Après un début de carrière chaotique, Bebé éclate enfin à 33 ans à la CAN, avec un but de 40 m et une opportunité historique pour le Cap-Vert d’atteindre une demi-finale, à condition de battre l’Afrique du Sud, samedi (21h00) à Yamoussoukro.
«C’est vrai que les (deux) coups francs que j’ai frappés m’ont plutôt réussi», dit-il à l’AFP à propos notamment de sa frappe de 40 m qui a crevé l’écran contre le Mozambique (3-0) en phase de poules. Quelques minutes plus tôt, il avait déjà touché la barre, de la même distance. «Les deux coups francs étaient dans une zone où je me sens à l’aise. Ils étaient loin mais je n’hésite jamais à frapper depuis de telles distances. J’ai eu pas mal de réussite pour que le second», a commenté Bebé.
Ce coup d’éclat a braqué les projecteurs sur un joueur arrivé tardivement en sélection, en mars 2022. Le puissant buteur (1,90 m) a mis du temps à se fixer, après un début de carrière où on a trop attendu de lui. Arrivé à Manchester United, à 20 ans, il ne joue que sept matches, est prêté au Besiktas Istanbul et se blesse gravement dès août 2011, victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou avec les Espoirs portugais lors d’un match amical contre la Slovaquie.
Depuis 2022 seulement - Tiago Manuel Dias Correia dit Bebé enchaîne alors les prêts, ne joue vraiment qu’au Paços de Ferreira en 2013-2014, puis se fixe au Rayo Vallecano, le club madrilène à l’éclair rouge sur le maillot, où il se trouve toujours, mais comme remplaçant cette saison. «Franchement, je me sens bien en Espagne», explique-t-il. «Je me sens à la maison, dans un championnat que j’aime.
Le football y est d’un très bon niveau, je suis vraiment heureux.» Mais il brille plus avec les «Tubarões Azuls» (les Requins Bleus), qu’il a rejoints en 2022 seulement. Il inscrit trois buts et délivre une passe décisive dès ses trois premiers matchs amicaux, contre la Guadeloupe (2-0), le Liechtenstein (6-0) et Saint-Marin (2-0). Bebé aurait pu jouer plus tôt pour le pays de ses parents et disputer d’autres CAN, mais il s’est heurté à de kafkaïennes administrations. «Il y a eu beaucoup de problèmes avec les papiers et des choses comme ça, mais ce n’est jamais trop tard pour être là où je suis maintenant, à défendre les couleurs du Cap-Vert, mon pays», résume-t-il. «J’espère le faire encore longtemps.»
«Quelque chose de grand»
«Pour l’instant, tout se passe bien, et si nous continuons comme ça, nous allons réussir quelque chose de grand», dit encore Bebé, avant le deuxième quart de finale de l’histoire du Cap-Vert, après 2013, pour leur toute première participation.
Désormais à 19 sélections (six buts), il est une des armes offensives de l’archipel situé à 600 km des côtes ouest-africaines, peuplé d’environ 600 000 habitants, avec l’ancien joueur du Havre et de Lille (L1), Ryan Mendes. «Il a aidé l’équipe à progresser, c’est exceptionnel d’avoir un joueur avec de telles capacités», dit le coach Pedro «Bubista» Brito.
«Nous sommes très contents de lui, il est vraiment très impliqué, et je pense même qu’il aurait pu marquer plus de buts, il s’entraîne beaucoup aux coups de pied arrêtés», ajoute le sélectionneur, en place depuis 2020 et qui a construit cette équipe, assez stable depuis son 8e de finale, il y a deux ans, contre le Sénégal.
«Il faut garder les pieds sur terre», tempère Bebé, né au Portugal de parents capverdiens. Cependant, quand on lui demande si le Cap-Vert peut viser le titre, il estime que «rien n’est impossible».