Mustapha Sâadoun (1918-2009) était un moudjahid et journaliste d’Alger-républicain, originaire de Cherchell. Son parcours était marqué par des actes courageux et héroïques pendant la guerre de libération nationale contre le colonialisme français en Algérie. Il a joué un rôle significatif dans la lutte pour l’indépendance de son pays.
Mustapha Sâadoun était le dernier survivant du fameux accrochage du 5 juin 1956. Cet affrontement avait opposé un commando algérien aux miliciens du bachagha Boualem, soutenus par l’armée coloniale, dans la région du Djebel Deraga, à El Karimia (Chlef).
Il était connu pour être ami avec des Français qui avaient rejoint la cause nationale, tels que Fernand Yveton, Maurice Laban, Henri Maillot et Henri Alleg.Mustapha Sâadoun a vécu dans la clandestinité en tant que membre de l’Armée de Libération Nationale (ALN).
Un document datant d’avril 1953 et signé par le commissaire de la police coloniale française, Yves Coste, mentionne une critique virulente de Sâadoun lors d’une réunion de militants algériens. Dans ce document, il exigeait la paix au Vietnam, l’abolition des communes mixtes et du caïdat, et revendiquait l’officialisation de la langue arabe. Il critiquait également la politique de paix poursuivie par la Russie et dénonçait l’impérialisme américain, anglais et français.
Sâadoun Mustapha a également critiqué des personnes qui empêchaient la tenue de rassemblements pour les populations algériennes et a dénoncé la misère dans sa commune de Cherchell. Il a pointé du doigt la construction d’une villa coûteuse au profit de l’administrateur-adjoint de la commune et l’exploitation des terrains agricoles du Chenoua par le maire Baretaud, le garde-champêtre et des chefs de fraction des douars de la commune.
Il connaissait personnellement les militants des maquis des montagnes de l’Atlas blidéen, du Dahra, de la Mitidja et du Chenoua. Il a été celui qui a réceptionné les armes détenues par l’aspirant Henri Maillot et a réussi à échapper à un mitraillage des soldats français en 1956.
Il s’est ensuite replié vers la base Ouest de l’ALN au Maroc, dans la région d’Oujda.
En 1961, Sâadoun Mustapha a été invité au Kremlin à Moscou pour être décoré par le célèbre cosmonaute Youri Gagarine, qui revenait de son voyage dans l’espace. Les responsables russes ont exprimé leur reconnaissance envers ce combattant algérien qui avait sacrifié sa vie pour l’indépendance de son pays.
Le commandant de l’ALN et chef de la wilaya IV, Lakhdar Bouregâa, entretenait un lien fort avec Sâadoun Mustapha. Une rencontre historique a eu lieu à Cherchell, enrichie par une anecdote jamais révélée ailleurs.
Il est dommage que l’ignorance des responsables locaux de l’Organisation Nationale des Moudjahidine (ONM) continue à affecter la reconnaissance de l’histoire de cette partie de la wilaya de Tipasa. Le président Tebboune a cependant insisté sur l’importance d’écrire l’authentique histoire du pays.