Il est impossible de gérer un groupe de 25 entreprises, dont chacune compte de 5 à 6 usines, par un seul PDG.» La déclaration émane du ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, lors de son passage, le 27 avril dernier, au forum de la Chaîne 1 de la Radio nationale.
Une déclaration qui s’apparente à un aveu d’échec de la gestion du secteur public, qui a pourtant subi de nombreuses restructurations sans pour autant réaliser la performance tant attendue pour un secteur qui consomme annuellement d’importantes enveloppes financières pour les opérations d’assainissement. A travers une telle déclaration, le ministre a en effet mis le doigt sur la question cruciale de la gestion du secteur économique public. Une question qui fait objet de débats intenses ces dernières années mais qui tarde à être efficacement prise en charge.
Les exemples de l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (Eniem) et de l’Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE), qui n’ont pu renouer avec la production qu’après que l’Etat leur ait versées des aides, illustrent clairement l’engrenage des difficultés dans lesquelles se débat le secteur public. Aussi, le fait que 60% de l’outil de production industrielle publique sont à l’arrêt en 2023 est un autre indicateur de la faible contribution du secteur dans le développement économique du pays.
Cahier des charges
Le ministre de l’Industrie a déjà présenté cette situation lors de son dernier passage au forum d’El Moudjahid en condamnant l’organisation du secteur public en grands groupes. Et voilà qu’il revient aujourd’hui sur la question. Une manière d’insister sur les raisons à l’origine de l’amoncellement des difficultés au sein des entreprises publiques au nombre de 174 000 (sur 1,2 million d’entités) qui emploient, selon les chiffres du ministre, 94 000 travailleurs.
D’où aussi les menaces persistantes sur les salariés. En plus de la sauvegarde de ces entreprises, il y va aussi de la préservation des emplois, notamment au niveau des entreprises industrielles qui ont réalisé, toujours selon le ministre, un chiffre d’affaires de 500 mds DA. Parallèlement, les exportations ont atteint au cours de cette période environ 450 millions de dollars, un chiffre réalisé principalement par la société Algérian Qatari Steel.
La part des sociétés nationales publiques industrielles dans ce cadre reste insignifiante. Face à une telle situation marquée par la faiblesse des performances, le département ministériel a élaboré une feuille de route pour le développement des filières industrielles à fort potentiel, notamment l’industrie de transformation, l’industrie mécanique, la sidérurgie, l’industrie pharmaceutique ainsi que le textile et le cuir. Cette branche a, pour rappel, subi un coup dur par le passé, «en raison de l’ouverture des importations au détriment du produit local», comme l’a rappelé le ministre.
La stratégie adoptée s’appuie sur les contrats de performance qui visent à optimiser la gestion des entreprises. Ces contrats, mis en œuvre fin 2023, «commencent à donner leurs fruits», selon le ministre. La démarche consiste, par ailleurs, à optimiser la gestion des zones industrielles au nombre de 120 zones, à travers «la restructuration du groupe Divindus en créant des filiales, dont chacune sera chargée de gérer les zones industrielles dans tout le pays, à l’effet d’améliorer la gestion», a encore indiqué M. Aoun.