Par quelques phrases seulement, postées le 13 avril sur son compte Facebook, elle a provoqué une polémique qui a atteint l’hémicycle, poussant un député MSP à interpeller le Premier ministre, Nadir Larbaoui, sur ce qu’il a qualifié de «graves dérives».
Il s’agit de la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Ibtissem Hamlaoui, qui a animé, hier, une conférence de presse à Alger, pour mettre en exergue les résultats des activités de l’organisation qui «ne doivent pas être cachés par une polémique sans importance», a-t-elle souligné. Mme Hamlaoui, faut-il le rappeler, avait écrit sur la Toile : «Le CRA est une organisation humanitaire qui appartient à un mouvement humanitaire international. Il travaille avec des institutions humanitaires et les Etats et non pas avec les mercenaires et les sous-traitants de la guerre. Toutes les aides collectées sont en nature. Nous n’avons pas ouvert le créneau de collecte de fonds. Dieu merci, depuis le début de l’agression, près de 420 tonnes d’aides ont été acheminées par les forces aériennes algériennes et réceptionnées par le Croissant-Rouge palestinien.»
La déclaration, qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux avant que le président du groupe parlementaire, le député Ahmed Sadouk du MSP, ne mette le pied dans le plat en interpellant le Premier ministre : «Ce sont des déclarations et des accusations irresponsables contre les organismes et associations nationaux algériens qui agissent sous le parrainage de l’Etat et en coordination avec les organismes palestiniens officiels, qui soutiennent la population de Ghaza depuis les premiers jours de l’agression sioniste», réfutant les accusations de «mercenaires» et de «courtiers de guerre».
Le député est allé plus loin : «De telles déclarations et accusations irresponsables nuisent à l’Algérie, saperaient le consensus national en faveur de la cause palestinienne et jetteraient le doute sur la position officielle de soutien à la résistance, exprimée et confirmée par le président de la République à plusieurs fois (…). Elles constituent une opportunité d’exploitation externe par de nombreuses parties tapies en Algérie en échange de ses positions honorables sur la question palestinienne.»
«Un bond qualitatif et quantitatif réalisé»
Le député a affirmé à la fin que la présidente du CRA «doit être comptable de ses propos devant les institutions de l’Etat». En réponse à ces propos, Mme Hamlaoui a déclaré : «Je suis responsable de mes écrits, mais pas des interprétations qu’on en fait. Le Croissant-Rouge algérien fait d’énormes efforts que nous ne pouvons cacher avec cette polémique. Je refuse que tous les résultats exceptionnels obtenus soient dissimulés ou cachés par cette polémique.»
C’est avec ces quelques phrases que Mme Hamlaoui a voulu clore le débat en priant les professionnels des médias d’«éviter de revenir sur le sujet». Pour elle, «il est plus important de mettre en lumière les bilans exceptionnels de l’organisation que de se focaliser sur une polémique», précisant en outre que «les efforts de l’Algérie à l’intérieur du pays et à l’international, notamment en Palestine, sont indivisibles et que le moment n’est pas propice aux débats et aux interprétations».
Elle a rendu hommage aux comités régionaux et locaux du Croissant-Rouge et aux donateurs grâce auxquels, a-t-elle affirmé, «un bond qualitatif et quantitatif a été réalisé, jamais obtenu au cours du mois de Ramadhan», avant de préciser que l’aide humanitaire collectée destinée à l’étranger a atteint 3000 tonnes, dont 420 tonnes pour Ghaza, «le reste a été envoyé en Turquie, Syrie et Libye.
En Algérie, le CRA a collecté 90 tonnes d’aide pour les camps de réfugiés sahraouis, et 400 tonnes pour les migrants illégaux. De même que nous avons décidé de consacrer 10% de nos collectes d’aides humanitaires aux détenus. Nous n’avons jamais atteint un tel volume d’aides. Cela a été possible en raison de la participation des donateurs et du travail de nos volontaires au niveau des comités».
La présidente a précisé, en outre, que l’organisation qu’elle dirige «ne perçoit pas de subvention de l’Etat et dépend entièrement de la collecte». Interrogée sur la collecte d’aides, la présidente a expliqué que le CRA perçoit uniquement des aides en nature et pas de fonds : «Moi-même j’ai rejeté des offres financières d’associations et de donateurs parce que nous sommes une organisation à but non lucratif et nous le resterons. La collecte de fonds pose de nombreux problèmes. Les dons en nature nous permettent d’éviter les agissements de certains opportunistes qui portent le gilet du CRA pour collecter de l’argent en son nom.
De toute façon, au CRA nous n’avons aucune procédure ou mécanisme pour distribuer de l’argent.» Mme Hamlaoui est revenue par ailleurs sur les opérations de remise du couffin de Ramadhan, des tenues de l’Aïd pour les enfants, de repas de rupture du jeûne collectif, etc.