Yacine Benziada est un inventeur qui a les idées plein la tête. Agé de 45 ans, ce génie de la mécanique passe le gros de son temps à lire les brevets d’invention relatifs au domaine de l’industrie automobile. Après le moteur à arbre à cames dont le prototype est en marche, Yacine s’est lancé de nombreux autres défis.
Depuis quelques années, il mène des recherches très poussées pour développer de nouvelles pièces et mécanismes à présent inexistants sur le marché, tels qu’un moteur à double carburant, une boîte à vitesse électro-hydromécanique et un ralentisseur poids lourd hydromécanique.
Mais c’est surtout ce dernier qui lui tient à cœur. «Le projet est déjà finalisé. Il s’agit, en fait, d’un mécanisme qui vient en appui au système de freinage. Il est utilisé surtout dans les longues descentes. Mon invention est fin prête. Il ne me reste que le brevetage. Et j’espère que l’Etat ou un de nos grands industriels la traduira dans les faits », lance-t-il avant de détailler le motif et l’objet de sa création.
« Si je me suis penché sur ce mécanisme, c’est parce que j’ai beaucoup d’amis qui ont trouvé la mort dans des accidents de la route à cause de défaillances du système de freinage de leurs camions. Ce problème me hante depuis ma tendre jeunesse », relate-t-il avec un brin d’émotion. Ses recherches ont abouti au fait que le ralentisseur de la maison ZF, le plus utilisé dans le monde, perd souvent son rôle dans les longues descentes ou quand le camionneur dépasse la charge autorisée.
Contrairement au ralentisseur qu’il a conçu qui, lui, est très efficace, facile à fabriquer et à monter mais aussi moins coûteux que celui utilisé actuellement, assure-t-il. Yacine devait signer un contrat avec une importante institution de l’Etat pour produire le premier prototype et le tester sur leurs camions.
Ce partenaire qu’il préfère ne pas dévoiler s’était engagé à mettre ses ateliers et une équipe d’ingénieurs à sa disposition et d’allouer une enveloppe de 4 millions de dinars pour fabriquer le prototype. Tout est tombé, hélas, à l’eau après l’avènement du hirak, regrette Yacine, désabusé.
Selon lui, le ralentisseur est placé au niveau du pont séparant les roues arrière des camions. Il est tellement important que les engins qui en sont dotés coûtent 3 millions de dinars de plus par rapport à ceux qui en sont dépourvus. Aujourd’hui, tout le monde sait que les ralentisseurs disponibles sur le marché sont moins performants et cèdent facilement sous l’effet de la chaleur et lorsqu’il est très sollicité.
D’où les fréquents accidents de camions qui se produisent notamment au niveau des descentes de nos autoroutes comme à Bouira ou à Khemis Miliana, explique encore Yacine, précisant que son dispositif, en revanche, est hydromécanique. Il permet, selon lui, la synchronisation des différents mouvements des pistons grâce à un liquide hydraulique comme moyen de transmission de puissance dans tout le circuit. «Il est impeccable. Il peut arrêter n’importe quel camion au niveau de l’autoroute la plus pentue qui puisse exister », se félicite-t-il. Notre inventeur insiste sur le fait que son ralentisseur est très facile à fabriquer et souhaite que l’Etat prenne son projet sérieusement en main.
Pour lui, si l’Algérie n’arrive pas à le fabriquer, elle peut néanmoins vendre la licence à une marque étrangère et encaisser des marges sur chaque ralentisseur qui sortira des usines.