C’est sur dénonciation de voisins que, vers 18h, la brigade paramilitaire du commerce a fait sa descente dans un hangar de banlieue. En quelques minutes, l’opération a été rondement menée, gaz lacrymogène, tasers et napalm, et c’est ainsi que le dangereux gang de l’huile a été mis hors d’état de nuire afin que les citoyens épuisés par les pénuries puissent dormir tranquilles.
Dehors, une foule s’est rassemblée pour féliciter la brigade du commerce, l’Etat et l’ONU pour leur rapide et efficace intervention et, au passage, quelques mineurs qui avaient sur eux une bouteille d’huile ont été ramassés et placés dans le centre de redressement de la jeunesse à Boughzoul, comme le stipule la Constitution.
Puis, Kamel Rezig, qui était avec la brigade, a fait le tour des hommes menottés en leur rappelant leurs droits, à savoir que tout ce qu’ils pourront dire ne sera jamais entendu par qui que ce soit, et les a fait embarquer dans un fourgon de police de gros pour atteinte à la sécurité de l’Etat.
Quelques-uns ont vaguement protesté, jurant qu’ils ne font pas de politique comme Fethi Gharès du MDS, mais Kamel Rezig leur a rappelé que la loi est très claire, tout propriétaire d’un bidon d’huile doit avoir sur lui la facture d’achat, le bon d’analyse chimique de sa composition, une autorisation de la daïra, la signature d’un huissier de justice, une photocopie de son extrait de naissance et un certificat de nationalité.
Une fois les cartons d’huile saisis qui cachaient en fait aussi du lait qui cachait du pain qui cachait des yaourts, une fois le hangar passé au gel hydroalcoolique puis brûlé, la brigade du commerce a cherché à savoir qui était le chef du gang.
Tous les inculpés ont désigné un bureau au fond du hangar, censé être celui du parrain de la zit connexion, le capo di tutti capi. Kamel Rezig s’est rué le premier, suivi de ses agents lourdement armés. Mais au dernier moment, le chef du gang de l’huile leur a «glissé» entre les mains et s’est enfui. Ce qui était évidemment à prévoir.