Île de Taïwan : Taipei mène des exercices de tir de missiles sur un site sensible

21/08/2024 mis à jour: 19:36
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Le système de défense taïwanais permet d’améliorer la préparation au combat général des troupes - Photo : D. R.

Taïwan, qui accroît sa défense de manière constante ces dernières années, a procédé à des achats onéreux d’armement et augmenté son budget en matière de défense.

L’armée taïwanaise a procédé hier à des exercices de tir de missiles pour simuler l’interception de munitions et chasseurs ennemis sur un site d’essai sensible de l’île autonome, qui cherche à renforcer sa «préparation au combat» face à la Chine, rapporte l’AFP.

L’armée a tiré des missiles Sky Bow III, produits localement, et Patriot II américains depuis sa base de Jiupeng, dans le comté méridional de Pingtung. «Tous les missiles tirés aujourd’hui ont atteint leurs cibles comme prévu. Cela démontre donc (...) que l’entraînement de nos officiers et soldats est très solide», s’est félicité face aux médias le porte-parole du ministère de la Défense, Sun Li-fang.

A l’aube, des soldats ont mis à feu ces deux types d’engins tandis que d’autres, des RIM-66 Standard, étaient lancés depuis une frégate au large.

L’exercice consistait en premier lieu à améliorer «la préparation au combat générale» des troupes taïwanaises, a explicité Kao Shu-li, colonelle au sein de la division chargée de la défense pour l’armée de l’air. «Nous avons la capacité, la confiance et la détermination à défendre notre pays, à défense notre espace aérien», a ajouté le lieutenant Cheng Yong-ru, qui a dirigé un bataillon durant les manœuvres.

Pékin revendique Taïwan, qu’il considère comme une partie de son territoire, et a renforcé la pression militaire sur l’île en envoyant dans ses alentours des drones, des avions de chasse ainsi que des navires. 
Taïwan, qui accroît sa défense de manière constante ces dernières années, a procédé à des achats onéreux d’armement et augmenté son budget en matière de défense.

Le ministère taïwanais de la Défense a affirmé que cinq aéronefs et 11 navires chinois ont été repérés autour de l’île durant les 24 heures. De son côté, un haut responsable du Parti communiste chinois a déclaré hier au cours d’une conférence à Hong Kong que son pays est confiant dans l’option  qu’il y aura une «réunification complète» avec Taïwan.

Plus de 1200 responsables politiques et personnalités prochinoises du continent, de Hong Kong, de Taïwan et d’outre-mer ont participé à cette réunion annuelle intitulée «Promouvoir la réunification pacifique de la Chine». «Aujourd’hui, (...) nous sommes plus confiants et plus capables que jamais d’achever la réunification», a lancé Shi Taifeng, le chef du département du Front uni du travail (UFWD).

L’UFWD, qui a organisé cette rencontre, est chargé de dialoguer avec les minorités ethniques, les groupes religieux et les Chinois d’outre-mer sur les questions liées à Hong Kong, à Macao, au Tibet, au Xinjiang et à Taïwan.

Il a averti que la situation actuelle dans le détroit de Taïwan était «grave et complexe», en rendant responsables le gouvernement du nouveau président taïwanais Lai Ching-te et son Parti démocrate progressiste, qui «incitent sans raison à la confrontation entre les deux rives».

«Mais le temps et les événements jouent toujours en faveur de ceux qui prônent la réunification nationale», a-t-il estimé. Et d’ajouter : «Nous devons (...) maintenir notre esprit combatif, oser assumer nos responsabilités et (...) toujours rester vigilants face aux faits et gestes des forces indépendantistes taïwanaises et des forces d’ingérence extérieures.»

«Intérêts fondamentaux»

La Chine, qui entretient une présence militaire quasi quotidienne autour de Taïwan avec le déploiement d’avions de chasse, de drones et de navires de guerre, qualifie le président Lai Ching-te de «dangereux séparatiste» du fait qu’il prône l’indépendance  de l’île.

En juillet, La Chine a indiqué avoir suspendu des discussions avec les Etats-Unis sur le contrôle des armes et la non-prolifération nucléaire, précisant que cette décision venait en représailles à des ventes d’armes par Washington à Taïwan. Pékin dénonce régulièrement les ventes d’armes américaines à l’île et toute action de Washington donnant à Taïwan un semblant de légitimité internationale.

En juin, les Etats-Unis ont approuvé deux ventes de matériel militaire à Taïwan d’une valeur totale d’environ 300 millions de dollars (274 millions d’euros). «Les Etats-Unis ont ignoré la ferme opposition de la Chine (...) et pris une série de mesures qui portent gravement atteinte aux intérêts fondamentaux» du pays asiatique, a souligné devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian.

«C’est pourquoi la Chine a décidé de suspendre les négociations avec les Etats-Unis en vue d’un nouveau cycle de consultations sur le contrôle des armes et la non-prolifération» nucléaire, a précisé le porte-parole, qui était interrogé sur des discussions à ce sujet entre Pékin et Washington.

Par ailleurs, La Chine a estimé hier que les Etats-Unis n’ont «aucun droit» de se mêler des affaires en mer de Chine méridionale, après la condamnation par Washington d’un nouvel accrochage entre des navires chinois et philippin près d’un atoll disputé. La Chine revendique une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale, où d’autres pays riverains, dont les Philippines, ont des prétentions concurrentes.

Des navires battant pavillon chinois et philippin sont entrés lundi en collision près d’un récif disputé. Les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité de l’incident, imputé par Washington à des «actions dangereuses» de Pékin.

«Ces actions sont les derniers exemples en date de mesures dangereuses menant à l’escalade (de la Chine) pour faire valoir ses revendications illégales d’expansion maritime en mer de Chine méridionale», a critiqué lundi Vedant Patel, porte-parole du département d’Etat américain.

«Les Etats-Unis ne font pas partie de la mer de Chine méridionale et n’ont (par conséquent) aucun droit d’intervenir dans les différends maritimes de la Chine et des Philippines», a rétorqué hier Mao Ning, une porte-parole de la diplomatie chinoise. «Les Etats-Unis doivent cesser (...) d’aggraver les tensions», a fustigé la porte-parole, qui était interrogée sur les déclarations américaines lors d’un point presse.

Ces derniers mois, les tensions Chine-Philippines ont atteint des niveaux inégalés depuis plusieurs années. Les confrontations verbales et physiques ont notamment été fréquentes autour de l’atoll Second Thomas. Des soldats philippins y sont stationnés sur un navire militaire qui a été volontairement échoué par Manille en 1999 pour affirmer ses prétentions de souveraineté.

Selon Manille, l’incident de lundi est le premier dans une autre zone, où les Philippines redoutent que la Chine soit sur le point de construire une île artificielle. Il s’est produit près de l’atoll Sabina, situé à 140 kilomètres à l’ouest de l’île philippine de Palawan. 

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