira une «législation d’urgence» au Parlement pour désigner le Rwanda comme un pays sûr et ainsi «mettre fin à ce manège», a-t-il précisé. Suite au revers des magistrats britanniques, le ministre de l’Intérieur a défendu la «transformation miraculeuse» du Rwanda et dit avoir perçu dans certaines des critiques «des attitudes paresseuses parce que c’est un pays  africain».
 

Largement distancé dans les sondages par l’opposition travailliste pour les élections législatives attendues l’année prochaine, le gouvernement conservateur s’efforce d’afficher une ligne ferme pour faire baisser l’immigration, qu’elle soit légale ou clandestine. Il a annoncé lundi un nouveau tour de vis sur l’immigration légale, augmentant le salaire minimum requis pour travailler au Royaume-Uni et mettant fin au rapprochement familial pour les soignants. 
 

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