Huawei , le fer de lance des télécommunications en Chine : Dans l’antre d’un géant mondial

01/08/2024 mis à jour: 20:22
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Shenzhen constitu est l'une des municipalités les plus riche de Chine

Sur invitation du gouvernement de la République populaire de Chine, nous avons visité un certain nombre de sociétés et entités économiques, ainsi que des infrastructures publiques implantées dans différents territoires de ce vaste pays de plus de neuf millions de kilomètres carrés.

 Nous avons donc fait partie d’une délégation composée de confrères de différents titres de la presse écrite, de l’ancienne ministre de la culture Meryem Merdaci et d’universitaires, du 12  au 22 juillet dernier, qui s’est rendue en premier lieu à Urumuqi (lire ouroumoutchi) la capitale du Xinjiang, ensuite à Guiyang la capitale de la province du Guizhou, à Shenzhen la capitale du Dongguan et au final Pékin avec un «pèlerinage» à la place Tiananmen et à la Grande Muraille de Chine.

De tout ce que nous avons visité dans le cadre d’un programme très chargé et riche, il ressort que c’est le consortium chinois des télécommunications Huawei qui occupe la place centrale, tant par sa dimension mondiale et ses innovations technologiques faisant appel à l’intelligence artificielle, qui nous ont été décrites par des experts, que par l’actualité nationale, étant donné que l’Algérie a décidé de conclure directement avec la société chinoise un contrat pour l’achat d’un data center depuis avril 2023. Une décision entérinée récemment par le Conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui donne donc le «feu vert» pour la réalisation du centre national algérien des prestations numériques sous l’égide du haut commissariat à la numérisation présidé par Meriem Benmouloud. 

 

 

«Parce que c’est beau»

L’objectif étant de parvenir à la gouvernance numérique, avec l’hébergement et la centralisation des données nationales, ainsi que l’introduction des technologies avancées, telles que l’IA et le «Big Data». L’entrée en matière pour nous faire connaître Huawei a été le cloud data center de Guiyang. C’est tout d’abord un joyau architectural, qui rappelle les palais de la renaissance en Allemagne et en Italie, au milieu d’un parc boisé de plusieurs hectares, bordé de sculptures imitant des œuvres du XVIIe et XVIIIe siècles et d’une majestueuse rivière avec des cascades. Quand le propriétaire de Huawei a été questionné sur le choix de cette architecture, il a simplement répondu : «Parce que c’est beau !»

A l’intérieur du principal édifice se trouve le «saint des saints» de la technologie développée dans les laboratoires du géant chinois des télécommunications. Nous avons eu ce privilège rarement accordé de le visiter en compagnie d’une autre délégation d’experts algériens en informatique et en économie, composée de Younes Grare, qui a installé internet à la rédaction d’El Watan en 1997, de Souheil Guessoum, ancien ingénieur de Microsoft aux Etats-Unis, de Djalal Bouabdallah, consultant en cybersécurité et développement digital, de Abderrahmane Hadef, consultant en économie, ainsi que de notre confrère Ahmed Lahri, spécialiste en communication. 

Autant vous dire que tout ce «beau monde» était émerveillé par la qualité du matériel et des solutions qui sont proposées. Le cloud data center de Guiyang est un centre de données de pointe conçu pour offrir des services de cloud computing et de stockage des données à grande échelle. On y trouve des centaines de serveurs de très haute capacité, une infrastructure réseau avancée pour assurer une connectivité rapide et fiable, incluant des réseaux optiques et des technologies de réseautage définies par logiciel et des technologies de visualisation pour optimiser l’utilisation des ressources, y compris les machines virtuelles, les conteneurs. 

Le cloud center data offre également des solutions avancées pour la protection des données, incluant le chiffrement, les pare-feu, la détection et la prévention des intrusions, ainsi qu’une architecture de haute disponibilité et de reprise après un sinistre afin de garantir la continuité des services. Le centre utilise des techniques écologiques pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2 par refroidissement. Les ingénieurs de Huawei nous ont appris que la rivière avec ses cascades est incluse dans le système de refroidissement. Autant dire que le centre est ultra sophistiqué, soutenu par une infrastructure robuste et des mesures de sécurité fiables. Les experts algériens se sont dits subjugués, estimant, pour la majorité d’entre eux, que le retard accusé par l’Algérie dans ce domaine précis des cloud data center peut être rapidement comblé dès lors qu’il y a une réelle volonté politique d’arrimer le pays à la modernité.

 

 

Un centre d’excellence

Le 18 juillet, nous nous sommes rendus à Shenzen, la capitale technologique de la Chine, pour une visite du centre de cybersécurité. Il s’agit, nous dit-on, d’un centre d’excellence axé sur la recherche et le développement, la surveillance et l’analyse des menaces, la formation, la collaboration et la fourniture de solutions de sécurité avancées pour protéger les infrastructures numériques contre les cyberattaques. Ouvert le 9 juin 2021, le centre de Shenzhen assure la sécurité de 1500 réseaux construits par Huawei, qui connectent plus de trois milliards de personnes dans 170 pays. Aucun de ces réseaux n’a connu d’incident de sécurité majeur. 

Cette avancée technologique de Huawei, créée en 1987, n’a pas été du goût des Américains, qui ont vite fait d’accuser le géant chinois d’espionnage et de lui mener une guerre totale aux Etats-Unis et en Europe. Le boycott des Américains sur les produits du consortium chinois n’a pas eu d’effets financiers importants, puisque Huawei demeure un des plus grands leaders mondiaux en matière d’équipement de télécommunication.

L’après-midi, nous nous sommes rendus à un autre point de la ville de Shenzhen, le Futian service center, un bâtiment gouvernemental qui utilise des équipements informatiques de Huawei. L’infrastructure propose aux citoyens chinois des services administratifs intégrés jusqu’à l’enregistrement de nouvelles entreprises. 
Un jeune étudiant chinois a retiré son permis de conduire en moins de dix minutes. Dans une sorte de caisson, il n’a fait que scanner des documents et s’est laissé prendre en photo. Nous nous sommes tous mis à penser qu’un jour il y aura ce genre de bâtiment intelligent au service des citoyens.


Le lendemain, rendez-vous a été pris avec le «J5 exhibition hall» situé au niveau du siège de Huawei à Shenzhen. C’est un centre d’exposition de pointe où la société chinoise présente ses dernières innovations technologiques. 
Il s’agit, entre autres, de démonstrations des capacités de la 5G, y compris les vitesses de transmission, des développements en matière de 6G et des autres technologies de communications futures, de l’utilisation de l’intelligence artificielle et des technologies Big Data pour diverses applications, ainsi que des solutions pour les villes intelligentes dans les secteurs des transports, de la sécurité publique et la gestion de l’énergie.

Huawei, avec ses 96 000 employés tous actionnaires de la société, a permis à la Chine de se propulser à la hauteur des principaux acteurs mondiaux des télécommunications. Une avancée technique et technologique qui profitera également à plusieurs sociétés privées et administrations locales à travers toute la Chine, et ce, dans pratiquement tous les domaines d’activités.

De notre envoyé spécial en Chine  Mohamed Tahar Messaoudi

 

 

 

 

 

Djallal Bouabdallah, expert en transformaton digitale  : «Le gouvernement a fait un choix judicieux» 

 

 

«Lors de ma visite en Chine, j’ai eu l’occasion de découvrir en profondeur la qualité des infrastructures de Huawei, notamment leurs data center. Huawei se distingue par son innovation constante et ses avancées technologiques, intégrant les dernières nouveautés en matière de matériel, de logiciels et de solutions d’efficacité énergétique. Leurs data center utilisent des technologies de refroidissement avancées et des systèmes de gestion de l’énergie, ce qui réduit les coûts opérationnels et l’empreinte carbone. De plus, la sécurité est une priorité pour Huawei, avec des mécanismes robustes de sécurité physique et cybernétique en place pour garantir la protection des données sensibles et assurer une fiabilité opérationnelle. 

En choisissant Huawei, le gouvernement algérien semble avoir fait un choix judicieux, combinant performance technologique et rapport qualité/prix, contribuant ainsi à la modernisation des infrastructures numériques du pays.
Cependant, pour maximiser les avantages de cette collaboration avec Huawei, certaines précautions sont essentielles. Premièrement, il est crucial de mener des audits de sécurité réguliers pour identifier et corriger les vulnérabilités potentielles dans les infrastructures des data center. Deuxièmement, il est indispensable de former le personnel aux meilleures pratiques de sécurité et à la gestion des technologies de data center pour maintenir une infrastructure robuste et sécurisée. Troisièmement, assurer la conformité avec les régulations locales et internationales sur la protection des données et la gestion des infrastructures critiques est impératif. En outre, une stratégie de gestion des risques, incluant des plans de reprise après sinistre et de continuité des activités, doit être mise en place pour prévenir et répondre efficacement à tout incident. Enfin, il est important de diversifier les partenaires technologiques pour éviter une dépendance excessive à un seul fournisseur, assurant ainsi une indépendance technologique et une résilience accrue face aux défis futurs. La collaboration avec Huawei offre de nombreux avantages pour le développement des infrastructures numériques en Algérie. Cependant, il est essentiel d’adopter une approche proactive et prudente pour garantir la sécurité, la conformité et la résilience des systèmes, assurant ainsi un succès durable de cette initiative technologique.»

 

 

 

Abderrahmane Hadef, expert en géoéconomie  : «Huawei est un des acteurs majeurs du numérique»

 

 

«L’industrie de la Data constitue un pilier important, si ce n’est pas le plus important dans le projet de transformation numérique du pays. A ce titre, il fallait faire des choix pour entamer la structuration et l’organisation du système national d’information autour d’un projet structurant et stratégique qui est le Data center national. Il faut dire qu’il s’agit d’un projet qui permettra de disposer d’un système intégré de stockage et de management des données nationales en termes d’infrastructures et de solutions numériques. Compte tenu de l’envergure et des caractéristiques hautement technologiques de ce projet, il fallait faire un choix pour l’acquisition et la réalisation de ce système. A cet effet, les pouvoirs publics ont décidé d’opter pour le leader chinois des solutions numériques Huawei. A ce propos, il y a lieu de rappeler que Huawei technologies est considéré aujourd’hui comme un des acteurs majeurs du numérique dans le monde, avec des solutions intégrées allant de l’infrastructure de connectivité (réseau internet fixe et mobile) avec une avancée significative en ce qui concerne le déploiement de la 5G. Cette compagnie est également leader en termes de solutions data center et cloud, et aujourd’hui Huawei est passé à une nouvelle étage avec l’avènement des technologies avancées comme l’intelligence artificielle (IA) et l’internet des objets (IoT). Pour toutes ces raisons, il me semble plus opportun d’opter pour un partenariat stratégique avec cette compagnie majeure numérique pour la mise en œuvre du projet de transformation numérique de l’Algérie. Parlant de partenariat stratégique où l’Algérie est représentée par le Haut Commissariat à la numérisation (HCN), je considère que ce projet serait un pas important pour l’accélération de la transformation numérique, qui devient un impératif stratégique et même de souveraineté pour permettre à l’Algérie de se mettre sur la trajectoire du développement intelligent et performant. A ce propos, je note avec beaucoup de satisfaction l’énorme travail accompli au niveau du HCN pour l’élaboration d’une stratégie nationale de transformation numérique (prête et qui attend juste sa publication) et le projet de loi du numérique qui va venir encadrer et promouvoir le développement du numérique en Algérie. Cette loi devrait également permettre une meilleure régulation de l’écosystème et, par conséquent, prémunir le pays de tout risque ou dérive. C’est ainsi que cette technologie va apporter des instruments pour une meilleure prévention et protection des données nationales et asseoir les bases d’un système de cybersécurité algérien hautement performant. Pour revenir au projet de Data center national, je pense que les décideurs et les parties en charge de ce projet, y compris avec le partenaire, mettront les éléments ainsi que les dispositions nécessaires pour mieux manager et sécuriser cette infrastructure stratégique. La réussite de ce projet va permettre un renforcement du partenariat avec une compagnie comme Huawei et, pourquoi pas, envisager son élargissement vers le tout-numérique avec les solutions des Smart cities, la healthtech, la mobilité, tout cela en intégrant les acteurs algériens du numérique. A cet effet, il devient opportun également d’intégrer ces acteurs algériens sur l’ensemble de la chaîne de valeur (infrastructures, connectivité, solutions et applications, sécurisation et monétisation des services). L’implication et l’intégration des entreprises algériennes du numérique doivent être considérées comme un choix stratégique et un gage de la consolidation de la souveraineté numérique.» 

 

 

 

Younes Grar, consultant en informatique : «Il faut intégrer les compétences nationales»

 

«Pour ma part, je dirai qu’il faut dépasser la polémique née de la signature, sous forme de gré à gré, avec Huawei. La réalisation d’un data center en Algérie est aujourd’hui une urgence et le choix de la société chinoise Huawei est pertinent car il offre des opportunités intéressantes pour le pays. Il faut que le Haut Commissariat à la numérisation étoffe le cahier des charges pour permettre aux différentes compétences nationales de participer à la réalisation de ce grand projet. De même que la société chinoise doit s’impliquer dans la formation des jeunes Algériens aux nouvelles technologies des télécommunications et de l’information. C’est de cette manière que l’on pourra assurer le transfert des connaissances et du savoir auprès d’un partenaire de rang mondial. La prise en main par des Algériens de la gestion d’un data center, tel que l’on a vu à Shenzen ou à Guiyan, permettra d’assurer notre souveraineté numérique, à travers la maîtrise des normes de sécurité et de protection des données.»
 

 

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