L'affaire qui secoue actuellement l'entité sioniste met en lumière non seulement les maux et la crise de valeurs qui gangrènent cette société, mais également l'effondrement moral auquel elle est confrontée.
Elle expose la fragilité de ce qui est pompeusement désigné par les médias occidentaux comme «la seule démocratie du Moyen-Orient» face à la montée des groupes fascistes soutenus par le gouvernement israélien. Elle illustre, si besoin était, l'appui systématique des exactions les plus terribles commises par des soldats réservistes tant qu'elles sont perpétrées par des juifs. L'affaire en question concerne des soldats accusés d'avoir torturé et violé un détenu palestinien dans la prison de Sde Teiman. Suite à une enquête de la police militaire israélienne, les suspects ont été arrêtés. Cependant, des députés israéliens ont dénoncé cette arrestation, prenant d'assaut la base militaire dans le Néguev et provoquant une émeute qui a exacerbé la crise politique.
Les faits remontent à lundi dernier, lorsque la police militaire israélienne a arrêté neuf réservistes à Sde Teiman, soupçonnés, selon plusieurs médias israéliens, d'avoir sodomisé un prisonnier palestinien. Ce dernier a été hospitalisé après avoir subi de graves blessures au rectum, le laissant incapable de marcher. L'armée s'est contentée d'évoquer «des abus sérieux».
A l'arrivée de la police militaire, les soldats ont d'abord contesté l'arrestation des neuf réservistes. Puis, des groupes d'extrême droite religieuse ont appelé leurs partisans à se rendre en masse vers la base. La police, sous la direction d'un ministre ultranationaliste, Itamar Ben Gvir, n'a pas barré l'accès. Les parlementaires israéliens Zvi Soukkot et Amichai Eliyahou, issus de la même mouvance, ont galvanisé cette petite foule. Dans la soirée, des groupes de manifestants ont pénétré dans une seconde base à Beit Lid, en Cisjordanie occupée, où les réservistes étaient interrogés. Ils ont envahi le bâtiment du tribunal militaire et un centre de détention, repoussant les soldats aux cris de «traîtres».
Parmi les manifestants, se trouvaient des hommes masqués, armés et en uniforme, certains arborant l'insigne de la Force 100, une unité accusée de multiples violences sur les détenus. Tally Gotliv, une parlementaire du Likoud, le parti de droite au pouvoir, a encouragé les émeutiers à l'extérieur, accompagnée de deux autres députés d'extrême droite.
«Torture généralisée»
Si la parenté de la prison de Sde Teiman avec les sinistres Abou Ghraib et Guantanamo sont documentées et établies, le débat public israélien a maintenu ces abus et la morale au second plan, se concentrant sur la défense de leurs soldats soupçonnés de viol collectif. Au menu des déclarations immondes proférées par les Israéliens, l’on retrouve notamment celles d’un avocat, Ephraim Dimri, qui affirme que le Palestinien agressé à Sde Teiman était «l'un des terroristes avec le plus de sang sur les mains. Il devrait subir la peine de mort et être torturé» ou encore les propos du ministre de la Justice, Yariv Levin (Likoud), qui s'est dit «choqué de voir de douloureuses photographies de soldats arrêtés», estimant «impossible d'accepter cela».
Le chef du comité des affaires étrangères et de sécurité au Parlement, Yuli Edelstein (Likoud), a convoqué une réunion d'urgence pour dénoncer ces arrestations. «Nos soldats ne sont pas des criminels», affirmait-il, toute honte bue. Dans un communiqué succinct, le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a appelé au calme, condamnant fermement l'intrusion dans la base. Peu avant, son fils Yaïr avait qualifié de «criminelle antisioniste» la procureure militaire qui a ordonné les arrestations. Et le chef d'état-major, Herzi Halevi, a enfoncé le clou en se rendant à la base de Beit Lid pour «soutenir ses soldats».
Le chef du Parti travailliste israélien a, pour sa part, appelé à incarcérer les membres de la Knesset qui ont pris d'assaut la base militaire dans le Néguev. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu «porte une responsabilité directe dans la création de milices armées dont l'objectif est de saper les fondements de l'Etat de droit», a déclaré Yaïr Golan sur X. Il a condamné cet assaut des membres de la Knesset israélienne comme une tentative de «transformer l'armée israélienne en milices armées». «Les élus qui ont pris d'assaut Sde Teiman doivent aller en prison», a déclaré Golan.
Il est à rappeler que le centre de détention de Sde Teiman est connu pour être un lieu de non-droit, inaccessible aux organisations humanitaires. Il a été aménagé pour incarcérer des Palestiniens arrêtés dans la bande de Ghaza après le début de la guerre. A la mi-juillet, Amnesty International (AI) avait exhorté Israël à cesser de placer «au secret» des Palestiniens et de les soumettre à une «torture généralisée» dans ses geôles.
L'ONG avait indiqué avoir recueilli des informations sur 27 Palestiniens qui ont tous déclaré à AI avoir été soumis à des actes de torture et à d'autres «traitements cruels, inhumains ou dégradants». D'anciens détenus et des médecins ont rapporté des abus systématiques d'une extrême gravité. Des détenus, entravés durant de longues périodes, ont dû être amputés. Les privations de sommeil y sont fréquentes, tout comme les bastonnades. Des tortures sexuelles y ont été documentées.
L'armée d'occupation israélienne a tardivement affirmé avoir lancé des enquêtes criminelles après la mort de 36 détenus dans cette prison, sous la pression de la Cour pénale internationale de La Haye pour des faits relevant de crimes de guerre. Amel Blidi
Khan Younès : 300 martyrs depuis le début de l'invasion
Au moins 300 Palestiniens sont tombés en martyrs depuis le début de l'invasion terrestre de l'occupant sioniste, lancée le 22 juillet, contre le gouvernorat de Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, a indiqué hier la Défense civile de l'enclave palestinienne. «Depuis le début de l'invasion terrestre (sioniste) des régions orientales du gouvernorat de Khan Younès, le 22 de ce mois, environ 300 martyrs ont été récupérés», a indiqué la Défense civile de la bande de Ghaza dans un communiqué, relevant qu'une grande partie des corps des martyrs sont dans un état de décomposition. «Les forces d'occupation ont bombardé 31 maisons habitées et nos équipes sont toujours à la recherche des personnes disparues», ajoute la même source. Lundi, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avait souligné que les partenaires de l'ONU dans le domaine humanitaire estiment que plus de 190 000 Palestiniens ont été déplacés cette semaine de Khan Younès et Deir Al Balah depuis l'ordre d'évacuation émis par l'occupant sioniste le 22 juillet, tandis que des centaines sont toujours bloqués à l'est de Khan Younès. Le bureau onusien a également indiqué que les récents ordres d'évacuation et la poursuite de l'agression sioniste contre la bande de Ghaza ont affecté les opérations de secours et sapé les efforts visant à fournir l'assistance nécessaire aux civils à Khan Younès. Les forces d'occupation sionistes poursuivent leur agression contre la bande de Ghaza, par voies terrestre, maritime et aérienne, depuis le 7 octobre 2023, faisant 39 400 martyrs, dont une majorité de femmes et d'enfants, et 90 996 blessés, tandis que des milliers de victimes se trouvent toujours sous les décombres.
Illégalité de l'occupation : Des rapporteurs onusiens saluent l'avis de la CIJ
Des rapporteurs des Nations unies ont salué, hier, l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) confirmant l'illégalité de l'occupation de l'entité sioniste des Territoires palestiniens, le qualifiant «d'historique pour le peuple palestinien et le droit international». Dans un communiqué commun repris par des médias, le rapporteurs onusiens espèrent que cet avis «historique» constituera un nouveau départ pour parvenir à la paix et donner au peuple palestinien le droit à l'autodétermination. Ils ont, par ailleurs, déploré le fait que «I'entité sioniste a intensifié ses attaques contre les civils et les ressources naturelles à Ghaza», à la suite de l'avis de la CIJ. Le 19 juillet,
la CIJ a tenu une audience publique à La Haye, concernant la demande de l'Assemblée générale des Nations unies au tribunal d'émettre un avis consultatif sur les conséquences juridiques
des politiques et pratiques de l'entité sioniste dans le territoire palestinien occupé, y compris à El Qods-Est. La CIJ a déclaré que «la présence continue de l'entité sioniste dans les territoires palestiniens occupés est illégale», soulignant que les Palestiniens ont le droit à l'autodétermination et que «les colonies sionistes existantes dans les territoires occupés doivent être évacuées». Les rapporteurs spéciaux de l'ONU font partie du processus connu sous le nom de mécanismes spéciaux du Conseil des droits de l'homme et travaillent de manière volontaire et indépendante. Les mécanismes spéciaux indépendants du système des droits de l'homme des Nations unies traitent de la situation d'un pays particulier ou de problèmes spécifiques dans certaines régions du monde.