Par: Mohamed Ghernaout (*)
Triste fut la journée du mercredi 17 juillet 2024, après la disparition subite de Kamel Allouache, ancien journaliste et figure du milieu journalistique constantinois, qui s’est éteint à son domicile dans la ville d’El Khroub à l’âge de 69 ans, des suites d’une maladie. La presse écrite a perdu en lui une plume et un homme de terrain chevronné. Il était toujours discret, attentif aux autres, sérieux dans son travail, sensible et doté de capacités intellectuelles remarquables. Il avait l’estime de ses collègues et confrères. Né le 15 septembre 1955 à Oued El Athmania, dans l’actuelle wilaya de Mila, Kamel s’était installé avec sa famille à Constantine. Son père Derradji changeait fréquemment de domicile, de Souk El Asser à Sidi Lakhdar pour se fixer définitivement au quartier de Sidi Bouanaba. Kamel était l’aîné entre deux garçons et quatre filles. Il avait fait sa scolarité à l’ex-école Voltaire, au CEM Benabdelmalek et au lycée Rédha Houhou, où il avait obtenu son baccalauréat pour étudier à l’université de Constantine. Il avait décroché deux licences. L’une en droit et l’autre en lettres et langue anglaise. Parallèlement à ses études, Kamel était un passionné de lecture, de musique chaâbie, de cinéma et surtout de théâtre. Il avait rejoint en 1974 la «Troupe théâtrale des travailleurs» (3T). «Kamel fut l’un des membres fondateurs de la Troupe théâtrale des travailleurs (3T), il a participé à la réalisation et au montage des pièces : Dahmani fi la cité, El Bi, Aami Sam El Haoues et Rahoum Fakou», a publié Abdelaziz Boucherit ancien membre de cette troupe sur sa page Facebook. Kamel avait entamé sa carrière professionnelle à l’entreprise publique (Ecotec) de Constantine comme juriste, mais pas pour longtemps, car il avait choisi le journalisme.
Débuts dans le journalisme
Après avoir suivi un stage de formation de journalistes professionnels, organisé en 1986 à Alger par le ministère de l’information, il avait intégré l’équipe de l’hebdomadaire sportif national El Hadef à l’entreprise nationale An Nasr de Constantine, en compagnie d’autres journalistes dont Mohammed Larbi Abboud, Hamid Bellagha, Abdelhamid Ali Bouacida et Djamel Azzag. Ce petit noyau était encadré par ceux qui avaient lancé El Hadef en 1972. On citera Mustapha Manceri, Boubakeur Hamidechi, Salim Mesbah, Aziz Rahmani, Mohamed Kamas, et par la suite Kamel Benmohamed et Mustapha Bouchetib. Durant près d’une décennie, Kamel avait couvert plusieurs évènements sportifs, et sa plume était présente pratiquement dans toutes les rubriques. En 1997, il avait entamé une nouvelle expérience au Centre national de formation des personnels spécialisés des établissements pour handicapés de Constantine (CNFPH). Il était le fer de lance de la sous-direction des programmes et des méthodes. Avec le Pr Abdelaziz Benabdelmalek et Hassina Lamri, il avait adhéré aux grands chantiers de la sous-direction, à l’élaboration des plans de formation à l’échelle nationale pour les travailleurs sociaux ainsi que les référentiels de formation pour les cadres. Il donnait des cours sur la législation du travail social en Algérie. Il avait même élaboré en 2001 un recueil des textes législatifs régissant le fonctionnement des établissements spécialisés. Une première en Algérie. Son empreinte au CNFPH était omniprésente. À un moment donné, il était l’éditorialiste de la revue du centre (Horizon éducatif).
Un fin stratège de la formation
«Kamel Allouache, un fin stratège de la formation des travailleurs sociaux, celui qui a su réinventer le travail social en Algérie. Un véritable architecte de plusieurs réflexions et productions pédagogiques et scientifiques en travail social. Il marquait sa présence à toutes les activités d’élaboration de référentiels de formation et de confection de moyens pédagogiques. Il préférait l’anonymat ou le travail en silence et il nous a quittés en silence, tu resteras à jamais gravé dans nos pensées», témoigne le Pr Abdelaziz Benabdelmalek. En 2003, il avait publié son ouvrage Algérie où va ton football ?, édité par Media Sud sous forme de chroniques sportives. Après ce grand labeur, il avait fait un come-back au journalisme, entre 2003 et 2004, au journal El Acil de Constantine, où il avait animé avec Mohamed Houmor et Mustapha Bouchetib la rubrique «Jours de Rhumel», explorant plusieurs thèmes sur la ville de Constantine, sa diversité culturelle, ses coutumes et son patrimoine. Après son passage à El Acil, Kamel avait travaillé à l’entreprise Naftal de Bounouara où il s’était distingué par sa persévérance devenant une personne incontournable au niveau de l’administration. Avant son départ à la retraite, une réception d’adieu lui avait été organisée. Il avait les larmes aux yeux. En menant une vie paisible de retraité, Kamel Allouache avait perdu sa sœur le 20 janvier 2020, puis sa mère le 19 septembre 2022. A partir de cette date, il portait toujours le deuil de sa mère. Kamel est parti en silence, laissant un vide immense dans les cœurs de tous ceux qui l’on connu.
(*) Ancien secrétaire à la rédaction à l’hebdomadaire sportif El Hadef