Un vibrant hommage a été rendu samedi à la Maison de la culture de Béjaïa à Mohand-Chérif Sahli (1906-1989), historien, philosophe, écrivain et militant de la cause nationale puis diplomate avant et après l’indépendance, avant d’occuper des postes importants dans l’administration, notamment directeur des Archives nationales. Pour autant, il reste peu connu de la nouvelle génération, alors que l’intelligentsia et des figures historiques et politiques du pays n’en finissaient pas de lui tresser des lauriers. Parmi les personnalités qui lui vouaient respect et admiration, elles, l’on compte, entre autres, Mouloud Kacem Naït Belkacem, Abdelhamid Mehri, Ali Haroun, Redha Malek, Cheikh Bouamarane et même le président Nelson Mandela et Chou En Lai, l’ancien chef de gouvernement chinois, lui ont tous confessé leur respect et leur admiration. L’homme, d’une humilité remarquable, «frappait par ses écrits, sa pertinence et son authenticité», a souligné, à ce titre, le professeur Djamil Aïssani, directeur de recherche au CNRPH (Alger) et président de Géhimab (groupe d’étude pour l’histoire des mathématique à Béjaïa), la société savante de Béjaïa, à l’origine de cet hommage. Pour en donner un aperçu, le professeur Aïssani a focalisé sur ses nombreux livres, notamment celui noué autour de l’impératif de «décoloniser l’histoire», publié aux éditions Maspero en 1964, qui a eu un succès retentissant et qui renseigne avec force sur son engagement nationaliste et patriotique et dans lequel il tord le cou à la thèse des bienfaits du colonialisme et à ses effets civilisateurs. Dans cette déclinaison, Djamil Aïssani polarise les autres ouvrages, dont Le message de Jughurta, écrit au lendemain des massacres du 8 Mai 1945, suivi en 1949 de L’Algérie accuse, puis Complot contre les peuples africains (1950) et Le faucon captif, dans une collection achevée sur l’Emir Abdelkader : mythes français et réalités algérienne, qui vient auréoler un autre ouvrage sur le même personnage, intitulé Abdelkader, le chevalier de la foi.
Le personnage à lui seul est livresque et ses écrits tournent tous autour de la nécessité de la souveraineté et de l’émancipation du pays. Il a eu à cœur de montrer scientifiquement et historiquement la profondeur de l’Etat national, que le colonialisme a tenté d’estomper, voire d’effacer.
«Il réalise une analyse critique des thèses de certains historiens occidentaux. Cette analyse dépasse d’ailleurs le cadre de l’Algérie pour englober toute l’Afrique colonisée et martyrisée», a souligné ainsi le professeur Aissani.
Un débat a suivi cette conférence hommage, où d’éminents professeurs sont intervenus pour soutenir des affirmations, ou pour soulever des aspects de ce valeureux personnage.