Les prix du pétrole ont fini en légère hausse jeudi, toujours poussés par de bons indicateurs chinois et un sursaut de la demande américaine d’essence, mais ne parviennent pas à s’extraire du couloir dans lequel ils évoluent depuis plusieurs mois.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a gagné 0,52%, pour clôturer à 84,75 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en avril, a lui pris 0,60%, à 78,16 dollars. Les deux références du pétrole restaient orientés par le premier signe concret, mercredi, de reprise économique de la Chine, aperçu dans deux indices d’activité PMI pour février très supérieurs aux attentes. «Il semble que la réouverture de l’économie, après près de trois ans de blocage rigide, commence à porter ses fruits», souligne Tamas Varga, de PVM Energy.
Les opérateurs se satisfaisaient également de la contraction des stocks américains d’essence et d’une hausse de la demande quotidienne, à plus de 9 millions de barils par jour pour la première fois depuis deux mois. Quant aux stocks de brut, ils ont augmenté pour la dixième semaine consécutive, mais moins qu’attendu, à 1,2 million de barils contre 1,9 anticipé. Depuis deux mois, les cours de l’or noir sont coincés dans une fourchette resserrée comprise entre 72 et 82 dollars pour le WTI, après avoir connu des oscillations brutales l’an passé. A l’embellie chinoise s’oppose une conjoncture mondiale très incertaine, minée par un resserrement monétaire général toujours en cours. «On est en position d’attente», explique Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, quant à la trajectoire de l’économie, mais aussi à l’ampleur effective du rebond chinois et aux effets des sanctions internationales sur les exportations russes.
Tamas Varga voit les prix rester dans ces marges étroites, car «l’inquiétude persistante concernant l’inflation freinera toute reprise prolongée dans un avenir proche». Des deux côtés de l’Atlantique, les derniers indicateurs témoignent d’une décélération de l’inflation bien moins rapide qu’espéré. Pour Edward Moya, d’Oanda, la résurgence récente du dollar joue aussi contre une appréciation plus marquée des cours du pétrole.
La majorité des contrats sur le pétrole sont libellés dans cette devise, et un dollar plus fort rend donc mécaniquement le prix du baril plus élevé, ce qui peut dissuader une partie de la demande et mettre les cours sous pression. La plupart des opérateurs voient néanmoins les cours prendre de la hauteur cet été avec la dissipation des incertitudes et finir l’année en trombe. Andy Lipow table ainsi sur un WTI autour de 90 dollars fin 2023, avec un Brent proche de 95 dollars.